La ministre de la Mobilité et des Travaux publics, Yuriko Backes, a présenté le nouveau Plan national «Sécurité routière 2024-2028» (PNSR). (Photo: MMTP)

La ministre de la Mobilité et des Travaux publics, Yuriko Backes, a présenté le nouveau Plan national «Sécurité routière 2024-2028» (PNSR). (Photo: MMTP)

La ministre de la Mobilité et des Travaux publics, Yuriko Backes, a présenté, ce jeudi 30 janvier, le nouveau Plan national de sécurité routière 2024-2028 (PNSR). Son objectif? Réduire à zéro le nombre de décès et de blessures graves sur les routes. Retour sur les mesures clés retenues pour sécuriser le réseau routier.

La ministre de la Mobilité et des Travaux publics, (DP), a présenté le nouveau plan national «Sécurité routière 2024-2028» (PNSR). Adopté par le Conseil de gouvernement le 29 novembre 2024, ce plan s’inscrit dans la stratégie internationale «Vision Zéro», qui vise à éliminer tous les décès et blessures graves sur les routes.

«Avec le Plan national de sécurité routière 2024-2028, le gouvernement réaffirme son engagement à mettre en place toutes les actions nécessaires pour réduire les accidents de la route et protéger des vies humaines», a affirmé la ministre. Cette stratégie repose sur quatre axes majeurs: le comportement humain, la législation, le contrôle et les infrastructures, déclinés en vingt mesures concrètes.

Changer les comportements pour sauver des vies

Premier levier d’action: le facteur humain, identifié comme l’une des principales causes d’accidents. Le gouvernement veut agir sur la formation et la sensibilisation des conducteurs.

1. Campagnes de sensibilisation régulières: informer le public sur les dangers saisonniers, rappeler les règles du Code de la route et promouvoir une meilleure cohabitation entre usagers. En 2024, le gouvernement avait planifié une campagne sur l’utilisation du téléphone des volant et la visibilité des usagers vulnérables, qui sont parmi les plus touchés par les accidents graves et mortels, bien que les collisions impliquant des voitures demeurent les plus fréquentes et meurtrière. En 2025, l’accent sera mis sur le code de la route relatif au cyclisme et les dangers liés à la conduite à moto, du point de vue des automobilistes.

2. Renforcement de l’éducation routière: étudier l’opportunité d’intégrer l’éducation routière dans les écoles, les administrations et les entreprises afin de renforcer la sensibilisation aux bonnes pratiques de conduite.

3. Création d’un groupe de travail pour la prévention routière: cette entité visera à améliorer la coordination et communication des campagnes de sensibilisation et de les coupler à des actions sur le terrain, comme des contrôles de police.

4. Modernisation de la formation des conducteurs novices: actuellement, près de la moitié des candidats échouent à leur premier examen du permis de conduire, en raison de la complexité croissante du trafic. «Afin de mieux préparer les candidats à cette nouvelle situation, il y a lieu de revoir les programmes éducatifs autour de la gestion des risques, du respect des priorités et de la protection des usagers vulnérables pour mieux préparer les nouveaux conducteurs», explique le ministère.

5. Réforme de l’enseignement du permis de conduire: dans l’autre sens le gouvernement souhaite également mieux définir les compétences des instructeurs et adapter leur formation aux nouveaux défis routiers pour garantir un encadrement optimal des futurs conducteurs.

Adapter la législation aux nouveaux enjeux

Sensibiliser et éduquer ne suffit pas: le cadre législatif doit évoluer pour s’adapter aux nouvelles réalités technologiques et aux défis actuels de la sécurité routière. 

6. Renforcement des sanctions pour conduite sous influence: la consommation d’alcool et de drogues est impliquée dans près de la moitié des accidents mortels en 2023. «Afin de combattre ce fléau, il est impératif de revoir les sanctions actuellement en vigueur», affirme le ministère. Un groupe de travail sera chargé de proposer des mesures plus sévères, en particulier pour les récidivistes.

7. Introduction d’amendes forfaitaires pour certaines infractions: actuellement, le non-paiement d’un avertissement taxé entraîne une procédure judiciaire lourde et inefficace. Pour fluidifier le traitement des infractions et désengorger les tribunaux, un système d’amende forfaitaire sera mis en place. Le montant sera automatiquement doublé en cas de non-paiement d’un avertissement taxé, à l’image du modèle déjà appliqué pour les radars.

