Depuis février 2022, 8,455 milliards d’euros de crédit qui ont été octroyés. Dont 3,917 milliards ont été accordés avec des taux variables. (Photo: Shutterstock)

Depuis février 2022, 8,455 milliards d’euros de crédit qui ont été octroyés. Dont 3,917 milliards ont été accordés avec des taux variables. (Photo: Shutterstock)

Lorsque l’on pose aux banquiers la question d’une hausse des défauts des prêts hypothécaires, ils se montrent rassurants et avancent un élément choc pour dissiper toute crainte: les taux variables ne représentent plus la majorité des prêts accordés depuis des années. Une analyse contredite par les derniers chiffres de la CSSF.

Ces dernières semaines, trois des grandes banques à guichet de la Place – à savoir BGL BNP Paribas, la banque Raiffeisen et le BCEE – ont communiqué leurs résultats. Et toutes ont été questionnées sur l’impact de la hausse des taux d’intérêt sur leur activité de crédit hypothécaire et s’ils constataient une hausse des défauts de leurs clients. Et la réponse a été unanime: «pas à ce stade».

Yves Biewer, le président du comité de direction de la Banque Raiffeisen, s’attend bien à un impact, mais dans quelques mois. Le temps que la hausse des taux se propage à l’économie. Une propagation déjà en cours si on regarde l’évolution des statistiques de la BCL concernant les taux d’intérêt appliqués par les banques locales à la clientèle résidente.

Ainsi, le taux d’intérêt variable des crédits immobiliers accordés aux ménages a atteint 3,53% en février 2023, progressant de 221 points de base sur douze mois.


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Progression également pour le taux d’intérêt fixe à moins de dix ans qui toujours en février atteignait 3,77%, progressant de 221 points de base sur douze mois. Pour les dossiers supérieurs à 10 ans, on atteint également 3,77% pour une progression de 219 points de base.

Et si craintes il y a, elle n’est pas de nature à couper les robinets du crédit. À la BCEE, la hausse des encours logement est de 7,8%. Elle est de 4,7% à la banque Raiffeisen et de 4% à la BGL BNP Paribas.

Proximité et proactivité

Tous mettent en avant une démarche proactive et de proximité vis-à-vis de leurs clients. «Nous sommes là au cas par cas, pour les accompagner pour qu’ils arrivent à l’objectif qui est que chacun puisse arriver au terme de son contrat», explique Béatrice Belorgey, présidente du Comité exécutif de BGL BNP Paribas. Cette dernière évoque comme pistes de solutions l’allongement du terme ou le recours à l’épargne existante.

Même son de cloche du côté de la Raiffeisen. «Nous sommes très très proches de nos clients. La Banque Raiffeisen est connue pour cela. Avec les clients qui pourraient avoir des problèmes en termes de capacité de remboursement ou qui auraient des problèmes à honorer leurs remboursements, nous sommes disponibles pour aborder avec eux le problème et pour trouver les solutions», indiquait Yves Biewer.

Romain Wehles, membre du comité de direction de la Spuerkeess va dans le même sens. Et invoque l’autre argument massue des banquiers pour rassurer: la tendance à privilégier les taux fixes dans l’offre de crédit. «Nous constatons que nos clients – et on leur conseille fortement – choisissent de plus en plus le taux fixe. Deux tiers de clients qui sont passés à taux fixes».

Sur le terrain, que disent les chiffres?

Selon les dernières données de la BCL, la part des crédits à taux variables décroît nettement depuis juin 2014

À cette date, ils représentaient 82% des crédits accordés. Un an plus tard, ils passent sous la barre des 50%. Après être descendus à 30% durant la crise du Covid, ils se situent désormais à 42%, chiffre de février 2023.

Il est remarquable de noter qu’en février 2022, au moment du déclenchement de la crise ukrainienne, ils représentaient 36% des nouveaux contrats et que depuis, leur quote-part augmente fortement pour flirter avec les 50%. Une progression qui va à l’encontre du discours dominant des banquiers de la Place qui est de dire que la part des taux fixes représente – et de loin – la majorité des crédits accordés.

Depuis février 2022 – date du début de l’agression russe sur l’Ukraine –, ce sont pour 8,455 milliards d’euros de crédit qui ont été octroyés. Sur ce montant, 3,917 milliards ont été accordés avec des taux variables. Depuis la crise ukrainienne, 46,32% des prêts accordés étaient donc à taux variables. Et depuis août, soit après le début de la remontée des taux de la BCE, cette proportion passe à 52,2%.