Gusty Graas considère que le Luxembourg pourrait s’inspirer du vote électronique américain. (Photo: Julian Pierrot/ Maison Moderne)

Gusty Graas considère que le Luxembourg pourrait s’inspirer du vote électronique américain. (Photo: Julian Pierrot/ Maison Moderne)

Député DP, échevin à Bettembourg, Gusty Graas faisait aussi partie des observateurs luxembourgeois de l’OSCE chargés de surveiller le bon déroulement des élections américaines.

Comment l’élection s’est-elle déroulée dans les bureaux de vote américains?

. – «Tout était très bien organisé, avec de nombreuses personnes sur place pour guider les électeurs. Le constat est donc favorable. Mais le problème majeur reste les différences de législation entre États.

En quoi cette absence d’uniformité pose-t-elle problème?

«Cela explique pourquoi la situation est si compliquée aujourd’hui. Ainsi, avec le vote par correspondance, certains États acceptent les bulletins avec une date d’envoi allant jusqu’au 3 novembre, d’autres non. Il faut une législation uniforme valant pour tous les États.

Quelles différences avez-vous remarquées avec le Luxembourg?

«Le vote peut se faire soit par bulletin classique, soit par machine électronique. Et il n’y a pas de cabines électorales. Or, comme il n’y a pas de rideaux, en s’approchant, il est possible de voir. J’ai mis cette critique dans mon rapport: selon nous, l’intimité n’est pas garantie.

Quelle était l’atmosphère dans le pays?

«Elle n’était pas concentrée autour des élections. Sauf devant la Maison-Blanche, avec des manifestations en permanence et une présence policière massive. Mais, à part de petites émeutes la nuit, c’était paisible. Ce qui m’a surpris, c’était autour des bureaux de vote…

Qu’y avez-vous observé?

«Il est toujours possible d’influencer les électeurs, avec de la propagande, de la musique, la distribution de flyers. Rien de négatif à cela, chacun faisait de son mieux et c’était sympa. Mais c’est impensable au Luxembourg…

Cette expérience vous a donné des idées pour le Luxembourg?

«Je suis pour notre système électoral, très bien organisé et où la fraude est presque inexistante. Mais nous pourrions discuter du vote électronique sur place.

Avez-vous été surpris par la décision de l’entreprise grecque Fage de ne pas s’implanter dans le pays?

«Un peu, mais si on analyse le dossier, c’est aussi compréhensible. La pression a augmenté. Les décideurs ont dû prendre cette décision parce qu’il y avait trop de problèmes…

Fage a-t-elle commis des erreurs?

«Fage n’est jamais entrée en dialogue avec le collège échevinal. Ce qui est incompréhensible, car il faut entretenir de bonnes relations. Mais le ministère de l’Économie, qui n’a pas informé Fage des problèmes qui pouvaient survenir, est aussi critiquable.

Quelle leçon doit-on tirer de cet échec?

«Les procédures doivent être améliorées, avec un cadre strict, un meilleur cahier des charges incluant différents critères, notamment environnementaux.


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Est-ce un mauvais signal envoyé aux entreprises?

«Avec la paix sociale, l’environnement fiscal, des chemins très courts, l’ambiance est positive dans le pays et les entreprises voudront venir. Mais elles devront respecter les critères du développement durable.

Après cet épisode, l’ambiance s’est-elle détériorée au sein de la coalition?

«Certes, il y a eu des désaccords entre l’économie et l’environnement. Mais la situation s’est bien réglée avec la décision de Fage. Pour les implantations futures, une bonne coordination entre ministères sera nécessaire.

Comment jugez-vous la gestion gouvernementale de la crise sanitaire?

«La situation est très délicate. Les chiffres sont alarmants. Mais le pays me paraît en bonne voie pour ne pas miner l’économie tout en protégeant la sécurité des citoyens.

Comment le pays s’en sort-il face à la crise économique?

«Si on prend le taux d’emploi, l’évolution n’est pas trop négative. Et d’ici quelques mois, il y aura des améliorations. Mais je ne suis pas naïf: la situation est grave et le problème ne va pas se résoudre en une ou deux années…

L’impact de la crise sur les finances des communes vous inquiète?

«Avec 500 millions d’euros en moins, c’est une petite ca­tastrophe. Des projets devront être adaptés. Et ces investissements non réalisés auront aussi un impact négatif, notamment sur le secteur de la construction.»

Cet article a été rédigé pour l’édition magazine de  qui est parue le 25 novembre 2020.

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