Colux Taxis règle en moyenne une facture qui se situe entre 10.000 et 15.000 euros de carburant chaque mois. (Photo: Christophe Lemaire/Maison Moderne)

Colux Taxis règle en moyenne une facture qui se situe entre 10.000 et 15.000 euros de carburant chaque mois. (Photo: Christophe Lemaire/Maison Moderne)

Les sociétés de taxis commencent à s’inquiéter des prix historiquement hauts des carburants. D’autant que la chute du tourisme d’affaires affecte aussi les résultats.

. Au 13 octobre, il fallait débourser 1,395 euro pour un litre de diesel, 1,549 euro pour un litre d’essence 98 et 1,460 euro pour un litre d’essence 98.

Outre le portefeuille des automobilistes, ce niveau de prix commence à affecter les entreprises qui consomment beaucoup d’énergies fossiles. C’est le cas d’une société comme Colux Taxis. Avec une flotte de 80 véhicules en plus d’une vingtaine d’indépendants, Colux Taxis règle en moyenne une facture qui se situe entre 10.000 et 15.000 euros de carburant chaque mois.

«Je n’ai jamais connu le carburant aussi cher», a expliqué Olivier Gallé, CEO de Colux Taxis. «En quelques semaines, on parle quand même d’une augmentation de 0,5 centime. Pour connaître une telle envolée des prix, il faut remonter à l’époque où l’on a décidé de limiter les autoroutes à 120km/h car les carburants étaient trop chers», ajoute-t-il.

Les solutions pour limiter l’impact de la hausse des carburants ne sont pas légion pour ce chef d’entreprise. «On ne peut pas s’amuser à adapter le prix des courses tous les jours en fonction du prix du diesel et de l’essence», lance Olivier Gallé avant d’indiquer: «Par contre, on fait de la prévention avec nos chauffeurs. Nous avons des outils digitaux qui montrent les consommations des voitures et des chauffeurs. On doit alors faire un travail spécifique pour parfois rappeler qu’il faut faire attention.»


Lire aussi


Roulant majoritairement avec des voitures diesel, qui consomment en moyenne cinq litres pour 100 kilomètres, Colux Taxis a vu le carburant augmenter de plus de 31% depuis le début de l’année. Même si la société dispose d’un contrat spécifique avec un fournisseur de carburant, la hausse est toujours aussi impactante.

«Notre marge opérationnelle annuelle se situe entre 2 et 3%. On est loin d’un niveau normal de 10%. Si cela persiste dans le temps, cela veut aussi dire moins de surface pour investir dans de nouveaux véhicules», peste Olivier Gallé, qui ne cache pas que l’activité est très loin de son niveau d’avant-crise. «On souffre encore du manque de tourisme d’affaires. On doit être à un tiers de ce que l’on faisait avant le Covid-19», indique le directeur de Colux Taxis.

La situation inquiète bon nombre d’entreprises. Interrogés à ce sujet, nombreux sont ceux qui calculent les conséquences économiques d’une telle flambée des prix. «J’ai demandé une étude d’impact à mon directeur financier sur la question», a par exemple répondu François Remogna, CEO de DHL Express Luxembourg.

L’électrique pas encore mature

Pour les taxis, l’électrification de la flotte ne semble pas être une solution pour le moment. «Nous avons fait des tests avec des voitures 100% électriques. On s’est rendu compte que cela coûtait deux fois plus cher qu’un diesel, du prix de l’acquisition au coût de l’infrastructure et de la recharge. Mais le premier frein, c’est le temps de charge. Avec une voiture électrique, je ne peux pas mettre un planning jour-nuit avec deux chauffeurs sur la même voiture. Il y a les bornes rapides. Mais il est techniquement impossible (ou très coûteux) d’en installer 10 ou 20 pour l’ensemble de la flotte de 80 taxis pour 20 taxis indépendants», a indiqué Olivier Gallé. Ce dernier admet que l’hybride pourrait être une solution, mais uniquement certains types, et à condition de pouvoir bénéficier des aides de l’État comme c’est le cas pour les particuliers lors de l’achat d’un tel véhicule.

Du côté de DHL Express, la société a prévu d’opérer un changement radical dans les prochains mois avec des camionnettes 100% électriques. Mais il faut encore attendre la livraison des véhicules qui a pris un peu de retard en raison de la pénurie des semi-conducteurs qui frappe actuellement les constructeurs automobiles.