Michel Reckinger et Jean-Paul Olinger, président et directeur de l’UEL, entendent développer un concept de «talents durables» en agissant sur les politiques d’emploi, de sécurité sociale et de fiscalité. (Photo: Matic Zorman/archives Maison Moderne)

Michel Reckinger et Jean-Paul Olinger, président et directeur de l’UEL, entendent développer un concept de «talents durables» en agissant sur les politiques d’emploi, de sécurité sociale et de fiscalité. (Photo: Matic Zorman/archives Maison Moderne)

À quelques jours de la publication des premiers programmes électoraux pour les législatives de l’automne, l’Union des entreprises luxembourgeoises, 80% de l’emploi et 85% du PIB, a présenté ce vendredi 30 juin, à la mi-journée, un concentré de propositions autour de trois axes, regroupés sous une punchline: «Le Luxembourg des talents durables».

«Ces propositions ne sont pas forcément nouvelles. Certaines étaient déjà dans nos propositions en vue des élections législatives de 2018. Mais il faut accélérer, comme le montre la chute du Luxembourg au classement de la compétitivité de l’IMD, publié récemment.» Le directeur de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL), , le reconnaît: par nature, l’organisation patronale est en permanence engagée dans la plupart des discussions qui comptent avec le gouvernement et ses thématiques concernent des dossiers qui évoluent dans le temps.

«La situation est peu favorable… pour le dire gentiment», souligne le président de l’UEL, . «Les finances publiques ne sont pas dans une bonne trajectoire. Un certain nombre de dossiers risquent de pénaliser l’avenir du pays!»

«Sans être des fétichistes du PIB», renchérit son Chief Economist, Nicolas Simons, «on s’habitue à un déficit à hauteur d’un milliard, un milliard et demi d’euros par an de l’administration centrale, déficit qui réduira le pouvoir d’action du prochain gouvernement. Depuis 2020, l’exceptionnel est devenu la norme. Le vieillissement de la population active signifie davantage de départs à la retraite et donc une diminution du solde de la Sécurité sociale, de 1 milliard à 500 millions d’euros dans les années qui viennent, un paradigme que le Luxembourg n’a pas connu jusqu’ici.»

Favoriser deux jours de télétravail par semaine

D’où une soixantaine de propositions prioritaires, qui détaillent ce qui avait déjà été présenté le 9 mars:

– 18 propositions en matière d’emploi que la responsable des lois sur l’emploi et le travail, Héloïse Antoine, regroupe en trois priorités: faciliter la formation continue, en augmentant le taux de cofinancement à 20% et en créant une plateforme unique de formation pour faciliter la vie des entreprises; revoir la rigidité du cadre de travail pour permettre aux entreprises de modifier l’organisation du travail (avec un point sur le travail du dimanche, par exemple, ou sur les différents congés); et la nécessité de revaloriser le statut d’indépendant – dont les lacunes ont été cruellement mises en lumière pendant la pandémie de Covid.

– 28 propositions en matière de sécurité sociale que sa collègue, Michèle Marques, a mis face à quatre défis: le vieillissement, la bonne santé, la qualité et la pérennité, l’idée étant d’éviter toute augmentation des taux de cotisations à charge des employés et des employeurs et le respect de l’équité intergénérationnelle. On y retrouve des idées pour aligner les objectifs sur ce qu’on atteint, sur les efforts d’efficience, sur la lutte contre les abus et les fraudes, sur la digitalisation concertée (avec par exemple des certificats d’incapacité électronique et l’utilisation accrue des données disponibles pour élaborer des politiques de santé adaptées aux réalités), sur la prévention ou encore sur la réduction de l’absentéisme.

– 12 propositions en matière de fiscalité, pour lesquelles la responsable de la fiscalité, Flora Castellani, a insisté sur l’urgence d’une réforme fiscale où il faudrait favoriser l’investissement dans la transition environnementale ou digitale, imaginer une prime mobilité-logement pour la jeune génération, une autre fiscalisation des régimes de pensions complémentaires ou même une autre fiscalisation du télétravail pour permettre deux jours de télétravail par semaine (40% des entreprises luxembourgeoises ont perdu un candidat potentiel).

Le 21 juin, dans le cadre des travaux autour du Semestre européen, l’UEL avait déjà rappelé la perte de «compétitivité des entreprises et l’évolution vertigineuse des coûts salariaux. Notons que, selon le Statec, le coût salarial moyen devrait augmenter de 5,8% en 2023 et de 3,7% en 2024, principalement en raison des nombreuses tranches indiciaires.»

Ce vendredi, elle a rappelé avoir déjà interpelé le gouvernement sur la dernière note de conjoncture du Statec qui alerte «gouvernement et partenaires sociaux, au cours des négociations tripartites de l’année passée, que les perspectives économiques étaient en train de s’assombrir» et que «l’inflexion de la dynamique économique se perçoit aujourd’hui sur de nombreux indicateurs conjoncturels, notamment du PIB, au tournant de 2022 et 2023». Depuis, le Statec a ainsi fortement révisé ses prévisions de croissance du PIB à la baisse à +1,5% en 2023 et +2,5% en 2024.