À l’école internationale de Differdange et Esch-sur-Alzette (Eide), environ 50% des élèves sont des résidents de Differdange, 30% viennent des communes limitrophes et 20% sont des frontaliers. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne/archives)

À l’école internationale de Differdange et Esch-sur-Alzette (Eide), environ 50% des élèves sont des résidents de Differdange, 30% viennent des communes limitrophes et 20% sont des frontaliers. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne/archives)

Les familles commencent à recevoir des réponses à la demande d’admission de leur(s) enfant(s) dans une des six écoles internationales. Toutes ne sont pas favorables. La demande est forte.

«Quand nous avons ouvert en septembre 2016, certains observateurs pensaient que ça n’allait pas marcher. Et nous avions même eu du mal à remplir nos classes. C’est incroyable quand on voit qu’aujourd’hui, nous devons refuser des élèves.» Le constat est de Gérard Zens, directeur de l’École internationale de Differdange et Esch-sur-Alzette (Eide). Les périodes d’inscription pour les six écoles internationales se sont achevées en mars et les premières réponses arrivent.

«Je ne peux pas encore communiquer sur les chiffres pour la rentrée 2024-2025, mais à la rentrée dernière, 4.976 élèves étaient inscrits dans les écoles européennes agréées du pays», complète Robert Hendel, chef du service des offres internationales et européennes au ministère de l’Éducation nationale. «Un chiffre en constante augmentation, puisque de nouvelles classes ouvrent chaque année par établissement.»

482 nouveaux élèves pour 1.614 demandes

Le pays compte aujourd’hui six écoles internationales (aussi appelées «écoles européennes agréées», car suivant le programme européen et délivrant un baccalauréat européen): l’Eimab à Mersch, l’Eide à Differdange/Esch-sur-Alzette, l’EIMLB à Mondorf-les-Bains, le Lënster Lycée à Junglinster, le Lycée Edward Steichen à Clervaux et l’École internationale Gaston Thorn à Luxembourg-ville, qui a vécu sa première rentrée en septembre 2023.

Et si le nombre d’élèves ne cesse d’augmenter, le nombre de refus augmente également, puisque la demande de la part des familles est de plus en plus forte. «Nous avons des demandes toute l’année. Pour cette année scolaire 2023-2024, nous avons plus de 1.614 demandes à ce jour, et nous avons pu admettre 482 nouveaux élèves (soit un ratio de 29% de nouveaux dossiers acceptés, ndlr), ce qui est tout de même un chiffre important, pour nos trois sites d’Esch-sur-Alzette, Differdange, et Schifflange», poursuit Gérard Zens, qui est à la direction de l’Eide depuis sa création en 2016 aux côtés d’Elisabeth Da Silva, directrice adjointe. L’établissement compte actuellement 2.200 élèves pour 240 enseignants.

20% de frontaliers à l’Eide

«Pour la rentrée 2024, nous venons de commencer les inscriptions. Jusqu’à présent, on compte 1.224 demandes pour 284 nouvelles admissions. Rien qu’en première année de maternelle, où nous avons ouvert en septembre dernier une section francophone et une section anglophone, il y a eu 80 et 70 demandes, pour des classes de 20 élèves, donc toutes les demandes n’aboutissent pas, malheureusement.»

Quels critères sont dès lors prioritaires? Certains parents déçus estiment qu’il y a une notion de «premier arrivé, premier servi». «Il y a une période pour réaliser son inscription; en l’occurrence, cette année, c’était du 1er au 15 mars. Les inscriptions reçues avant le 15 mars sont prioritaires par rapport aux inscriptions reçues plus tard, mais nous réalisons des inscriptions, certes plus minimes, tout au long de l’année. Parmi nos critères premiers, il y a l’aspect géographique. Les enfants habitant Differdange ou les communes limitrophes sont prioritaires, tout comme les frères et sœurs d’enfants déjà scolarisés dans notre établissement. Il faut aussi montrer l’intérêt qu’a notre école pour la scolarité de l’élève, par rapport au système luxembourgeois ou à celui de son pays de résidence.» À l’Eide, près d’un élève sur deux est résident de Differdange, 30% viennent des communes limitrophes et 20% sont des frontaliers.

L’alphabétisation en français, nouvelle piste

Au vu de la demande toujours plus forte, pourquoi ne pas ouvrir plus de classes? «Parce qu’il faut que les effectifs enseignants et les infrastructures suivent», répond Robert Hendel. «Si l’on ouvre par exemple deux nouvelles classes de maternelle, il faut augmenter les années suivantes toutes les autres classes et ce n’est pas si facile.»

Dans l’accord de gouvernement, la coalition s’est engagée à ouvrir trois nouvelles écoles internationales: dans les agglomérations d’Esch-sur-Alzette, Dudelange et Luxembourg-ville, mais aucune date n’est pour l’instant avancée quant à leur ouverture.

En parallèle de l’ouverture de ces écoles internationales, le gouvernement mise sur une autre stratégie: celle de l’alphabétisation en français. dans quatre écoles fondamentales (Larochette, Nelly Stein à Schifflange, Deich à Dudelange et Oberkorn à Differdange).

«Car ce qui pose problème pour certains jeunes du pays, c’est l’alphabétisation en allemand. Quand ils n’ont personne à la maison pour les aider à faire leurs devoirs, ils se retrouvent en difficulté dans le système scolaire luxembourgeois», confirme Gérard Zens, qui était, avant de prendre la direction de l’Eide, le chef du service des études secondaires au sein du ministère. Et qui a œuvré, depuis les premières heures, aux côtés du ministre de l’Éducation nationale,  (DP), pour développer ce projet d’offre internationale dans l’enseignement au Luxembourg.

98% de réussite au bac

«Nous avions observé de grandes différences d’orientation entre la moyenne nationale et les élèves de Differdange. Alors que le pourcentage d’enfants intégrant le lycée classique était de 40% au niveau du pays, il était de moins de 10% à Differdange, et ce sur dix années de suite, malgré des centaines de naissance. Il y avait donc un problème et ce n’était certainement pas une question d’intelligence.»

C’est ainsi que le projet d’avoir des établissements dispensant le programme européen a débuté. Et la première promotion de bacheliers a été diplômée l’été dernier, avec un taux de réussite de 98%. «Notre but n’est pas d’avoir un taux excellent au bac – c’est notre espoir –, mais le but premier de l’école est de donner une chance aux élèves qui habitent Differdange, Esch-sur-Alzette ou les communes limitrophes et qui, dans le système traditionnel, n’ont pas cette chance de réussir. Et l’objectif est également de ne pas diminuer les standards et les exigences du système de notre pays», précise le directeur de l’Eide.

À l’Eide, 28,54% des élèves ont la nationalité française, 25,08% luxembourgeoise, 21,44% portugaise et 7,43% indienne. L’établissement recense 105 nationalités différentes, 503 élèves ont deux nationalités et 94 ont même trois nationalités.