Avec prudence, Luxair plaide pour un traitement juste en matière de taxe carbone entre les compagnies aériennes opérant des vols intra-européens et extra-européens alors que le sujet fait l’objet d’âpres discussions entre les différentes instances européennes.
Interrogé sur sa position concernant les contours de l’évolution à venir du Système d’échange de quotas d’émissions de gaz à effet de serre (Emissions Trading System - ETS), actuellement en discussion au niveau européen, Luxair estime que «toute compagnie aérienne européenne ou opérant des vols intra-européens ou depuis l’Europe vers des pays tiers et inversement, devraient être traitées de manière équivalente. L’homogénéité de ses actions parmi toutes les compagnies aériennes précitées permettra d’éviter des distorsions de concurrence». La compagnie luxembourgeoise se range donc du côté de la position commune portée par Micheal O’Leary, CEO de Ryanair, et William Todts, patron de l’ONG Transport&Environment (T&E).
Les duo plaide pour une extension du système ETS en matière de taxe carbone dans le secteur aérien et plus particulièrement en ce qui concerne les vols extra-européens soumis au régime mondial Corsia. Micheal O’Leary juge le système actuel «totalement injuste». Le dossier fait l’objet d’un «trilogue» (équivalent d’une tripartite) entre les instances européennes puisque le Parlement a récemment voté en faveur d’une telle extension alors que la Commission européenne et le Conseil européen ont voté contre.
12 euros de taxe carbone sur quatre vols Paris-New York
Concrètement, chaque billet d’avion est soumis à une taxe carbone. Ou plutôt, chaque billet d’avion pour un vol intra-européen est soumis à une taxe carbone pour compenser les émissions de CO2 du passager et du vol. à bord d’un Paris-Athènes émet 1,688kg de CO2 et paie un total de 169 euros dans le cadre de l’ETS.
Dans le cadre d’un vol extra-européen, un vol dont le départ ou l’arrivée se trouve en dehors de l’UE, c’est donc le système mondial Corsia qui est de mise et qui remplace le système ETS. T&E a estimé qu’un voyageur d’affaires effectuant quatre vols Paris-New York émet 3,344kg de CO2 et ne paie que… 12 euros sous le régime Corsia.
Micheal O’Leary y voit une concurrence déloyale et demande donc une extension du système ETS aux vols extra-européens. William Todts dénonce pour sa part une injustice sociale qui exclut 58% des émissions de l’aviation européenne alors que les vols long-courriers représentent environ 6% des vols au départ de l’Espace économique européen (EEE), mais la moitié de toutes les émissions de CO2 et de NOx.
Du côté de Luxair, on plaide davantage pour une utilisation raisonnée de l’avion pour réduire efficacement les émissions de CO2 dans l’aviation. «En ce qui concerne la taxation des carburants, celle-ci est à considérer dans le contexte global des charges qui grèvent l’aviation. Luxair s’est toujours manifesté pour garder une aviation régionale de qualité et a condamné les prix de tickets bien en dessous des taxes d’aéroport et de navigation. Luxair appelle de nouveau à une consommation responsable qui tient compte des modèles sociaux en place. Finalement, il y a lieu de réitérer que jusqu’à 10-15% du CO2 émis dans l’aviation pourrait être épargné par un ciel européen unique. Nous estimons que des efforts devront être faits dans ce domaine», a commenté la compagnie aérienne luxembourgeoise.