Le Luxembourg compte 28% de résidents fumeurs, dont 19% de fumeurs quotidiens, selon la Fondation Cancer. (Photo: Shutterstock)

Le Luxembourg compte 28% de résidents fumeurs, dont 19% de fumeurs quotidiens, selon la Fondation Cancer. (Photo: Shutterstock)

À l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, la Fondation Cancer révèle les résultats de son étude sur le tabagisme au Luxembourg en 2021. Taux de fumeurs quotidiens ou occasionnels, qu’ils soient des hommes ou des femmes, jeunes ou plus âgés: tous les indicateurs sont à la hausse, alerte-t-elle.

Ce mardi 31 mai se veut sans cigarettes. À l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, la Fondation Cancer publie les résultats de son enquête sur le tabagisme, réalisée par TNS Ilres en 2021. Elle a été menée tout au long de l’année auprès de 3.503 résidents âgés de 16 ans ou plus. Voici les résultats en 10 chiffres, qualifiés d’«alarmants».

28% des résidents fument

En 10 ans, malgré la sensibilisation qui s’est accrue, la part de fumeurs dans la population a augmenté. De 23% en 2012, elle est passée à 28% en 2021. Ce pourcentage n’a «jamais été aussi élevé depuis 2004», indique la Fondation Cancer. Cela représente un total de 147.500 fumeurs. En 2020, 26% des résidents de plus de 16 ans se déclaraient fumeurs, et en 2019, 27%. «Après une stagnation observée de 2013 à 2018, l’année 2021 confirme l’augmentation fulgurante du taux de fumeurs avérés en 2019 et 2020.»

Un jeune sur trois fume

Le plus grand taux de fumeurs se trouve chez les jeunes de 18 à 34 ans, où il atteint 37%. En 2020, il était de 33% chez les 18-24 ans et de 35% chez les 25-34 ans. «Plus on commence à fumer jeune, plus la dépendance est forte et plus on est exposé aux méfaits du tabagisme sur la santé», s’inquiète la Fondation Cancer.

+7% chez les 35-44 ans

La hausse du taux de fumeurs s’observe dans toutes les tranches d’âge. Elle est de quatre points de pourcentage chez les 18-24 ans en un an, de deux points pour les 25-34 ans, de trois points pour les 45-54 ans et de deux points pour les 55-64 ans. Mais la croissance la plus importante se retrouve chez les 35-44 ans, avec sept points de pourcentage pour passer de 28% à 35% de fumeurs. La Fondation Cancer n’a pas d’explications spécifiques sur ce phénomène. «Ce sont les fumeurs avérés qui vieillissent», suppose la directrice de la fondation, Lucienne Thommes.

29% de fumeurs, 27% de fumeuses

On compte toujours plus de fumeurs parmi les hommes que parmi les femmes, même si l’écart s’est réduit. En 2012, 21% des femmes étaient fumeuses, contre 26% des hommes. En 2021, l’étude fait état de 29% de fumeurs et 27% de fumeuses. Un écart similaire à celui de 2020, année où on comptait 27% de fumeurs et 25% de fumeuses.

Plus de 100.000 fumeurs quotidiens

Il y a les fumeurs et les fumeurs quotidiens. Dans le premier cas, pas de définition spécifique, selon la Fondation Cancer: ce sont les sondés qui affirment s’ils se considèrent comme tels ou non, même si sa directrice considère que c’est le cas dès une cigarette par an. Les fumeurs quotidiens sont, quant à eux, ceux qui allument au moins une cigarette par jour. Et leur part croît également. Ils étaient 19% de la population résidente de 16 ans et plus en 2021. «Il faut remonter jusqu’en 2009 pour retrouver un taux similaire.» Cela correspond à 100.092 résidents qui allument quotidiennement une cigarette, soit 11.776 personnes de plus qu’en 2020.

