L’image glamour du développeur qui travaille dans un petit café a pris des rides. Mais le télétravail modifie en profondeur les business models des start-up et la manière d’organiser le travail. (Photo: Shutterstock)

L’image glamour du développeur qui travaille dans un petit café a pris des rides. Mais le télétravail modifie en profondeur les business models des start-up et la manière d’organiser le travail. (Photo: Shutterstock)

La tech en avait l’habitude. Travailler à distance, pour cause de Covid-19, n’a pas représenté beaucoup de changements l’an dernier. Sauf que cela commence à peser sur les «tech hubs», ces endroits souvent vantés parce qu’ils sont aux avant-postes du futur, et désormais délaissés…

L’hémorragie s’aggrave. La Silicon Valley est coincée dans un double mouvement paradoxal: les start-up – et certaines sociétés de premier plan – quittent le paradis des start-up pour des zones où l’immobilier est moins cher et les embouteillages moins fréquents, pour caresser leurs salariés dans le sens du poil, tandis que les très gros, comme Facebook ou Amazon, investissent dans de nouveaux quartiers généraux de plus en plus grands.

81% des salariés de la tech voulaient se trouver de nouveaux horizons au moment du début de la crise et un tiers a tout vendu, pris femmes et enfants – ou maris et enfants – sous le bras pour aller dans des contrées plus tranquilles.

En Europe, Londres s’inquiète. Le télétravail est en train de dynamiter son image de «tech hub» où il faut être. «Les fondateurs commencent à se rendre compte que si leurs équipes sont éloignées, ils n’ont plus à payer les prix énormes de Londres pour l’espace ou les talents», a déclaré Alex van Klaveren, fondateur de l’agence de recrutement Kandidate. «J’ai parlé à 40 ou 50 fondateurs qui ont fermé leur bureau comme nous l’avons fait, et beaucoup fonctionnent sur une base ‘attentiste’ lorsqu’il s’agit de revenir», explique-t-il à PitchBook.

En août, le TechHub, espace de coworking qui abritait des centaines de start-up, a été obligé de demander de l’aide au gouvernement: il avait perdu 75% de ses revenus.

Dans une économie qui a continué à prospérer l’an dernier dans ce secteur, ce qui se traduit, par exemple, par une augmentation de 18% des levées de fonds, les entrepreneurs se rendent compte qu’il n’est peut-être pas utile d’être à Londres pour réussir. Ce qui tombe bien: le Brexit s’est accompagné de la fin de la libre circulation et les Européens continentaux devront avoir un visa pour travailler. Un Tech Visa est d’ailleurs à l’étude pour permettre aux entreprises de trouver leurs talents.

Le phénomène est loin d’être anecdotique. Selon les statistiques européennes, alors qu’on pensait, avant le Covid-19, que 25% des salariés pouvaient basculer en télétravail, 40% l’ont fait du jour au lendemain, à mesure des confinements. Le Luxembourg, économie de services et de tech, est même le leader européen quand il s’agit de tech, et troisième derrière la Suède et les Pays-Bas en règle général. Contre 70% aux États-Unis.

Si Forbes s’amusait, fin mars 2020, à publier , les sites fleurissent avec ces entreprises, entièrement en remote, qui recrutent, profitant qu’elles n’ont plus à s’acquitter des loyers parfois exorbitants pour une entreprise innovante qui n’a pas les moyens.

Comme . Ou .

D’autres préfèrent . Cette semaine, la start-up espagnole que tout le monde regarde avec attention. Ou comment continuer à former la main-d’œuvre dont la tech a besoin, où qu’elle soit localisée et quelles que soient les conditions dans lesquelles elle évolue.

Émergent aussi de plus petits hubs technologiques, comme celui d’Oxford, dopé par des projets de la biotech. Des clusters, le véritable sens d’un mot dévoyé au sens de foyer de contagion du virus. Cette contagion-là pousse des entrepreneurs à se développer près les uns des autres sur des activités de niche, à l’instar de ce qui se pratique beaucoup au Luxembourg.

Avec un souci pour le Grand-Duché, au cœur de la Grande Région: comment maintenir la cohésion de la scène start-up, alors que Belges, Français et Allemands, pour ne citer que les plus proches, n’ont pas du tout la même culture ou les mêmes fondements économiques? Et comment gérer, à distance, le stress individuel?