La météo du mois d’avril est en général plutôt clémente au Luxembourg – rappelons-nous des chaleurs printanières du premier confinement – et aurait ainsi pu faire rimer réouverture des terrasses avec engouement populaire, lunettes de soleil et retrouvailles en plein air… Mais 2021 est décidément pleine de surprises puisque c’est au final avec des chutes de neige et des températures négatives ou presque que les restaurateurs et cafetiers ont pu, pour ceux qui le souhaitaient, rouvrir leurs terrasses aujourd’hui! Autant dire que les carnets de réservation ne s’annonçaient pas aussi pleins que prévu…
Mais entre enthousiasme, abnégation et énergie du désespoir, les patronnes et patrons de l’horeca qui ont décidé de maintenir l’accueil de leurs premiers clients de l’année étaient bien sur le pont dès ce matin et ce midi pour finaliser les mises en place spécifiques aux conditions sanitaires idoines et servir les premiers déjeuners à des client(e)s franchement téméraires.
Une réouverture comme premier coup de manivelle
Ils et elles ne sont pas dupes: les recettes de cette journée enneigée n’ont pas vocation à combler l’énorme manque à gagner qui impacte le secteur horeca depuis des mois, mais sont, pour certains, un premier pas vers une clientèle demandeuse, ainsi qu’un outil de communication. C’est le cas, par exemple, pour l’Hostellerie du Grünewald à Dommeldange, où Aline Bourscheid et Clovis Degrave apportent les dernières touches à la nouvelle configuration de leur terrasse estivale. «Nous avons profité de ces derniers mois de fermeture pour refaire entièrement notre cuisine, malgré le fait que nous étions toujours ouverts pour le service en chambre. Nous avons déplacé le terrain de pétanque pour gagner en espace vert et nous avons aménagé la terrasse ‘du haut’ pour pouvoir accueillir de nouvelles configurations lorsque cela sera possible», précise ainsi le chef Degrave. Pour les jours à venir, ils ont décidé de proposer de bonnes soupes et boissons à leur clientèle, histoire de réchauffer les cœurs avant un redoux plus notable…
Du côté d’Esch-sur-Alzette, au centre culturel de la Kulturfabrik, on a carrément maintenu un événement festif dédié à la réouverture de la terrasse du bar Ratelach, avec DJ sets dès 6h du matin, happy hours, performances artistiques… Selon le directeur de la Kufa, , que l’on pouvait voir sur le pont et sur sa page Facebook dès potron-minet, «on a surtout décidé de maintenir l’événement à des fins de communication, car on a constaté que tous les posts que nous publions autour du Ratelach sur les réseaux sociaux ont un succès immédiat. Cela nous permet de dire à notre public que l’on travaille toujours à de nouvelles solutions, mais nos ouvertures vont évidemment dépendre de la météo et de son amélioration…»
Quoi qu’il en soit, une petite dizaine de clients prenaient encore un thé chaud ou une «coupette» sous la jolie tonnelle chauffée dans la matinée, à l’instar de Sonia, patronne du très sympathique Escher Kafé tout proche, qui nous confiait pour l’occasion: «On ouvre notre terrasse à 14h, elle est prête et on a hâte, du coup, c’était important, pour moi, de venir souhaiter bonne chance à l’équipe du Ratelach un peu avant.»
Et pour ceux qui auraient manqué la prestation très matinale de DJ Zé Eduardo, vous pouvez encore vous rattraper sur place de 16h à 18h avec le set apéro de l’incontournable !
Des terrasses chauffées bien remplies…
Pour les établissements qui bénéficient d’une belle terrasse chauffée, le déjeuner semblait prometteur malgré le temps peu propice. C’était le cas, par exemple, au tout nouveau restaurant OiO, et où le chef Leonardo De Paoli nous a assuré avec surprise et enthousiasme avoir rempli son carnet de réservation pour les deux prochaines semaines, alors qu’il peut accueillir jusqu’à 60 couverts par jour en trois services bien espacés.
En plein centre-ville, le Café des Capucins affichait déjà aussi un joli nombre de tables pleines sous sa grande marquise chauffée, même si la trentaine de couverts qui peuvent y être installés ne représentent qu’un tiers de la capacité totale de la terrasse de l’établissement. Le directeur, Christopher Rahme, était sur place et s’il est ravi de revoir son staff et ses clients, il émet tout de même une réserve pertinente: «On doit forcément encore temporiser avec la météo. Je n’ai ouvert que la terrasse chauffée des Capucins et celle du Downtown, mais j’attends encore pour L’Avenue au Kirchberg. Nos clients là-bas arrivent en tenue de bureau, que dois-je faire s’il se met à pleuvoir? On ne peut pas les faire rentrer, je ne sais pas quoi faire des commandes en cours et comment les encaisser. C’est trop de risques avant une vraie amélioration de la météo, cela peut faire perdre encore de l’argent.»
Au Knuedler, Jos Zervas a, lui aussi, installé une terrasse abritée et chauffée devant son Wëllem, et les clients, en grande partie des habitués, ne se sont pas fait attendre pour la remplir…
Le soleil attendu de pied ferme
Mais, en face, au très populaire Bazaar, la terrasse très exposée qui fait d’habitude le bonheur de toute la population branchée du matin au soir peine à se remplir entre deux bourrasques enneigées, comme l’avoue en souriant : «On a installé des panneaux coupe-vent, mais on savait effectivement que les gens ne viendraient probablement pas forcément avec ce temps. Il faut être encore un peu patient et je suis sûr qu’on retrouvera l’engouement habituel de notre clientèle dès qu’il fera un peu meilleur.» Difficile en effet pour lui d’en douter après avoir reçu pas moins de 1.978 demandes de réservation pour les deux prochaines semaines rien qu’au Bazaar!
À la Brasserie Beaulieu à Bonnevoie, même son de cloche avec une terrasse tout aussi exposée aux éléments. Mais l’équipe s’active en cuisine pour assurer les commandes à emporter qui s’enchaînent, et Xavier Goetschy, associé dans cette jolie brasserie de quartier où l’on a vu naître , relativise: «Vous avez vu le monde en terrasse, on ne s’attendait pas à ça! Plus sérieusement, il était difficile pour nous d’investir encore de l’argent pour chauffer la terrasse, alors on va prendre encore un peu sur nous et attendre que le soleil printanier veuille bien pointer le bout de son nez!»