Un adolescent sur trois fume la chicha

La chicha aussi séduit de plus en plus les jeunes. 34% des 16-24 ans ont déclaré en fumer «plus ou moins régulièrement» en 2021, contre 29% en 2020 et 21% en 2013. Pour les 25-34 ans, on passe de 5% de fumeurs de chicha en 2013 à 17% en 2020 et 21% en 2021. Le pourcentage de fumeurs augmente aussi de 10 points pour les 35-44 ans en un an.

«Un fumeur inhale, lors d’une séance de chicha, 125 fois plus de fumée qu’avec une cigarette», détaille Lucienne Thommes. «Le grand souci, c’est que ses dangers sont sous-estimés. Certains parents vont refuser que leurs enfants fument des cigarettes, mais seront moins restrictifs sur la chicha. On sous-estime également le risque addictif.» Selon , une séance de chicha voudrait aussi dire 25 fois plus de goudron et 10 fois plus de monoxyde de carbone qu’en fumant une cigarette.

9,4% de la population fume la cigarette électronique

Concernant la cigarette électronique, 9,4% de la population la fumait en 2021. 56% des fumeurs d’e-cigarette continuaient à fumer des cigarettes classiques. 31% l’utilisent pour arrêter le tabac.

«Le grand souci, c’est que nous ne connaissons pas tous les effets à long terme», regrette Lucienne Thommes. Elle considère la cigarette électronique comme un «moindre mal» pour des personnes qui estiment pouvoir arrêter de fumer grâce à elle, après avoir essayé d’autres méthodes, même si elle n’est pas reconnue officiellement comme moyen de sevrage du tabac. Car «le problème est que beaucoup continuent la cigarette» en parallèle.

La Fondation Cancer ne dispose pas de données antérieures fiables sur la cigarette électronique permettant de constater son évolution.

56% des fumeurs souhaitent arrêter

56% des fumeurs veulent arrêter, 21% diminuer leur consommation. Seul un quart des fumeurs n’a pas l’intention d’arrêter. Un chiffre plutôt stable sur les 10 dernières années, qui a légèrement fluctué. Il a tout de même augmenté par rapport à 2020, où 48% voulaient arrêter, ou à 2019, où ils étaient 56%.

7,9 points en dessous de la moyenne européenne

mène, de son côté, une étude similaire, tous les cinq ans, nommée «European Health Interview Survey» (EHIS). Elle se base sur les données récoltées par les pays, qui ont la liberté de mener eux-mêmes le sondage à l’échelle nationale. En 2019, elle faisait état de 11,4% de fumeurs quotidiens au Luxembourg et de 6,9% de fumeurs occasionnels. Pour les fumeurs quotidiens, le pays se classe donc en dessous de la moyenne des 27 pays membres de l’Union européenne, à 19,3%. En revanche, il la dépasse concernant les fumeurs occasionnels, qui sont 4,9% dans l’ensemble des 27 pays.

Des données différentes de celles de la Fondation Cancer pour 2019. «Ce sont des méthodologies différentes. Eux font l’étude par courrier, nous en ligne», illustre Lucienne Thommes, qui affirme que celles de sa fondation sont les plus précises.

Contacté au sujet de la récolte des données au Grand-Duché, l’institut de sondage européen cite Santé.lu, qui précise que «l’enquête a été conduite en 2014 et en 2019 avec le Luxembourg Institute of Health (LIH) sur un échantillon de plus de 4.000 personnes, représentatif de la population générale âgée de 15 ans et plus et résidant au Luxembourg en dehors d’institutions». Reste à savoir quels seront les chiffres en 2024, date prévue de la prochaine étude.

955 décès par an

La Fondation Cancer demande des mesures, face aux chiffres de son étude. Elle souhaite une hausse du prix du tabac, davantage de campagnes de prévention, l’interdiction de toute forme de publicité ou détournement de publicité sur le tabac, la réduction de la disponibilité des produits de tabac, des mesures pour protéger du tabagisme passif et la mise en place d’un parcours d’aide à l’arrêt effectif. «La moitié des fumeurs actuels mourront prématurément d’une maladie liée au tabac», estime-t-elle. Elle reprend une donnée de 2019 du ministère de la Santé, selon laquelle 955 personnes meurent chaque année du tabac au Luxembourg.