Laurent Marochini, Responsable Innovation chez SGSS Luxembourg. (Photo: Société Générale)

Laurent Marochini, Responsable Innovation chez SGSS Luxembourg. (Photo: Société Générale)

L’innovation a toujours été un sujet important dans le monde des fonds d’investissement. Elle porte à la fois sur l’efficacité opérationnelle avec plus d’automatisation, sur de nouveaux services et sur une meilleure gestion du risque. Le parcours client en est un accélérateur. Les gérants d’actifs, principaux clients des banques d’asset servicing, sont soumis à une forte pression en termes de coûts. Ils ont également à faire face à de nouveaux comportements de la part des investisseurs qui recherchent à la fois la performance financière et un sens à leur épargne, tout en profitant des nouveaux canaux de distribution.

Les acteurs du métier titres ont donc un rôle primordial à jouer dans l’accompagnement de leurs clients. Le développement de ces derniers est en effet fortement lié à la capacité d’innover, en toute agilité, de leurs fournisseurs.

Le contexte du COVID-19 a permis au métier titres d’accélérer encore sa digitalisation, avec la généralisation de la signature électronique, par exemple, et la mise à disposition d’outils permettant d’interagir à distance et de façon numérique avec toutes ses parties prenantes. Cette accélération n’est pas suffisante pour répondre aux besoins en constante évolution des clients et investisseurs. Les nouvelles technologies émergentes font la promesse de faire évoluer plus encore ce métier, en termes de business model et de nouveaux services. L’accélération digitale et les technologies vont donc contribuer à changer son paysage. Quelles technologies vont réellement l’impacter, et sous quel angle?

La donnée, actif stratégique…

L’intelligence artificielle et la gestion des données sont devenues des incontournables, quel que soit le secteur d’activité. Les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) ont ouvert la voie, et les entreprises prospères de demain seront certainement celles qui auront le mieux maîtrisé ce défi. L’explosion des données, associée à des puissances de calcul et de sauvegarde toujours plus puissantes, va permettre aux banques de proposer des services supplémentaires à leurs clients. Elles serviront également en interne pour automatiser des tâches chronophages ou mieux gérer les risques. L’accès au cloud est une nécessité.

… à sécuriser

Dans le monde actuel, où circulent chaque seconde des milliards de données – financières ou non –, la cyber-sécurité est un enjeu majeur. Si les données constituent une opportunité unique pour les parties prenantes, une mauvaise gestion en termes de risque peut anéantir tous les efforts. Le respect de la conformité est coûteux; sa non-observation l’est plus encore. Au Royaume-Uni, en 2018, 38 millions de livres sterling de fraude ont pu être évitées grâce au , initiative conjointe de la police et des banques visant à identifier et à protéger les victimes potentielles de fraude. La banque est le partenaire de confiance de ses clients sur ce sujet.

La tokenisation et sa capacité à changer nos modèles d’affaires

La tokenisation de l’économie est certainement un des sujets les plus discutés, tant la promesse d’une révolution qu’elle revêt est grande. Les bénéfices attendus sont importants pour les investisseurs, les distributeurs, les gérants d’actifs et pour les banques d’asset servicing, sous condition qu’ils soient tous acteurs du changement. La difficulté réside dans la nécessité de collaborer et de gérer un élan commun. La tokenisation peut apporter des changements sur l’ensemble de la chaîne de valeur, que ce soit le marché primaire, secondaire, le post-trade et le digital custody. Selon où on se positionne sur la chaîne de valeur, la tokenisation pourra permettre de générer des gains d’efficacité opérationnelle. En exemple, citons le coût de traitement d’une émission de parts de fonds ou d’obligations, de règlement de livraison de valeurs mobilières. En outre, elle apportera plus de transparence et de rapidité d’exécution entre les différentes parties prenantes. Les services financiers devront donc s’associer pour créer des plateformes afin d’offrir des services digitaux à leurs clients. Le digital custody sera une nouvelle activité qui viendra compléter les offres de la banque dépositaire traditionnelle. De nouveaux acteurs se positionnent déjà sur ce secteur en concurrence aux acteurs traditionnels. L’agilité et la vision stratégique des banques d’asset servicing seront nécessaires pour évoluer dans les prochaines années.

Les écosystèmes, accélérateurs d’innovation

La vitesse de propagation des innovations est devenue exponentielle. Ainsi, l’ouverture des systèmes d’information est essentielle pour gagner en rapidité et profiter des innovations. L’open banking est un accélérateur, et surtout une opportunité de démultiplier l’innovation. L’exclusivité n’est plus une option dans notre décennie. L’open banking est nécessaire pour s’ouvrir au monde extérieur, au monde des Fintech, en créant des partenariats de valeur.

Société Générale a fait le pari de l’open innovation en signant des partenariats avec des start-up, des universités, des centres de recherche, des fonds de capital-risque pour que ses clients puissent bénéficier d’innovations récentes. D’un point de vue technologique, les API (Application Programme Interfaces) permettent de faire ces liaisons et de générer des services à valeur ajoutée. L’asset servicer tient le rôle de chef d’orchestre pour que la partition soit jouée de la meilleure façon possible. Fortes de ce constat, les plateformes telles qu’Amazon ou Uber pourraient être dupliquées au monde de la gestion d’actifs afin de multiplier les flux.

La culture d’entreprise, le plus grand des actifs

La culture d’entreprise est une valeur primordiale pour l’adoption de la technologie. La technologie est la même pour tout le monde, et cela reste un outil, et non une fin en soi, mais sa rapidité d’acquisition et d’utilisation feront la différence pour créer de la valeur au bénéfice du client. C’est ici que la culture d’entreprise joue un rôle de différenciateur. Il est capital pour les entreprises de créer un environnement propice au brassage et au croisement des connaissances, des idées et des approches pour développer des talents qui leur permettront de relever leurs futurs défis.

La banque d’asset servicing de demain sera une entreprise dotée de talents qui auront su tirer avantage des nouvelles technologies pour innover avec l’obsession de la relation client, en gardant au premier plan les valeurs humaines.

https://www.ukfinance.org.uk/news-and-insight/blogs/why-banking-protocol-matters