L’ancienne synagogue d’Ettelbruck a ouvert ses portes en 1870 et a survécu à l’occupation nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

L’ancienne synagogue d’Ettelbruck a ouvert ses portes en 1870 et a survécu à l’occupation nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Zoom sur un bâtiment sans prétention dans une rue calme d’Ettelbruck, la seule synagogue du Luxembourg à avoir survécu à la Seconde Guerre mondiale, et une association qui se consacre à la sauvegarde du site et qui travaille à la reconstruction de l’intérieur de l’édifice.

Situé rue de Warken, le lieu de culte a ouvert ses portes pour la première fois en 1870. «Pour Ettelbruck et toute la région, la communauté juive a joué un rôle important à partir du milieu du 19e et du début du 20e siècle», explique Abbes Jacoby, le président de Al Synagog, l’association à but non lucratif qui supervise le site.

Un cimetière juif, qui a également survécu, a été créé en 1881 et une école juive a ouvert ses portes en 1890. Ils sont «de précieux témoins architecturaux et permettent de se remémorer l’histoire de la vie juive à Ettelbruck, mais aussi de manière générale au Luxembourg», précise M. Jacoby.

Lorsque l’Allemagne nazie a occupé le Luxembourg pendant la Seconde Guerre mondiale, les Juifs ont été persécutés et déportés. Mais contrairement aux synagogues de Luxembourg-ville et d’Esch-sur-Alzette, qui ont été rasées, le bâtiment d’Ettelbruck a survécu.

«L’intérieur a été détruit, probablement par des collaborateurs luxembourgeois», raconte M. Jacoby. «La démolition du bâtiment était prévue, mais ils n’ont pas trouvé d’entreprise luxembourgeoise pour le faire.»

Des travaux d’excavation minutieux tentent de découvrir les vestiges du passé que le bâtiment cache encore – avec un certain succès. L’équipe a découvert le mikvé de la synagogue, un bain rituel utilisé, par exemple, lors des cérémonies de conversion. La découverte est «unique» dans la Grande Région, selon le président de l’association. «Des fragments de peintures murales et des parties d’une inscription ont également été retrouvés», ajoute-t-il.

Un lieu de rencontre

Lors de sa fondation, la synagogue pouvait accueillir environ 50 fidèles. Une galerie, accessible à l’avant du bâtiment, était utilisée par les femmes.

Le travail de restauration est ardu. «Parce que nous n’avons aucun document disponible et que nous ne possédons que très peu de photos qui documentent l’état de la synagogue avant 1940, les travaux de rénovation doivent être préparés avec le plus grand soin», explique M. Jacoby. «Chaque trace que nous trouvons lors des travaux d’excavation et des analyses de paroi est incroyablement importante.»

La synagogue a rouvert aux fidèles après la guerre, mais la communauté juive de la région a été décimée. La dernière cérémonie religieuse sur le site a été célébrée en 1962 et la synagogue est devenue un magasin de tapis, avant que la commune ne loue l’espace en tant que centre pour les migrants catholiques.

Ce n’est qu’en 2017 que le bâtiment est devenu monument national et que la commune, avec le consistoire juif, en a repris la gestion. L’asbl Al Synagog Ettelbréck a été fondée en 2019.

«L’objectif de notre association est de créer un lieu d’événements culturels et éducatifs qui favorisent le vivre-ensemble dans la tolérance et le respect», précise Abbes Jacoby.

La synagogue n’est actuellement pas ouverte au public en raison des travaux de rénovation en cours, mais elle devrait faire partie des Journées européennes du patrimoine, qui se dérouleront du 24 septembre au 3 octobre.