Au côté de son responsable de la Business Unit, Christian Haux, le CEO de Proximus, Gérard Hoffmann, détaille ses ambitions. Une croissance forte du chiffre d’affaires sur les deux à trois prochaines années. (Photo: Marie Russillo/Maison Moderne)

Au côté de son responsable de la Business Unit, Christian Haux, le CEO de Proximus, Gérard Hoffmann, détaille ses ambitions. Une croissance forte du chiffre d’affaires sur les deux à trois prochaines années. (Photo: Marie Russillo/Maison Moderne)

Telindus devient Proximus NXT ce vendredi au Luxembourg. «Nous sommes prêts à faire face aux bouleversements actuels du marché», assure le CEO de Proximus, Gérard Hoffmann, lors d’une interview au côté de son responsable de la Business Unit, Christian Haux. Un rebranding autour d’ambitions fortes. 

Cela ressemble à un rebranding classique. Mais c’est plus que cela. Le passage de Telindus à Proximus NXT ressemble à un point de départ d’une nouvelle ère qui va plus vite et plus fort.

Expliquez-nous pourquoi vous aviez besoin de changer le nom de la société?

Christian Haux (C.H.) – «Telindus avait déjà disparu en 2011-2012 en Belgique. Proximus NXT est apparue l’an dernier et jouit d’une bonne notoriété pour la partie IT. Nous enregistrons une croissance annuelle constante depuis ces dernières années, signe que les clients nous font confiance. Nous avons un ‘net promoter score’ en croissance d’année en année. Il n’y a pas de dégradation du service, au contraire, et pourtant, nous continuons de grandir. Sur la partie business, nous sommes 800 personnes. Avec le changement, nous pouvons actionner quelques leviers qui seront intéressants pour nous. En Belgique, nous avons la partie Proximus NXT pour la partie du marché professionnel et à Luxembourg, nous faisons la même chose, c’est bien de rationaliser. Nous aurons cette marque unique qui rassemblera l’ensemble.»

Gérard Hoffmann (G.H.) – «Il y a trois dimensions dans ce changement de marque. La première est d’harmoniser la marque dans le groupe. Nous souhaitons rendre les choses plus simples et plus compréhensibles pour le marché. Nous nous adressons de plus en plus souvent à des clients communs sur le Benelux. Chaque entité du groupe délivre des services à un même client. Pour nous, le marché domestique est le Benelux, même avec des filiales qui travaillent à l’international. La marque Proximus sera utilisée là. Les Pays-Bas changent de marque le même jour, passant aussi de Telindus vers Proximus NXT.

La deuxième priorité concerne l’avenir: nous devons être prêts à faire face aux bouleversements actuels du marché. L’IT est le secteur en pleine expansion. Nous avons un avantage par rapport aux autres industries, car la digitalisation progresse rapidement, et cette dynamique sera renforcée par l’essor de l’intelligence artificielle et de ses outils, notamment l’IA générative. Ces technologies vont révolutionner la productivité, que ce soit dans le traitement du texte, de l’image ou de la voix. Dans l’industrie et dans les services.

Le troisième message est de dire au marché que nous avons aussi un héritage télécom avec Proximus, qui est l’opérateur historique en Belgique. Alors que Telindus était une société d’intégration IT. Depuis la fusion entre Tango et Telindus en 2019, nous avons développé un portefeuille de produits assez impressionnants pour le marché professionnel en télécom et le changement de marque doit aussi refléter cette maturité que nous avons atteinte pour les entreprises. La marque Tango va continuer à exister pour le marché résidentiel. C’est un marché très local alors que sur le marché des entreprises, nous avons des solutions qui peuvent facilement dépasser les frontières. Nous avons des solutions qui sont pilotées depuis le Luxembourg, mais qui répondent aux besoins de tout le groupe. On traite des besoins au Benelux ou ailleurs, comme en Suisse, depuis le Luxembourg. Récemment, nous avons annoncé notre solution de cloud souverain avec Google et LuxConnect, Clarence, que nous pilotons ici.»

Luxembourg a un enjeu comme pays qui est d’améliorer sa productivité. Le pays doit avoir accès aux technologies. Plusieurs acteurs doivent mettre ces technologies à disposition.
Gérard Hoffmann

Gérard HoffmannCEO Proximus

C.H. – «Quatre activités nous portent véritablement. Le cloud, sous toutes ses formes, souverain, déconnecté… Avec la partie souveraine, nous nous démarquons du marché. Il y a les télécoms. La cybersécurité et la sécurité, une activité que, souvent, on ne voit pas bien, parce qu’elle est noyée au sein des activités de l’entreprise, mais une centaine de personnes y travaillent chez nous, de la prévention à la supervision, l’intervention, la correction jusqu’à l’investigation… Et nous construisons l’infrastructure.

