Le service Localyze.lu fait apparaître une concentration de magasins de mode autour de la Grand-Rue et de la place d’Armes à Luxembourg-ville. (Screenshot: Localyze.lu)

Le service Localyze.lu fait apparaître une concentration de magasins de mode autour de la Grand-Rue et de la place d’Armes à Luxembourg-ville. (Screenshot: Localyze.lu)

Un an après le renouvellement du Pakt Pro Commerce, le cadastre commercial reçoit le satisfecit de ses initiateurs. Son outil phare, Localyze.lu, a attiré 71 entreprises du commerce de détail souhaitant se développer. Un bon résultat, selon la Luxembourg Confederation.

Des boulangers aux coiffeurs en passant par les hôtels, environ 9.000 points de vente de trois secteurs (artisanat, commerce de détail et horeca) sont répertoriés dans le cadastre du commerce. Il s’agit du projet phare du Pakt Pro Commerce lancé en 2016 par la Direction générale des classes moyennes, la Chambre de commerce et la Confédération luxembourgeoise du commerce. Le pacte a été renouvelé . Ce «catalyseur du commerce local» tient-il ses promesses?

Parmi les offres basées sur le cadastre lancées l’an dernier, une initiative se détache: Localyze.lu. Destiné aux entreprises qui ont besoin d’une étude de marché dans une optique de développement, le service (gratuit) donne accès à des cartes interactives, des statistiques sur l’évolution de l’industrie spécifique et, sur demande, à des conseils individuels. Les inscriptions sont ouvertes depuis le 2 mars 2023. À ce jour, informe le ministère de l’Économie, 122 entreprises individuelles sont enregistrées. Dont 71 dans le commerce de détail.

Objectif largement dépassé

Directeur de la Luxembourg Confederation et président de l’Observatoire national des PME, se réjouit de ce résultat. «Notre objectif initial, entre 25 et 30 inscriptions pour la première année, est largement dépassé», indique-t-il. Et de mettre en perspective: «Notre base de données pour le commerce de détail compte 2.000 entreprises, dont seulement environ 330 à 350 ont davantage qu’un magasin. Toutes les autres ont un seul magasin et ne veulent pas forcément en ouvrir un deuxième. Or, ce service cible les commerçants qui veulent se développer. Les 71 entreprises du commerce de détail qui nous ont sollicités représentent donc environ 20% des entreprises ciblées dans ce secteur. Pour nous, c’est déjà très bien.»

L’enregistrement pour les entreprises se veut simple, avec un formulaire rapide de vérification. Une fois inscrit, on accède à une carte affichant tous les points de vente dans la base de données, classés par secteur et sous-branche. Parmi les fonctionnalités:

- l’utilisateur peut filtrer les résultats par secteur, taille du commerce, emplacement, etc.;

- Localyze.lu propose la création de zones de chalandise en voiture ou à pied;

- l’utilisateur peut obtenir des données démographiques: population environnante, revenus, habitudes de dépenses, etc.;

- des filtres avancés permettent de cibler des informations spécifiques, comme le trafic routier, les transports publics, etc.;

- Localyze.lu propose des analyses personnalisées et complémentaires, accessibles à toute entreprise inscrite;

- le service est disponible en plusieurs langues: français, allemand et anglais.

Si notre cible est le commerce de détail, il y a une adhésion au-delà de ce secteur.
Tom Baumert

Tom BaumertdirecteurLuxembourg Confederation

Que sait-on des utilisateurs? L’exemple type évoqué par l’Observatoire national des PME est celui d’un fleuriste qui voulait ouvrir un magasin à Kayl, dans le sud du pays. En demandant des données spécifiques sur la zone de chalandise, la concurrence, le pouvoir d’achat…, l’entreprise a pu affiner son business plan.

Mais «si notre cible est le commerce de détail, il y a une adhésion au-delà de ce secteur», constate Tom Baumert. Sur les 122 entreprises inscrites à Localyze.lu, 23 sont actives dans les services, 22 dans l’horeca et 5 dans l’artisanat alimentaire. Les services? «Cela peut être une start-up qui conçoit une app et veut savoir combien il y a d’hôtels au Luxembourg», illustre le directeur de la Luxembourg Confederation.

Secteur immobilier intéressé

Coordinateur de projet et analyste de données au sein de l’organisation patronale, Joe Guerkinger ajoute que «des entreprises immobilières manifestent un intérêt particulier pour l’état du commerce, étant donné leur implication dans la vente ou la location de points de vente». Certaines entreprises de consulting sollicitent parfois aussi l’accès aux données, mais «une vigilance particulière s’applique à leur égard, pour éviter toute utilisation commerciale indue des données». D’autre part, même si des entreprises de services peuvent accéder à la carte interactive, elles ne bénéficient pas de toutes les analyses supplémentaires.

À noter que le grand public peut, lui aussi, consulter une sélection des données du cadastre via le site étatique Geoportail.lu. Joe Guerkinger précise: «Nous mettons nos données à disposition de Geoportail.lu et on peut y accéder par catégorie. L’avantage de Localyze.lu par rapport à Geoportail.lu est qu’on peut filtrer les résultats, donc obtenir les données dans une forme adaptée aux besoins des entreprises.»

Nous observons une utilisation étendue et percevons un potentiel de croissance significatif.
Bérengère Beffort

Bérengère Beffortporte-paroleChambre de commerce

La Chambre de commerce voit dans ces résultats, de manière plus générale, le signe que le cadastre atteint sa cible. Cette base de données, qui correspond à une cartographie de l’offre commerciale nationale, permet de mieux suivre l’évolution des différents secteurs du commerce et d’identifier les tendances, par exemple l’évolution du taux de vacance («Leerstandskadaster»).

«Le nouveau cadastre du commerce est fort utile, que ce soit comme outil d’étude de marché, pour sélectionner un site d’implantation d’activités ou encore dans une dimension de promotion de site et de marketing urbain», souligne la porte-parole Bérengère Beffort. «Grâce au cadastre et aux offres et services qui y sont associés, le paysage commercial est devenu plus accessible et transparent dans son ensemble. Les discussions sur les défis actuels ou les tendances de certains secteurs peuvent ainsi être menées de manière plus objective.»

La Chambre de commerce observe «une utilisation étendue et un intérêt général élevé qui se manifeste également par les demandes de données provenant d’entreprises privées. Par conséquent, cet outil s’avère indispensable pour s’appuyer sur des données concrètes dans la prise de décisions futures». Avec ces premiers constats, et alors que les outils et les services poursuivent leur développement, la Chambre perçoit «un potentiel de croissance significatif».