8. Révision des avertissements taxés pour infractions graves: le catalogue des amendes n’a pratiquement pas évolué depuis 30 ans, explique le gouvernement. Si les montants restent comparables aux pays voisins pour les infractions mineures, ils sont nettement inférieurs pour les infractions graves. Une refonte du barème est donc prévue pour aligner le Luxembourg sur les standards européens et mieux sanctionner les comportements dangereux.

9. Encadrement des technologies d’assistance à la conduite: les aides électroniques comme par exemple l’assistance au freinage permettent de réduire considérablement les accidents. Plusieurs pays européens ont déjà mis en place une législation adaptée à la conduite autonome. Un groupe de travail interministériel, sous l’égide du ministère de l’Économie, a été lancé en 2024 pour harmoniser la réglementation et accompagner ces évolutions technologiques.

10. Renforcement du contrôle de l’assurance responsabilité civile obligatoire: l’assurance des véhicules motorisés est une obligation légale, mais son non-respect reste fréquent, selon les autorités. Afin de lutter contre ce phénomène, l’État souhaite mettre en place une base de données accessible en direct par les forces de l’ordre pour lutter efficacement contre la non-assurance.

11. Réglementation adaptée aux vélos électriques rapides (S-Pédélecs): face à l’essor de ces vélos à assistance rapide et à la hausse des accidents dans les pays voisins, le gouvernement envisage une réglementation spécifique pour mieux encadrer leur usage et garantir la sécurité des cyclistes.

12. Simplification des procédures de limitation de vitesse hors agglomération: certaines routes ne sont pas adaptées à une vitesse de 90 km/h. Une révision des procédures permettra d’adapter les limitations plus rapidement en fonction des audits de sécurité.

Des contrôles renforcés pour une application effective

Après avoir instauré des règles, encore faut-il qu’elles soient respectées. Le gouvernement mise sur des dispositifs de contrôle accrus.

13. Renforcement du déploiement des radars: poursuivre le déploiement des radars automatiques (radars fixes et tronçons) aux endroits utiles.

14. Introduction de radars détectant l’usage du téléphone au volant: le téléphone mobile au volant augmente le risque d’accident, analyse le ministère de la mobilité. D’autres pays, comme notamment les Pays-Bas, ont développé ou sont en train de développer des systèmes automatiques de détection de l’utilisation de téléphones mobiles. «Il est impératif de suivre l’évolution technologique en la matière». La mise en service au Luxembourg pourra être analysée dès la disponibilité d’un appareil homologué sur le marché, ce qui» est actuellement pas encore le cas, rappelle toutefois le gouvernement. 

15. Intensifier les contrôles sur l’usage des appareils mobiles et actions coup de poing: la police intensifiera les contrôles thématiques, notamment sur l’utilisation du téléphone au volant et les modifications illégales de véhicules.

16. Renforcer les contrôles des motocyclistes: Le bilan des accidents démontre que la mortalité des motocyclistes est statistiquement élevée au Luxembourg, en particulier, dans le nord du pays, souligne le ministère. Des contrôles renforcés seront ainsi mis en place avec l’accent sur la vitesse, l’équipement du motocycliste, les papiers de bord ainsi que l’état technique du véhicule.

Des infrastructures plus sûres pour tous les usagers

Pour réduire les risques d’accidents le gouvernement souhaite également se concentrer sur la mise en place de mesures pour améliorer les routes, les signalisations et l’environnement.

17. Sécurisation des endroits potentiellement dangereux: comme par exemple privilégier les haies plutôt que les arbres lors de nouvelles plantations le long des routes.

18. Harmoniser la signalisation routière: pour limiter la surcharge d’information, des lignes directrices seront publiées afin de garantir l’utilisation uniforme par les administrations communales et étatiques.

19. Encourager les communes à déployer des zones apaisées: avec une formation spécifique pour les responsables techniques. Les premières formations ont déjà eu lieu en 2024, précise le ministère.

20. Renforcer les infrastructures cyclables: réaliser des revêtements rouges sur la chaussée pour les cyclistes ou encore la mise en place de panneaux rappelant l’obligation de garder 1,5 m de distance en dépassement un cycliste.