Sur certaines attaques qui ont eu lieu sur le marché, nous avons pu reconstruire un environnement complet pour un client, ce qui lui a permis de redémarrer son activité. Il y a la partie ICT, intégrateur, que nous pensions voir décliner au profit d’autres, mais qui continue à connaître de la croissance année après année. Y compris via l’infogérance, les services managés, qui peuvent prendre des formes différentes de l’obligation de moyens à la prise en main d’un environnement complet pour le compte d’un client. L’intelligence artificielle vient se greffer sur tout cela. Nous voyons une traction énorme sur le marché.» 

Comment nous distinguons-nous des autres acteurs dans le marché?

G.H. – «Nous avons un portefeuille très complet dans tout ce qui est communication et infrastructure, c’est notre force. Nous avons éliminé toutes les entités juridiques, nous avons créé des hiérarchies plates, nous avons introduit un modèle agile pour la gestion avec des tributs et des chapitres, ce genre de choses, pour réagir aussi rapidement que possible dans le marché. Avec l’arrivée de l’IA, nous pensons avoir misé sur le bon cheval avec nos investissements, que ce soit Microsoft et Google, nos deux grands partenaires. Un autre domaine en plein essor est celui des communications quantiques. Les 10 à 15 dernières années ont été marquées par la montée en puissance de la 5G et du cloud. L’avenir, lui, sera dominé par l’IA et les technologies quantiques. Nous sommes à un tournant décisif et notre position est unique. Certains essaient de nous suivre…»

Comment vous qualifiez-vous par rapport à votre concurrent? À vos concurrents?

G.H. – «Nous sommes en avance dans le domaine de l’IT, étant le leader au Luxembourg en termes d’effectifs. Notre envergure régionale nous confère également des ressources supplémentaires, notamment grâce à des partenariats avec des acteurs majeurs comme Microsoft et Google, qui nous offrent un accès privilégié à leurs services. La nouvelle marque va aussi renforcer notre visibilité, en particulier auprès des petites et moyennes entreprises.»

Et de manière globale, que voulez-vous obtenir comme résultat? Qu’on puisse chiffrer.

G.H. – «Nous voulons atteindre une croissance à deux chiffres dans le segment professionnel adressé par Proximus NXT. Le groupe Proximus à Luxembourg est aujourd’hui à 400 millions d’euros de revenus annuels. Notre ambition est d’atteindre 500 millions sur trois à cinq ans, avec Tango. Nous sommes dans le bon secteur. Nous aurons une bonne marque. Nous avons un bon ancrage régional. Tout pour avoir du succès. Le marché est tellement en croissance qu’il y a même la possibilité d’être complémentaires avec la concurrence, il serait dommage de détruire de la valeur dans un marché apportée par un acteur traditionnel.

Le Luxembourg a un enjeu comme pays qui est d’améliorer sa productivité. Le pays doit avoir accès aux technologies. Plusieurs acteurs doivent mettre ces technologies à disposition. Nous avons choisi l’axe de la souveraineté avec toute la panoplie des outils IA qui vont se déployer beaucoup plus facilement avec un cloud souverain. Tout le monde a peur de mettre ses données dans le cloud public, l’industrie, les banques, les fonds… Nous mettons en place cette infrastructure pour les professionnels. Être complètement déconnectés est une situation unique. Nous avons énormément de demandes. Le gap que nous devons combler est de passer des infrastructures aux applications. Dans certains domaines, nous cherchons des partenaires avec des solutions éprouvées.»

Ce changement de marque s’accompagne-t-il d’investissements notables?

C.H. «Il y a des coûts logistiques, mais nous sommes déjà Proximus. C’est une autre dimension, qui nous permet de tirer des avantages, mais nous n’avons pas attendu ce changement pour investir. Comme c’est le cas pour le cloud souverain…»

G.H. – «Pour l’IA, nous savions déjà depuis dix ans, nous avons déjà commencé à investir à ce moment-là! Nvidia, au centre de cette évolution, existe depuis un moment. Il a fallu dix ans pour que ça entre dans le mainstream et que des acteurs comme nous, utilisateurs de technologie pour des clients finaux, puissent y avoir accès.»