Guy Ertz, chief investment advisor au sein de BGL BNP Paribas. (Photo: BGL BNP Paribas)

Guy Ertz, chief investment advisor au sein de BGL BNP Paribas. (Photo: BGL BNP Paribas)

Le mois dernier, les marchés financiers ont été victimes de la pire crise sanitaire depuis un siècle. Le confinement de près de la moitié de la population mondiale a précipité l’économie mondiale dans une récession sans précédent, et les bourses mondiales ont baissé de plus de 30% en 30 jours. Celles-ci ont rebondi fortement les dernières semaines à la suite des annonces de sortie progressive du confinement et des mesures de relance économique.

L’avenir proche est toujours très incertain, et nous ne serions pas surpris de voir les marchés actions tester à nouveau les points bas récents. En effet, la période de fin de sortie de confinement pourrait voir un retour isolé et temporaire du virus. De plus, le délai entre les décisions politiques et leur application concrète, le risque de l’impact de la «déglobalisation» et du regain de tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine seront également source de volatilité.

L’important est la tendance à long terme. Celle-ci devrait être positive, car nous escomptons une reprise progressive de l’activité économique au second semestre s’amplifiant l’année prochaine. La valorisation est également attractive sur certains marchés. Au-delà des fluctuations de court terme, il est utile de rechercher les opportunités pour renforcer les positions actions, notamment par une approche thématique. En effet, certaines tendances structurelles semblent aujourd’hui incontournables et la crise sanitaire apparaît comme un phénomène amplificateur.

Changements structurels et thèmes d’investissement

Une première tendance se dégage de la recherche de rendement dans un environnement de taux d’intérêt et rendements obligataires très bas. En effet, les rendements attendus des obligations de bonne qualité sont aujourd’hui proches de zéro et les investisseurs vont très probablement transiter vers d’autres classes d’actifs tout en limitant la prise de risque. Deux thématiques marchés actions resteront très probablement prisées, (1) les sociétés avec un historique de dividendes stables et élevés et (2) les sociétés de qualité sélectionnées sur base de critères de profitabilité élevée, endettement limité et faible variabilité des profits. Une sélectivité accrue sera importante, car certaines sociétés risquent de couper le dividende plus qu’attendu.

Au-delà de cette transition du marché obligataire vers des actions défensives, certaines transformations de l’économie devraient générer des opportunités sur les marchés actions à moyen terme. Dans le contexte actuel, les tendances les plus marquées sont liées aux soins de santé et à l’innovation technologique. Plus précisément, la digitalisation de la consommation et les soins de santé, les innovations technologiques liées à la 5G et l’intelligence artificielle.

Nous anticipons une demande croissante de biens et services dans ces domaines, particulièrement en ce qui concerne la disponibilité de l’eau, la gestion des déchets, ainsi que les énergies propres et renouvelables.
Guy Ertz

Guy Ertzchief investment advisorBGL BNP Paribas

Une autre tendance de fond est liée à une transition vers un monde plus socialement responsable avec un accent mis sur les enjeux environnementaux et le capital humain. Nous anticipons une demande croissante de biens et services dans ces domaines, particulièrement en ce qui concerne la disponibilité de l’eau, la gestion des déchets ainsi que les énergies propres et renouvelables. La prise de conscience des critères ESG devrait également inciter les investisseurs à se concentrer sur ces secteurs.

Les tendances protectionnistes et le constat de dépendance liée aux chaînes d’approvisionnent globales dans le cadre de la crise sanitaire liée au Covid-19 laissent présager une stabilisation et même un recul à terme du commerce international. Cette «déglobalisation» devrait en même temps offrir des opportunités pour certaines sociétés, voire des pays. Les producteurs de biens et services pouvant se substituer aux importations sont dès lors bien positionnés pour profiter de cette tendance. Il en va de même pour certains pays émergents concurrents de la Chine.

L’autre tendance qui va profiter d’un effet amplificateur via la crise sanitaire est celle des dépenses publiques en infrastructures. En effet, les gouvernements préparent des plans de relance de grande envergure dans un environnement de taux bas. Les sociétés liées aux dépenses d’infrastructures dans la construction publique, le transport, les énergies renouvelables et le secteur médical devraient profiter de ces projets.