Tania Mousel veut rendre les gens réceptifs aux thèmes de la gauche. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Tania Mousel veut rendre les gens réceptifs aux thèmes de la gauche. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

À l’occasion des élections européennes, Paperjam a demandé aux principales têtes de liste d’évoquer les enjeux de ces élections, la place du Parlement européen et leur conception du rôle d’un député, qu’il soit national ou européen. Aujourd’hui, Tania Mousel de déi Lénk.

La particularité de la liste déi Lénk, c’est de ne pas avoir de tête de liste. Tous les candidats se partagent les obligations inhérentes à tout candidat. Relations presse incluses. Outre Tania Mousel (34 ans), les candidats du parti sont Ana Correia da Veiga (41 ans) – conseillère communale à Luxembourg, appelée à remplacer à mi-mandat à la Chambre des députés –, Anastasia Iampolskaia (26 ans), Alija Suljic (28 ans), André Marques (28 ans) et Ben Muller (26 ans).

Tania Mousel, originaire du sud du pays, a adhéré à déi Lénk en 2017. Elle est également membre de la section jeune du parti. «Mon engagement clairement anticapitaliste vient du fait que je ne pense plus que l’on puisse continuer comme ça. Le capitalisme est à l’origine de la plupart des problèmes sociétaux et climatiques d’aujourd’hui. Et pour moi, il y avait deux options, soit déi Lénk, soit le KPL. Je me suis décidée pour déi Lénk.»

Le parti a fait le choix de ne pas incorporer de têtes connues dans sa liste. Un choix qui pourrait lui coûter quelques voix, mais qui est totalement assumé. «Nous voulions avoir des jeunes pas nécessairement connus dans le pays sur notre liste pour refléter le fait que ce sont les prochaines générations qui vont se retrouver confrontées directement aux grands défis que sont la crise climatique et l’accroissement continu des inégalités sociales.» Mettre des jeunes en avant pour ces élections est également le moyen de les aguerrir, de les faire connaître et de motiver les nouvelles générations à s’engager et à s’intéresser à la politique. «Au départ, je n’étais pas sûre de vouloir être candidate, mais on m’a convaincue.»

Une candidature de conviction

Même si le parti a su conserver ses deux sièges au Parlement national en octobre dernier, il n’est pas favori pour décrocher un des six mandats européens en jeu. Tania Mousel en a parfaitement conscience. «Il nous faudrait presque notre score de la dernière fois pour avoir un siège (déi Lénk avait réuni 4,83% des suffrages, soit 60.648 votes, ndlr). Nous sommes ici pour faire entendre notre voix. Il est important de faire entendre la voix de la gauche!»

«Les enjeux de cette élection sont clairs pour nous: c’est prioritairement la crise climatique, l’accroissement continu des inégalités sociales et le glissement de la société vers la droite. Enjeux auxquels s’ajoute une multiplication des conflits armés, qui sont de vrais drames humains, mais aussi des drames pour le climat et l’environnement.»

À la question de savoir qu’elle est l’Europe idéale, Tania Mousel répond: «Une Europe anticapitaliste où l’on met l’humain avant le profit. Une Europe où l’économie et la croissance du PIB ne seraient pas les principaux facteurs de succès. Une Europe où les inégalités sociales iraient en se réduisant. Une Europe qui diminue son empreinte climatique pour préserver l’environnement pour les prochaines générations.»

Cette Europe peut-elle s’incarner dans Ursula von der Leyen (PPE) ou son adversaire à la tête de la Commission,  (LSAP et PSE)? «La différence entre les deux est marginale. Tous deux défendent le modèle capitaliste. Mais Ursula von der Leyen est quand même une personne qui incarne une dérive vers la droite de la Commission, une personne qui négocie à nos frontières avec des régimes dont les politiques ne reflètent pas les valeurs européennes. On ne peut pas la soutenir.»

Au soir du 9 juin, Tania Mousel espère que déi Lénk aura réalisé un score supérieur à celui de 2019. Et, surtout, «avoir rendu les gens plus réceptifs aux thèmes de la gauche, plutôt qu’à ceux d’une droite extrême dont les solutions simplistes ne règlent rien».