Les différents syndicats du secteur financier ne sont plus prêts, actuellement, à parler d’une seule voix comme à l’époque du dossier Nordea. (Photo: Matic Zorman/Archives Maison Moderne)

Les différents syndicats du secteur financier ne sont plus prêts, actuellement, à parler d’une seule voix comme à l’époque du dossier Nordea. (Photo: Matic Zorman/Archives Maison Moderne)

La hache de guerre est déterrée entre les différents syndicats du secteur financier. ALEBA et OGBL-LCGB ne se parlent plus et revendiquent chacun les victoires obtenues. Prise de température auprès des principaux protagonistes.

C’est la guerre des tranchées entre les syndicats du secteur financier. Entre l’Aleba et la «coalition» OGBL-LCGB, le dialogue est rompu et les attaques fusent.

Le cas de la prolongation du plan social négocié récemment avec la banque canadienne RBC est assez parlant à ce sujet. Le vendredi 22 janvier, OGBL et LCGB envoient un communiqué dans les rédactions du pays expliquant qu’«après de nombreux échanges entre la direction et les syndicats, un accord sur l’extension du plan social de RBC a enfin été trouvé dans l’intérêt des 43 salariés concernés».

En clair, ces 43 salariés ont obtenu la garantie que s’ils trouvaient un emploi avant la signification de leur licenciement, ils pourraient être licenciés par RBC et empocher leur prime de départ. Une belle victoire syndicale que l’ALEBA annonce également, ce lundi 25 janvier, mais en précisant avoir dû «batailler contre la direction, mais aussi contre le syndicat OGBL-LCGB, lequel se contentait d’une notification unique au 31 janvier 2021 pour les 43 salariés, ce qui aurait évidemment engendré une inacceptable perte de revenus pour les salariés concernés».

Depuis, chacun traite l’autre de menteur, et les ponts sont – provisoirement? – coupés. «Ce qui a été écrit – dans le communiqué de l’Aleba, ndlr – est honteux», s’insurge , secrétaire centrale de l’OGBL. «Le duo OGBL-LCGB est majoritaire chez RBC, et c’est nous qui avons négocié la reconduction du plan social à ces conditions. Nous avons eu de nombreuses discussions avec la direction en décembre et début janvier.»

Je n’ai pas inventé ça et je ne sais pas pourquoi l’OGBL parle ainsi.

 Laurent Mertzsecrétaire généralALEBA

«Un strict mensonge», tonne , secrétaire général de l’Aleba, expliquant que ce sont ses délégués qui se sont battus pour les conditions avantageuses de la prolongation. «Je n’ai pas inventé ça et je ne sais pas pourquoi l’OGBL parle ainsi», poursuit-il. Il rappelle que le même genre de scénario s’est déjà produit lors de , ne comprenant déjà pas à l’époque le retrait de l’OGBL.

L’étincelle est, cette fois, venue de , Luxembourg (ABBL) pour la reconduction de la convention collective du secteur bancaire. En novembre dernier, OGBL et LCGB se sont plaints de ne pas avoir été avertis de la reconduction de cette convention sans leur assentiment. «C’était déjà faux, nous les avons avertis», martèle encore Laurent Mertz.

Je ne me dispute avec personne, je travaille dans l’intérêt des salariés, mais je veux qu’on dise la vérité.

Véronique Eischensecrétaire centraleOGBL

Aujourd’hui, il s’étonne de ne pas voir , la présidente de la CSL (Chambre des salariés), prendre les choses en main pour tenter de dénouer l’écheveau et d’apaiser la situation. «Il n’y a plus aucun contact avec l’ALEBA», confirme Véronique Eischen. «Je ne me dispute avec personne, je travaille dans l’intérêt des salariés, mais je veux qu’on dise la vérité.»

«Nous ne discutons plus, mais ma main est tendue . Je suis prêt à les accueillir pour autant qu’on ne remette pas en question la représentativité de l’Aleba», commente, de son côté, Laurent Mertz.

Faire front pour contrer la crise?

Cette guéguerre syndicale fait un peu tache, alors que l’économie du pays tremble sur ses bases depuis un an et que nul ne sait ce que nous réservent les prochains mois quant à la santé des entreprises. Mais là encore, les estimations des deux syndicats divergent.

«Je ne vois pas de catastrophe arriver dans le secteur financier», assure la représentante de l’OGBL. «Des restructurations, nous en avons toujours connu. Ce qui est clair, c’est que la digitalisation va supprimer certains emplois qui seront en partie remplacés. Ce sont des choses qui doivent être discutées au niveau de la convention collective, tout comme le télétravail.»

Pour Laurent Mertz, par contre, le personnel souffre et l’emploi risque de s’effilocher dans le secteur au cours des prochains mois.

À voir si, d’ici là, les principaux représentants du quart du total des employés au Luxembourg auront su réaccorder leurs violons.