Le député de Meurthe-et-Moselle Xavier Paluszkiewicz est cosignataire de la proposition de résolution visant à favoriser le télétravail pour les frontaliers et à mener une réflexion européenne sur le statut des travailleurs frontaliers. (Photo: Assemblée nationale française)

Le député de Meurthe-et-Moselle Xavier Paluszkiewicz est cosignataire de la proposition de résolution visant à favoriser le télétravail pour les frontaliers et à mener une réflexion européenne sur le statut des travailleurs frontaliers. (Photo: Assemblée nationale française)

Qu’adviendra-t-il du télé­travail dans un monde post-Covid? Si les déclara­tions d’intention sont légion, la concrétisation d’accords bilatéraux s’avère plus péril­leuse, comme le montre ce tour d’horizon avec des repré­sentants politiques de la Grande Région.

1. Le statut européen côté français

La députée de Moselle Isabelle Rauch (LREM) est cosignataire, avec d’autres députés français, dont le député de Meurthe-et-Moselle Xavier Paluszkiewicz (LREM), de la proposition de résolution visant à favoriser le télétravail pour les frontaliers et à mener une réflexion européenne sur le statut des travailleurs frontaliers. Une résolution adoptée par l’Assemblée nationale le 9 mars dernier.

«L’idée est de leur permettre de télétravailler deux jours par semaine et de dépasser la limite européenne de 25% du temps de travail effectué à domicile, à partir de laquelle ils ne sont plus affiliés à la sécurité sociale de leur pays de travail. C’est un débat européen, et on voit que ce qui bloque, au-delà de la fiscalité, c’est tout le côté social et cette limite des 25%. D’où notre idée de pousser la réflexion sur les bassins de vie frontaliers, et d’avoir un accord global.» Et même si la proposition de résolution «n’a pas de valeur contraignante, elle fait prendre conscience à l’ensemble des pays de l’UE qu’il y a une spécificité du travailleur frontalier, car c’est un sujet à mettre en débat à ce niveau. Et comme cela demande du temps, il faut s’y prendre assez tôt.»

2. 48 jours avec la Belgique? 

Mai 2019. Le Premier ministre (DP) et son homologue belge de l’époque, le libéral Charles Michel, communiquent en chœur sur un accord de principe visant à faire passer l’immunité fiscale des travailleurs frontaliers belges de 24 à 48 jours. Un accord qui n’est jamais devenu réalité. «Si les ministres y étaient assez favorables, les administrations ont pas mal freiné. Celle des finances, en Belgique, trouvait que c’était une perte de souveraineté…», explique Benoît Piedboeuf, député fédéral et chef de groupe, bourgmestre de la commune de Tintigny, en province de Luxembourg. Tout cela débouchant finalement l’été dernier sur un allongement fixé à mi-chemin, à 34 jours.

Mais cela pourrait bien changer prochainement. Parce que le parti du ministre des Finances belge (le CD&V, les chrétiens­-démocrates flamands) est à la manœuvre derrière une proposition de résolution visant «à mon­ter à 48 jours le télétravail autorisé avec les pays voisins», explique Benoît Piedboeuf. Ce dernier l’a cosigné et envisage que Vincent Van Peteghem, l’actuel ministre des Finances, mette cette mesure sur la table du prochain sommet de la Gäichel, qui réunira Luxembourg et Belgique dans quelques mois. «Qui plus est, le conseil du Benelux a déjà validé à l’unanimité une telle résolution, continue-t-il. Avec le Covid, les mentalités ont évolué et tout le monde s’est rendu compte de la pertinence du télétravail. Même au sein de l’Administration des finances…»

3. Luxembourg, «jamais un frein» 

«Le télétravail a toujours été un sujet important pour nous, même avant la pandémie», explique (DP), la ministre à la Grande Région. «Nous pensons que pour ceux qui peuvent y avoir recours, un jour de télétravail par semaine serait parfait. Cela permettrait de garder un certain équilibre, notamment au niveau de la culture d’entreprise. Et puis, cela désengorgerait un peu les autoroutes. Nous sommes passés à 34 jours de télétravail avec la Belgique et nous avons un accord avec la France pour un nombre de jours similaire. Avec l’Allemagne, nous n’en sommes qu’à 19. C’est trop peu. D’ailleurs, des négociations sont en cours afin d’augmenter ce chiffre. Nous ne serons jamais un frein au télétravail.»

4. L’Allemagne «ouverte» 

Hors régime spécial mis en place depuis la crise du Covid, les frontaliers résidant en Allemagne sont les moins bien lotis en termes de jours de télétravail auto­risés, avec 19 jours, contre 34 pour ceux venant de France et de Belgique. «Dans notre système, c’est le niveau fédéral qui décide, mais nous sommes ouverts à une augmentation», avait ex­pliqué Peter Strobel (CDU), ministre des Affaires européennes du Land de la Sarre, à Paperjam, en janvier dernier. L’Initiative économique germano-luxembourgeoise (DLWI) a de son côté demandé, fin décembre, une extension à 55 jours de télétravail pour les frontaliers au Luxembourg.

Cet article a été rédigé pour l’édition magazine de  parue le 30 mars 2022. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.

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