«La part des salariés qui télétravaillent plusieurs fois par semaine chute drastiquement chez les frontaliers: elle atteint 3% chez les résidents français (20 points de moins en trois ans), 4% pour les salariés vivant en Allemagne et 2% pour les navetteurs belges, soit une moyenne de 3%», dévoile Idea dans une note consacrée à la situation du home office dans le pays, cinq ans après le déclenchement de la crise sanitaire.

Part des salariés télétravaillant plusieurs fois par semaine selon la résidence. (Infograpgie: Idea. Sources: CSL, enquêtes Quality of work index)
«À l’inverse, les résidents luxembourgeois sont toujours aussi nombreux en 2024 à télétravailler plusieurs fois par semaine qu’en 2021 (21%), après une légère diminution en 2023 (19%)», précise l’étude publiée ce mercredi 26 mars.
Trajectoires opposées
Les courbes se sont en fait croisées depuis 2021, première année de l’après-Covid, où 23% des frontaliers français, 17% des Allemands et 15% des Belges avaient recours au télétravail plusieurs fois par semaine, contre 21% des résidents.
«Si l’intensité de la pratique du télétravail plusieurs fois par semaine avait évolué de la même manière que chez les résidents, 45.000 frontaliers pourraient télétravailler plusieurs fois par semaine, contre seuls 6.800 qui le font réellement, soit sept fois moins que le ‘potentiel’ raisonnablement estimé», écrit Idea.
La fondation estime que du côté des frontaliers, «environ 53% des emplois sont théoriquement télétravaillables». «Pendant la pandémie», relève-t-elle, «l’écart entre le ‘potentiel’ et la pratique effective était plus ou moins le même que chez les résidents, puisque 37% des frontaliers télétravaillaient régulièrement en 2020-2021».

Différence entre télétravaillabilité théorique et télétravail effectif. (Infographie: Idea. Source: enquête CSL et calculs d’Idea d’après Eurofound (2023) et Sostero et al. (2020)
«Depuis 2021, la pratique du télétravail a en revanche fortement diminué dans ce groupe, et malgré une légère remontée récente, elle reste bien inférieure à celle des résidents (22% contre 40%). Si le taux de télétravail fréquent avait évolué de la même manière chez les frontaliers que chez les résidents depuis la fin de la pandémie, 27.200 personnes supplémentaires télétravailleraient fréquemment aujourd’hui. Ce déficit illustre l’impact des contraintes spécifiques qui pèsent sur ces derniers et freinent leur adoption du travail à distance.»
Le modèle franco-suisse
«Compte tenu des enjeux fiscaux et économiques que présente le développement du télétravail dans un contexte transfrontalier, la voie vers la levée des freins au télétravail est encore un chemin sinueux. Il est donc pertinent d’analyser des dispositifs déjà mis en place dans d’autres configurations transfrontalières», explique Idea.
«Un exemple souvent cité est l’accord entre la France et la Suisse signé le 27 juin 2023, qui encadre la fiscalité du télétravail des travailleurs frontaliers. Cet accord prévoit notamment un seuil de 40% de télétravail par an avant de déclencher une imposition dans l’État de résidence et une compensation financière de 40% des salaires bruts liés au télétravail reversée par le pays où est imposé en principe le frontalier. La France a proposé . Une telle mesure pourrait avoir des implications significatives tant pour l’économie luxembourgeoise que pour les travailleurs frontaliers, avec des avantages et des inconvénients à considérer», termine la fondation.