D’après l’ITM, la recherche médicale reconnaît «l’existence d’une relation entre les styles managériaux à caractère abusif, irrespectueux, menaçant, hostile, harcelant, dépourvu de signes de reconnaissance» et le risque accru de burn-out. (Photo: Shutterstock)

D’après l’ITM, la recherche médicale reconnaît «l’existence d’une relation entre les styles managériaux à caractère abusif, irrespectueux, menaçant, hostile, harcelant, dépourvu de signes de reconnaissance» et le risque accru de burn-out. (Photo: Shutterstock)

Service créé par la Chambre des salariés (CSL) et la Ligue luxembourgeoise d’hygiène mentale (LLHM), le Stressberodung offre aux salariés en situation de stress au travail un accompagnement gratuit et les conseils d’un psychologue pour les aider. Le point avec la psychologue qui assure ce service, Mirjana Vasiljevic.

Comment définissez-vous le bien-être au travail?

Mirjana Vasiljevic. – «Selon moi, c’est d’aller avec plaisir au travail, avec une forme de légèreté, sans crainte ni mal de ventre, et d’aimer ce que l’on fait.

Comment fonctionne le Stressberodung?

«Ce service prend en charge les personnes qui souffrent de stress au travail. Cela peut être un stress causé par un conflit avec un collègue ou une surcharge de travail, ou encore des difficultés à concilier vie professionnelle et vie privée. Il a été créé en 2010 et reçoit tous les salariés sur demande, de façon confidentielle. Il suffit de nous contacter.

Comment se passe la prise en charge?

«D’abord, nous avons limité à cinq le nombre de rendez-vous par personne pour réduire l’attente et qu’un maximum de personnes puissent en bénéficier. Car une personne qui nous appelle a besoin d’aide au plus tôt. Pas des mois après. Le fait de rencontrer un psychologue peut être intimidant. Lors du premier rendez-vous, j’explique le déroulement, car certains ne savent pas toujours à quoi s’attendre. Je leur demande pourquoi ils sont ici, quel est leur objectif, et nous faisons une anamnèse (récit des antécédents, ndlr). Nous travaillons ensuite sur la réduction du stress, en adaptant les techniques selon la cause du stress. La première étape est toujours de chercher à identifier la cause.

Quelles sont les causes de stress souvent citées par les salariés?

«Il s’agit souvent d’une charge de travail trop élevée, ou de désaccords ou incompréhensions entre collègues qui peuvent mener à des conflits.

Les feux tricolores de Kaluza (2011) illustrent la naissance des facteurs de stress. (Source: Stressberodung, Chambre des salariés/Ligue luxembourgeoise d’hygiène mentale)

Les feux tricolores de Kaluza (2011) illustrent la naissance des facteurs de stress. (Source: Stressberodung, Chambre des salariés/Ligue luxembourgeoise d’hygiène mentale)

Quels sont les signes qu’un manager peut identifier et qui révèleraient du stress chez un collaborateur?

«Le changement d’humeur ou d’attitude chez un salarié qui devient par exemple plus agressif, ou alors beaucoup plus calme, voire détaché. Il peut aussi y avoir des oublis, des erreurs qui n’étaient pas faites avant ou un changement de comportement. Je conseillerais alors au manager d’opter pour la communication, d’écouter le collaborateur et de lui proposer de l’aide sur les points soulevés. Certaines entreprises vont plus loin et proposent, par exemple, de la sophrologie.

Sophrologie, yoga, méditation… Ces pratiques sont-elles vraiment efficaces pour lutter contre le stress qui vient du travail?

«Oui, cela aide de toute façon à se relaxer. Mais le mieux est de parvenir à trouver la source du stress et de la cibler. Une fois que l’on a identifié la cause, on peut trouver des solutions pour agir.

Et le sport?

«Le sport peut être une bonne solution si on en a fait à temps. Mais si l’on est déjà éprouvé et dans une forte situation de stress, avec un épuisement établi, commencer à pratiquer du sport dans ce cadre risque de rajouter un challenge qui peut finalement créer un stress supplémentaire.

Certains préten­dent mieux travailler en situation de stress. Il est possible d’avoir l’impres­sion d’être plus productif, mais il faut aussi voir les résultats…

Mirjana Vasiljevicpsychologue

Quels sont les signes que le salarié peut identifier pour éviter de se laisser submerger?

«Cela diffère évidemment selon les personnes: perte de l’appétit, maux de ventre ou de tête, ou une diarrhée. Ce sont de petits signaux que nous envoie notre corps pour nous dire que quelque chose ne va pas bien, comme un GPS interne qui nous dit de changer de direction! Cela peut aussi être un changement au niveau de la qualité du sommeil: se réveiller souvent pendant la nuit ou se sentir encore très fatigué au réveil. Par ailleurs, penser à une situation de stress et être réellement stressé ne fait pas grande différence dans le corps, le processus qui se passe à l’intérieur est similaire. D’où l’importance de la pleine conscience.

C’est-à-dire?

«Il s’agit d’essayer de rester dans le moment présent. Par exemple, après une grosse journée de travail, lorsqu’on rentre à la maison, il faudrait éviter de réfléchir à ce que l’on n’a pas eu le temps de faire, à ce que l’on doit faire demain… Sinon on ne se détache pas mentalement et le stress reste. Ce qui peut aider, c’est d’apprendre à guider nos pensées. Un bon exercice est de décrire un objet, de façon la plus objective possible. Quand je l’explique, cela peut paraître banal, mais cet exercice permet d’apprendre à se détacher du jugement, de l’interprétation. Lorsque l’on reste objectif, on guide nos pensées vers quelque chose d’objectif, ce qui va relaxer notre système nerveux.

Pourquoi les entreprises ont-elles tout intérêt à prendre en compte le bien-être et la santé au travail?

«Cela peut contribuer à diminuer l’absentéisme ou le taux de maladie. En termes de productivité, je pense que lorsque l’on a moins de stress, on est forcément dans de meilleures conditions pour travailler. Certains prétendent mieux travailler en situation de stress. Il est possible d’avoir l’impression d’être plus productif, mais il faut aussi voir la qualité du travail, car on peut travailler bien plus, mais avec des résultats moins bons. Il est essentiel de s’imposer des phases de récupération et de repos. Sinon notre système reste dans une situation de stress qui, à force, va devenir dangereux pour la personne. Après chaque phase, il faut prendre un peu de temps, pour mieux se préparer à une prochaine phase de stress…»

Cet article a été rédigé pour l’édition magazine de parue le 20 novembre. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.  

 

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