À travers leur voyage sur les traces des déportés juifs luxembourgeois en Pologne, ces jeunes interrogent pleinement notre histoire contemporaine. (Photo: Paul Thiltges Distributions)

À travers leur voyage sur les traces des déportés juifs luxembourgeois en Pologne, ces jeunes interrogent pleinement notre histoire contemporaine. (Photo: Paul Thiltges Distributions)

Karolina Markiewicz et Pascal Piron ont présenté à l’occasion du LuxFilmFest leur dernière réalisation: «Les Témoins vivants». Un documentaire où trois jeunes du Luxembourg portent leur regard sur la Shoah et initient un dialogue intergénérationnel sur les conséquences contemporaines de cette histoire.

Ils ne sont plus si nombreux, aujourd’hui, les témoins vivants de l’Holocauste, et leur parole est précieuse pour continuer à témoigner de l’horreur qu’ils ont dû traverser. Répondant à une invitation de MemoShoah, Karolina Markiewicz et Pascal Piron ont réalisé «Les Témoins vivants», un film dans lequel trois étudiants du Luxembourg partent sur les traces des déportés juifs luxembourgeois dans les camps de concentration en Pologne et à la rencontre de rescapés de la Shoah.

Un voyage intergénérationnel qui se construit en écho aux vagues de racisme et d’extrémisme qui émergent actuellement en Europe, mais aussi en écho à l’histoire individuelle de ces jeunes au parcours douloureux. En effet, Christina est Syrienne et a fui la guerre, Marie est Ivoirienne et a connu les dangers de l’instabilité politique, Dean est Luxembourgeois et homosexuel, maltraité dans son enfance. Trois parcours difficiles qui, sans être comparables, permettent de porter un regard particulier sur l’histoire de ces juifs sous le joug nazi pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour les accompagner au cours de leur voyage, Claude Marx, témoin de la guerre et enfant juif caché, ancien président du Consistoire israélite à la synagogue de Luxembourg, est à leurs côtés.

Hier et aujourd’hui

Le point de départ historique du film est l’arrestation, le 16 octobre 1941, de 323 juifs vivant au Luxembourg qui ont été emmenés en train à travers l’Allemagne nazie puis vers la Pologne, à Litzmannstadt, un des ghettos les plus inhumains de l’histoire. Seuls 12 d’entre eux ont survécu et sont retournés au Luxembourg après la guerre. Ce fait historique est le sujet d’une rencontre entre Marian Turski, historien et survivant d’Auschwitz et Claude Marx, à laquelle une assemblée de jeunes lycéens assiste.

Suite à cela, trois d’entre eux initient le voyage jusqu’en Pologne sur les traces de cette déportation. En plus des vestiges historiques (ils visitent d’Auschwitz, le Polin Museum, le mémorial de Berlin…), le groupe est confronté aux récents développements politiques et sociaux en Europe, comme lors d’une manifestation nationaliste en Pologne. Un évènement, qui n’est finalement que la continuité de l’après-guerre aujourd’hui. Ces jeunes se posent alors la question de la responsabilité civique de chacun d’entre nous, mais aussi des gouvernements et des communautés internationales… En retraçant l’histoire de la communauté juive au Luxembourg pendant la Seconde Guerre mondiale, les réalisateurs interrogent également comment s’écrit l’histoire, mettant en parallèle l’histoire passée et l’histoire en cours. Dans ce dialogue, Claude Marx joue un rôle très important, essayant avec beaucoup de retenue et de pédagogie de faire le lien entre le passé et le présent, l’histoire collective et leurs histoires individuelles.

Ce film est finalement l’occasion d’une réflexion intergénérationnelle, multiculturelle, mêlant différentes formes de situations de guerre, d’oppression, de discrimination qui est là pour rappeler que l’histoire ne fait tristement que se répéter et qu’il faut se souvenir pour pourvoir dire encore haut et fort «Plus jamais ça!».