Jean-Marie de Crayencour, country manager Visa Belux, observe des progressions pour des activités liées au paiement électronique pendant la crise. (Photo: Visa)

Jean-Marie de Crayencour, country manager Visa Belux, observe des progressions pour des activités liées au paiement électronique pendant la crise. (Photo: Visa)

En tant que développeur de cartes de crédit, Visa a souffert de la fermeture d’activités telles que l’horeca, les voyages ou les commerces. Comment l’entreprise a-t-elle vécu la crise? Éléments de réponse avec Jean-Marie de Crayencour, country manager de Visa Belgique-Luxembourg.

Comment la crise sanitaire a-t-elle influencé l’activité de Visa?

Jean-Marie de Crayencour. – «Depuis le début de la crise, nous avons observé un succès croissant du commerce en ligne. Au Luxembourg, plus de 5% des détenteurs actifs de cartes Visa qui n’effectuaient pas d’achats en ligne avant le Covid-19 effectuent désormais des transactions e-commerce (mars 2020-septembre 2020). Il s’agit d’une progression importante. Nous avons aussi vu que la carte de débit était beaucoup utilisée pour les achats domestiques. Enfin, troisième tendance, la technologie de paiement sans contact et de paiement mobile sans contact comme Apple Pay ou les objets connectés a connu une accélération très importante. En Europe, aujourd’hui, nous constatons que plus de 80% des paiements sont désormais sans contact (septembre 2020). Au Luxembourg, on en est à 70%. Avec le relèvement de la limite de 25 à 50 euros par transaction au début de la crise sanitaire, nous avons perçu une augmentation de 10% entre mars et septembre de l’utilisation du sans-contact. Nous pensons que ce sont des habitudes pourraient perdurer.

Vos derniers résultats trimestriels au niveau mondial montrent trois trimestres de baisse avant une remontée, ces derniers mois. À quoi a été essentiellement liée cette baisse?

«Avant tout au secteur du voyage qui a été très affecté par les mesures prises pour lutter contre le coronavirus. Mais je suis positivement étonné de voir que, même si nous sommes affectés, nous nous maintenons très bien. La tendance au paiement électronique s’est, de manière générale, accélérée pendant la crise, et nous n’imaginons pas que le consommateur revienne en arrière. Évidemment, les fermetures des restaurants nous ont impactés, mais il faut bien voir que Visa c’est bien plus que les restaurants ou les voyages. Nous sommes une société de technologie de paiement qui facilite les transactions au quotidien pour tous les types d’usage. Si certains secteurs que nous servons ont connu de gros soucis, d’autres, comme le e-commerce, se sont beaucoup développés sur la même période.

Visa bénéficie d’un quasi-monopole au Luxembourg. Comment vivez-vous cette situation?

«Dans tous nos marchés, et au Luxembourg en particulier, nous essayons de comprendre de quoi les consommateurs auront besoin à l’avenir. Et donc, avec nos clients bancaires, nous essayons de construire ensemble les solutions qui leur permettront d’offrir le produit qui convient le mieux aux besoins actuels et futurs. Nous sommes évidemment ravis de voir que de plus en plus de banques nous font confiance.

Ces tendances du futur, vers quoi s’orientent-elles?

«La grande tendance est au paiement par tokenisation, le fait de remplacer les informations sensibles d’une carte par un jeton unique installé dans un objet connecté et qui permet de réaliser des transactions électroniques de manière tout à fait sécurisée. C’est la technologie qu’Apple Pay, Fitbit ou Garmin utilisent. De nouveaux usages sont en train d’être développés. On peut par exemple imaginer que, demain, on ne doive plus recourir au terminal de paiement à la station-service. La transaction pourrait être effectuée directement grâce à un token installé dans la voiture et qui représente votre carte de paiement. On peut aussi imaginer l’installation d’un token sur son frigo pour pouvoir commander les biens qui manquent directement depuis sa cuisine. Il s’agit donc de transactions potentielles qui n’existent pas encore aujourd’hui. Nous avons encore un énorme champ devant nous en termes de paiement électronique.

16 banques européennes sont en train de monter un projet de carte de crédit pour vous concurrencer. Vous préparez la parade?

«Une part importante des transactions de paiement de détail en Europe se faisant encore en espèces, il est clair que les paiements numériques peuvent se développer grâce à une innovation accrue et à une concurrence ouverte. Il est important de noter que nous partageons l’avis exprimé par les membres d’EPI dans leur annonce selon laquelle toute nouvelle solution de paiement paneuropéenne doit apporter des avantages concrets aux consommateurs et aux commerçants européens, et nous sommes impatients de discuter de la manière dont nous pouvons soutenir cet objectif.»