Gianluca Marinelli et  Alessio Weber , les deux fondateurs de  Sovi Solutions . (Photo: Sovi Solutions)

Gianluca Marinelli et Alessio Weber , les deux fondateurs de  Sovi Solutions . (Photo: Sovi Solutions)

Sovi, retenue dans la liste des 15 start-up financées par le ministère de l’Économie et par Luxinnovation pour le hackathon StartupVsCovid19, sera la voix de ceux qui ont été intubés à cause du coronavirus. Mais les ambitions d’Alessio Weber sont bien plus grandes que Talkii.

Il avait deux ans quand «Rain Man» est sorti au cinéma en 1988. Considéré à tort comme le premier film sur l’autisme de l’histoire du cinéma malgré la sortie 32 ans plus tôt d’«Un enfant attend» de John Cassavetes, avec Burt Lancaster, Judy Garland et Gena Rowlands, le film qui réunissait le tandem Dustin Hoffman-Tom Cruise n’a pas dû marquer Alessio Weber tant que ça. 

Mais c’est pourtant en s’intéressant à la communication avec ceux qui présentent des troubles du comportement que le jeune Luxembourgeois a attaqué sa nouvelle vie, en plein milieu d’un bachelor en business international à Paris, il y a un an et demi.

Talkii naît simplement, explique cet entrepreneur au sens des affaires très affûté à la tête de Sovi Solutions. «Jusque-là, les parents ou les encadrants communiquaient avec un enfant autiste à partir d’un cahier d’images, qui lui permettent de traduire ses besoins élémentaires. Non seulement les possibilités sont assez limitées, mais l’enfant doit toujours avoir sur lui son cahier. Avec Sovi, une application, les parents peuvent par exemple transformer un jour de la semaine en liste des choses à faire. Au Luxembourg, le lundi est bleu. L’enfant reconnaît la couleur et quand il appuie sur le picto bleu, à toute heure, il voit ce qu’il est supposé faire.»

Des milliers de pictos en sept langues

La bibliothèque de pictos comporte des milliers de possibilités. La solution est hébergée dans le cloud et comme elle est en sept langues, l’enfant et l’encadrant peuvent communiquer en temps réel, quelle que soit la situation et les particularités linguistiques.

«C’est une app, mais avec le soutien de Samsung, de Mediamarkt et de Saturn, nous allons commercialiser une coque spéciale pour protéger la tablette de l’enfant.» La coque a résisté à un crash-test depuis l’étage le plus haut du Lux Future Lab, où la start-up est hébergée.

L’encadrant paie l’utilisation de l’application selon ses besoins et des packages permettent par exemple à un orthophoniste de gérer jusqu’à 16 profils de patients sans changer de matériel.

Dans le concours lancé par le ministère de l’Économie et Luxinnovation, M. Weber voit une opportunité: des patients sont intubés à des fins d’assistance respiratoire et il leur est difficile de communiquer avec le personnel médical, pour avoir à boire ou simplement parce qu’ils ressentent une douleur. Talkii le permettra… avant les six mois prévus pour le concours, dit l’entrepreneur, qui a une idée derrière la tête.

À quoi bon conserver le gros bouton rouge

«Et si elle remplaçait le gros bouton rouge?», demande-t-il à voix haute. Le gros bouton rouge est celui que presse un patient hospitalisé pour appeler une infirmière et traduire un besoin. Elle doit ensuite parfois repartir pour répondre à cet appel. La solution pourrait permettre que le patient fasse directement savoir à l’infirmière qu’il a besoin de quelque chose et de quoi il a besoin.

À l’heure où les hôpitaux ont vu leurs effectifs parfois rabotés au nom de l’efficacité budgétaire et où le coronavirus a épuisé les équipes, la solution est déjà remarquée. «J’ai déjà des contacts dans des hôpitaux en France et en Italie, dans des centres de réhabilitation, comme le Rehazenter au Luxembourg, mais aussi dans certaines maisons de retraite. Et au Luxembourg…» Le Luxembourg est un excellent «test-bed»: il est assez petit pour toucher directement les bons acteurs et assez reconnu pour que la caution de l’État à travers ce concours et des Hôpitaux Robert Schuman soit une excellente carte de visite.

«Nous y travaillons et les 150.000 euros – dès que nous aurons des détails – nous serviront à ‘staffer’ encore, parce que moi, je ne suis pas développeur.» Mais businessman, oui. Et il excelle dans la communication.