Solidar-IT a livré ce week-end une cinquantaine d’établissements pour seniors, au Luxembourg et en France. (Photo: Mathias Tricart/Solidar-IT)

Solidar-IT a livré ce week-end une cinquantaine d’établissements pour seniors, au Luxembourg et en France. (Photo: Mathias Tricart/Solidar-IT)

Solidar-IT a distribué 160 tablettes dans une cinquantaine d’établissements pour seniors. Cette association de 20 bénévoles veut briser l’isolement imposé par le Covid-19. Elle a déjà commandé 160 autres appareils pour poursuivre sa mission et l’étendre à la Belgique et aux personnes en situation de handicap.

Au lieu de tablettes de chocolat, ce sont des tablettes tactiles qu’ont reçues plusieurs personnes âgées pour Pâques.

Un cadeau de Solidar-IT, une association qui s’est créée il y a une dizaine de jours. Elle est née du «regroupement de personnes originaires du monde de l’informatique au Luxembourg. Nous nous sommes creusé la tête pour mettre notre expertise à contribution des personnes qui en ont besoin», raconte Nathan Mangenot, à l’initiative du projet. Une vingtaine de bénévoles y contribuent.

Tablettes et logiciel de visioconférence

L’idée s’est alors peaufinée: briser l’isolement des personnes âgées, confinées en maisons de retraite, en leur offrant des tablettes pour communiquer avec leur famille. Ces établissements ont fermé leurs portes aux visites depuis près d’un mois à cause du Covid-19.

L’association ne s’arrête pas là et a développé son propre logiciel de visioconférence, «neutre et gratuit», en open source. L’association a essayé de le rendre le plus ergonomique possible et accompagne chaque tablette de tutoriels vidéo et d’un guide d’utilisation. Elles sont préconfigurées avant la livraison.

Près de 10.000 euros récoltés

«Les dons, c’est le nerf de la guerre», rappelle Nathan Mangenot, lui-même responsable d’une société d’informatique, NSI Luxembourg. L’association a donc créé , encore ouverte, qui lui a permis de collecter un peu moins de 5.000 euros. Plus environ 5.000 euros de dons de la part d’entreprises. «Nous essayons aussi de récolter du matériel qui n’est plus utilisé à droite à gauche dans des sociétés», ajoute-t-il.

En tout, 160 tablettes ont été offertes dans une cinquantaine d’établissements au cours du long week-end de Pâques. «Nous les distribuons de manière équitable selon le nombre de résidents», précise Nathan Mangenot. Ils sont situés au Luxembourg ou en France à la frontière mosellane. L’association réfléchit déjà à élargir son périmètre en prenant contact avec des établissements belges.

La distribution se fait en toute sécurité. Les bénévoles désinfectent les tablettes avant la livraison. Elles sont ensuite réceptionnées par les établissements de la même manière que le reste des équipements de protection. Le personnel soignant peut facilement les nettoyer à l’aide de lingettes quand elles passent d’un utilisateur à l’autre. Les équipes portent des masques de protection, mais aussi celui de Dali, en référence à la série «La Casa de Papel», pour «véhiculer des valeurs fortes comme le travail d’équipe, l’entraide et évidemment la solidarité».

Nouvelle commande de 160 appareils

Même si les 10.000 euros récoltés ne permettent pas encore de couvrir tous les frais, l’association reste confiante et a déjà commandé 160 tablettes supplémentaires. «Nous prenons le risque d’avancer des fonds pour être efficaces et ne pas les recevoir dans trois mois», justifie Nathan Mangenot. Car le bouche-à-oreille a fait son effet: «La demande ne fait qu’augmenter, nous sommes sollicités par beaucoup d’établissements», témoigne-t-il.

Grâce à ses commandes groupées, l’association réussit à trouver des tablettes à environ 90 euros l’unité. «Nous n’avons pas voulu mettre en place de partenariat fixe ou promouvoir une marque plutôt qu’une autre», avertit le bénévole. Une étude des produits disponibles au meilleur rapport qualité/prix leur a fait choisir des modèles Alcatel, mais «si d’autres entreprises nous font des dons, nous travaillerons bien sûr avec eux aussi», note-t-il.

Un geste pour les personnes en situation de handicap

L’équipe ne manque pas de projets. En plus des personnes âgées, Solidar-IT vise les personnes en situation de handicap. Elle a déjà équipé une maison pour jeunes handicapés près de Thionville et espère entrer en contact avec d’autres dans les prochains jours.

«Nous avons ciblé les établissements, car ils sont plus simples à contacter. Nous pouvons imaginer demain, si nous avons le support financier nécessaire, aller aussi à la rencontre des particuliers seniors isolés dans leurs maisons», complète-t-il avec motivation.

Les bénévoles préconfigurent les tablettes, puis les désinfectent avant de les envoyer aux personnes âgées. (Photo: Solidar-IT)

Les bénévoles préconfigurent les tablettes, puis les désinfectent avant de les envoyer aux personnes âgées. (Photo: Solidar-IT)

Solidaires après la crise

Solution de crise ne veut pas dire éphémère. Les tablettes resteront dans les maisons de retraite et permettront toujours aux résidents de garder le contact avec leur famille, même après la crise du coronavirus. «Nous demandons aux établissements, via une charte morale, de s’engager à faire bénéficier les résidents des tablettes et ne pas les utiliser pour leurs propres besoins», appuie Nathan Mangenot.

Solidar-IT s’est déjà enregistrée dans l’annuaire des associations et a demandé l’ouverture de son compte bancaire. «Tout s’est lancé en même temps, nous sommes en train de finaliser cela», explique le bénévole.

«L’idée, c’est que ce côté solidaire perdure», poursuit-il. «Les retours des résidents et de leurs familles – via internet – nous donnent envie de continuer». Après la crise, Solidar-IT pourrait donc remplir de nouvelles missions, avec toujours comme objectif de «permettre à l’IT de créer un lien plus fort».