L’OGBL annonce ce jour la fermeture prochaine de Techprint, ex-actionnaire de la Revue et ex-imprimeur, en raison de difficultés financières. (Photo: Maison Moderne)

L’OGBL annonce ce jour la fermeture prochaine de Techprint, ex-actionnaire de la Revue et ex-imprimeur, en raison de difficultés financières. (Photo: Maison Moderne)

L’OGBL a annoncé mardi 11 juillet, à la mi-journée, un plan social chez Techprint. Largement endetté depuis des années, l’imprimeur de la Revue jusqu’en 2018 — qui détenait 20% de participation dans l’hebdomadaire d’Editpress — a annoncé une cession de ses actifs d’ici début 2024. Son actionnaire majoritaire, la famille Riccobono, reste muet.

Neuf millions d’euros. Si BDO a validé ces pertes reportées dans les comptes de Techprint pour 2018 le 10 février 2020, ils n’ont été publiés que deux ans plus tard, le 10 février 2022. 546.000 euros s’étaient alors ajoutés aux pertes déjà reportées de près de 8,5 millions d’euros. Depuis, silence radio vis-à-vis du registre du commerce.

Aujourd’hui, l’emblématique entreprise née en 1987 a d’abord tout fait pour trouver des solutions pour ses employés et pour ses clients, mais la fin de l’aventure est programmée. Ce mardi, à la mi-journée, l’OGBL annonce un plan social pour ses 22 derniers employés «dans le cadre d’une cessation compète des activités de l’entreprise d’ici le début de l’année 2024». Selon le syndicat, la société a fait les frais «d’un certain nombre de difficultés économiques d’ordre structurel, liées en grande partie à l’essor de la digitalisation, qui s’est traduit par une baisse importante de son activité.» De 18 millions d’euros en 2012, le chiffre d’affaires a diminué à 11,7 millions d’euros en 2018, dernière année disponible.

Les Riccobono, actionnaires majoritaires

Contacté, le fondateur Jean-François Brient n’a pas donné suite ni à nos appels ni à notre courrier électronique. Bien qu’elle s’en défende dans un premier mail, la famille Riccobono est bien l’actionnaire majoritaire (68,75% des parts via sa holding Seif – pour «Société européenne d’investissement financier»). Dans son bilan annuel, Techprint est la société qui se cache derrière l’intitulé «société luxembourgeoise 1». En 2021, selon Seif, Techprint aurait terminé avec une perte de 1,5 million, de 1,2 en 2020 et de 1,2 en 2019, les trois années de bilans qui manquent au registre du commerce. Ce qui amènerait les pertes reportées à environ 14 millions d’euros si ces chiffres étaient justes.

La famille Riccobono — Bernard et son fils Florent sont administrateurs de la holding et de Techprint toutes les deux logées à la même adresse à Ehlerange — est une grande famille d’imprimeurs en France, qui imprime le Figaro, Libération, l’Obs, l’Équipe, entre autres… Tirant 35% de son chiffre d’affaires avec la presse en France et occupant 2.800 personnes, le groupe français a récemment fait la une de l’actualité en Belgique en voulant reprendre le contrat de portage des journaux et des magazines de Bpost avec sa filiale Proximy. Les actionnaires ont les reins solides avec une «cagnotte» de plus de 50 millions d’euros dans leur holding luxembourgeoise.

Un terrain à 13 millions d’euros

Devenu président du groupe Riccobono en France, en 2017, Guillaume, un autre fils de Bernard, a interrompu la discussion après son premier mail, qui annonçait un changement d’ici la fin de l’année.

Quelle est la marge de manœuvre financière pour l’entreprise? En 2018, renseigne aussi le dernier bilan publié par la société, elle avait fait estimer son terrain, situé sur la Zone d’activités économiques régionale à Ehlerange: 12,8 millions d’euros, avait indiqué un bureau d’expertise assermenté. Un bout de terrain très bien placé qui aura certainement pris de la valeur depuis.

«Nous avons repris les 20% du capital en tant qu’Editpress il y a un bon mois», confie l’administrateur-délégué, Nic Nickels. «Nous avions déjà arrêté de produire la Revue chez Techprint en 2018-2019, pour aller chez Est Imprimerie à Metz. Avec l’accord du co-actionnaire parce qu’il n’avait pas les machines dimensionnées pour nos publications. Techprint avait été raisonnable.»