Le Laboratoire national de santé évalue actuellement des tests antigéniques, qui pourraient ensuite être déployés au Grand-Duché. L’Union européenne a d’ailleurs pris la décision la semaine dernière de consacrer 100 millions d’euros à l’achat de ces moyens de dépistage pour les mettre ensuite à disposition des États membres. Moyens de prélèvement, rapidité de l’analyse, fiabilité, différence avec les tests PCR, coût… On vous explique.
Qu’est-ce qu’un test antigénique?
Comme son nom l’indique, le test antigénique vise à détecter la présence d’antigènes chez le patient. Il s’agit de la substance qui peut engendrer des anticorps. Mais, à l’inverse du sérologique, le test antigénique ne recherche pas la présence d’anticorps. Le test des anticorps ne «convient pas, à ce stade, pour détecter la maladie», rappelle de toute façon Claude Muller, chercheur au sein de l’unité consacrée aux maladies infectieuses du Luxembourg Institute of Health (LIH). L’antigénique et la PCR, eux, conviennent. Dans les deux cas, on prélève du fluide dans les narines ou la gorge du patient.
La différence est que l’un s’intéresse ensuite aux protéines antigéniques du virus, l’autre à son matériel génétique. Pour être efficace, celui-ci doit alors être amplifié via la méthode désormais connue de la PCR (amplification en chaîne par polymérase), en laboratoire, ce qui prend plusieurs heures. Alors que les tests antigéniques évoqués par l’Union européenne, rapides, ne prennent qu’un peu plus d’une «dizaine de minutes», décrit Claude Muller. Il s’agit de «point of care» tests (tests sur les lieux de soins), qui peuvent théoriquement être réalisés n’importe où, et fonctionnent sur le même principe qu’un test de grossesse par exemple, avec le résultat sur une bandelette.
Plus rapides que les PCR, mais sont-ils aussi fiables?
«La sensibilité et la spécificité de ces tests sont moins bonnes que celles des PCR», admet le chercheur. Cela dépend de la marque utilisée. En France, la Haute Autorité de santé a émis un avis favorable à ces tests, à condition qu’ils aient une sensibilité minimale de 80% et une spécificité supérieure à 99%. Pour les PCR, «sensibilité et spécificité sont élevées et peuvent aller au-delà de 99%», selon Claude Muller.
Sollicités, le ministère de la Santé et le LNS n’ont pas pu nous donner de détails sur les antigéniques qui pourraient être utilisés au Luxembourg.
Dans quel cadre seront-ils utilisés?
«L’idée, c’est que si quelqu’un se lève le matin avec le nez qui coule, il puisse faire le test pour vérifier s’il a ou non le Covid-19», définit Claude Muller. Pourtant, dans la pratique, «ce ne sera pas fait pour que les gens les utilisent eux-mêmes, du moins pour le moment», corrige-t-il. «Le gouvernement a commencé à recruter des personnes spécifiques pour s’occuper de ces tests. Cela mine l’objectif du test rapide, mais c’est un bon début», ajoute le chercheur, qui s’imagine que tôt ou tard, tout le monde pourra s’auto-tester. En attendant, les tests antigéniques devraient aller en priorité au personnel soignant.
Pour une quantité importante de tests, il sera toujours plus rapide d’envoyer des centaines d’échantillons au laboratoire, qui en analyse plusieurs à la fois, que de les faire un par un.
Combien coûtent ces tests?
Un test PCR coûte une cinquantaine d’euros, contre moins de 10 pour un antigénique rapide, selon les estimations du chercheur, confirmées par plusieurs sources médiatiques internationales. Comme pour les PCR, beaucoup viennent d’Asie, mais des producteurs européens, comme le laboratoire pharmaceutique Roche, en produisent également.
Quand seront-ils déployés au Luxembourg?
Ni le LNS ni le ministère de la Santé n’ont pu nous répondre sur ce point, hélas.