Finalement, la nouvelle taxonomie verte de l’UE accueillera – probablement – le nucléaire et le gaz. Le vote très attendu au Parlement européen au sujet de l’acte délégué de la Commission, qui proposait justement l’inclusion du nucléaire et du gaz, a tranché.
L’issue du vote était très incertaine puisqu’il n’y avait pas d’unanimité sur le sujet au sein des grands groupes politiques tels que le PPE, Renew et S&D. Une majorité absolue de 353 voix était cependant nécessaire pour rejeter la proposition de la Commission.
Finalement, quoique sans majorité absolue, le Parlement européen a apporté son soutien à l’acte délégué de la Commission européenne, qui propose de reconnaitre le nucléaire et le gaz comme des investissements verts. 278 votes, contre 328 opposés et 33 abstentions, ont suffi pour accorder l’aval du Parlement à la Commission.
«Défaite pour le climat»
Les réactions ne sont pas faites attendre sur les réseaux sociaux, les députés européens verts regrettant une «défaite pour le climat et la nature» voire pour «la planète» et une victoire des «lobbies industriels». Même ton du côté des socialistes: «Les conservateurs ont uni leurs forces pour trahir les ambitions climatiques de l’UE», peut-on lire sur Twitter.
L’ensemble des eurodéputés luxembourgeois étaient quant à eux opposés à l’inclusion du nucléaire et du gaz. (PPE/CSV) a ainsi regretté une décision «incompréhensible» qui rend d’ores et déjà la taxonomie «obsolète».
«Un mauvais jour pour l’action climatique», a commenté (Les Verts/ALE/déi Gréng). «Cela ne fait aucun sens de continuer à diriger des milliards d’investissements privés et publics vers des sources d’énergie fossile et nucléaire ces prochaines décennies.»
Si le Conseil ne s’oppose pas à la proposition de la Commission d’ici le 11 juillet 2022, l’acte délégué sur la taxonomie entrera en vigueur et s’appliquera à partir du 1er janvier 2023. Mais une telle décision du Conseil reste très improbable puisqu’il faudrait une majorité qualifiée renforcée de 20 États membres représentant 65% de la population de l’UE et que, jusqu’à présent, seuls l’Allemagne, le Luxembourg, l’Autriche, le Danemark et le Portugal se sont clairement prononcés contre l’acte législatif.
Reste la voie du recours juridique. Le Luxembourg et l’Autriche avaient par le passé annoncé leur intention de auprès de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) si la proposition de la Commission est adoptée. Le ministre de l’Énergie, (déi Gréng), a répété son intention sur Twitter après le vote du Parlement européen.