Les Spot de Boston Dynamics permettent d’aller mesurer les avancées sur les chantiers. Et de gagner du temps et de l’argent, mais pas de construire des maisons. (Photo: Boston Dynamics)

Les Spot de Boston Dynamics permettent d’aller mesurer les avancées sur les chantiers. Et de gagner du temps et de l’argent, mais pas de construire des maisons. (Photo: Boston Dynamics)

Mercredi dernier, Boston Dynamics annonçait lancer la commercialisation de ses «Spot», sortes de robots-chiens sans tête, en Europe. L’entreprise de construction Stugalux en a déjà acheté deux. Avec deux arrière-pensées.

«Il y avait le marteau. Puis, la pelle mécanique. Maintenant, il y a le robot.» Le CEO de Stugalux, Joël Schons, a inventé le darwinisme de l’outil. «Car c’est un outil», rappelle-t-il à plusieurs reprises. «Ces robots ne vont pas construire des maisons demain, ni après-demain. Nous avons tellement de travail et de besoins que ce n’est vraiment pas le sujet!»

L’entreprise de construction sera une des premières en Europe à utiliser ces deux chiens sans tête de Boston Dynamics. L’entreprise américaine a seulement annoncé mercredi dernier qu’elle ouvrait les ventes en Europe, au Royaume-Uni et au Canada, après avoir mesuré l’intérêt des entrepreneurs dans une opération «Early Adopters», à laquelle Stugalux était associée.

Deux fois par semaine, les deux Spot de Stugalux vont aller parcourir quelques-uns des 200 chantiers sur lesquels travaillent 400 salariés, pour vérifier que le chantier avance conformément au cahier des charges. Leur laser et leur caméra embarqués leur permettront de tout savoir de chaque millimètre de chantier.

Un feed-back pour coordonner les équipes

Il y a une dizaine d’années déjà que l’entreprise est passée au BIM, le «building information modeling». «Nous avons digitalisé tous nos plans de chantier. Comme nous nous occupons aussi bien du gros œuvre que des finitions, chaque robinet placé à un endroit différent du plan parce que le contremaître a une bonne raison de le faire peut nous faire perdre du temps dans la gestion du chantier», explique le dirigeant. À quelques heures ou quelques jours de retard par chantier, l’addition peut vite devenir salée.

«Nous avions besoin de ce feed-back, qui nous permet de nous adapter plus vite», explique-t-il, pour justifier cet investissement à plus de 150.000 dollars, chacune de ces bestioles valant plus de 75.000 dollars, selon le prix catalogue. Les deux robots exerceront d’abord sous le contrôle d’un humain, avant d’être capables de se débrouiller tout seuls lorsqu’ils seront amenés sur un chantier.

Mais ce n’est pas tout. «J’aimerais aussi faire comprendre aux jeunes que la construction, ce n’est pas que remuer des cailloux. Ce n’est pas que pour les vieux. Nous y amenons petit à petit de la technologie pour nous aider», dit-il, comme un vibrant appel à embrasser les métiers de la construction, qui cherche sans arrêt… des bras, dans un marché à flux tendu.

«Il faut que ce soit aussi simple que d’utiliser un iPhone la première fois. Souvenez-vous, à l’époque, il fallait presque un ingénieur pour installer une application!»