Parmi les 40 entreprises ou institutions qui ouvraient leurs portes, figurait Stoll, devenue l’unique matelassier du Luxembourg quand son fournisseur de pneus, Dunlop, a créé Dunlopillo, après la Seconde Guerre mondiale. (Photo: Paperjam)

Parmi les 40 entreprises ou institutions qui ouvraient leurs portes, figurait Stoll, devenue l’unique matelassier du Luxembourg quand son fournisseur de pneus, Dunlop, a créé Dunlopillo, après la Seconde Guerre mondiale. (Photo: Paperjam)

31.000 personnes ont répondu à l'invitation d'une quarantaine d’entreprises, ce week-end. Stoll ouvrait ses portes à la zone d’activités d’Ehlerange. L’unique fabricant de matelas du Luxembourg ne se repose pas sur ses lauriers pour offrir du sur-mesure à ses clients. Depuis près de 70 ans.

Le meilleur moyen d’avoir le petit-déjeuner au lit, ce dimanche, était peut-être d’aller visiter l’unique lieu de fabrication de matelas au Luxembourg. Ce n’est pourtant qu’après une grasse matinée bien méritée que les visiteurs ont commencé à arriver à la zone d’activités d’Ehlerange.

«Si vous cherchez à acheter pas cher des matelas qui sont faits en Chine par des enfants puis qui sont traités avec toute une série de produits pour résister à leurs six mois de transport, ce n’est pas chez nous qu’il faut venir.» Yves Schroeder ne se cache pas derrière son petit doigt.

L’ancien responsable informatique de Stoll, repéré par Robert Stoll, l’éternel dirigeant du groupe, a accepté la direction de cette unité d’un groupe qui comprend aussi des extincteurs, des camions ou de la sécurité.

70e anniversaire en 2020

Sa visite débute là, dans le magasin. «L’aventure du groupe Stoll commence... avec des alcools pour voitures, des extincteurs et des pneus. Il y a 69 ans. Après la Seconde Guerre mondiale, le fournisseur de pneus, Dunlop, annonce avoir développé un processus de fabrication de matelas avec du latex». Bien connu sous la marque Dunlopillo.

Stoll devient maître matelassier. L’unique fabricant du Luxembourg est capable aujourd’hui de vendre 22 sortes de matelas, tous faits sur mesure en fonction du client, de sa morphologie et de la manière dont il dort. Dans la salle la plus au fond, le trésor: des blocs de latex qui attendent d’être façonnés.

Informaticien du groupe, Yves Schroeder a été repéré par Robert Stoll qui lui a demandé de diriger l’unité qui fabrique et commercialise les matelas. (Photo: Paperjam)

Informaticien du groupe, Yves Schroeder a été repéré par Robert Stoll qui lui a demandé de diriger l’unité qui fabrique et commercialise les matelas. (Photo: Paperjam)

«Nous avons établi un cahier des charges. Le latex vient de l’hévéa, à raison de 50 à 150ml par jour. Les forêts se trouvent en Malaisie, au Sri Lanka ou au Guatemala», explique encore celui dont la maman et la belle-mère sont couturières.

La production de la matière première répond au «cradle to cradle», un cycle vertueux et respectueux de l’environnement. «Sur ces sites, il n’y a pas d’enfants, nous répondons aux normes sociales et nous compensons intégralement le transport de nos produits. Les forêts répondent elles-mêmes à toutes les normes environnementales. Après dix ou quinze ans, selon la production, ces arbres sont intégrés dans la production de meubles.»

1%, la marge qui garantit la qualité

Sa main dessine l’avenir des vieux matelas, refondus, qui reviennent dans la production des nouveaux matelas à 26% après un processus de pyrolyse.

De ces blocs de latex naissent les matelas à partir de moules qui prévoient les alvéoles qui vont permettre au matelas de respirer, d’absorber la transpiration et d’éviter les acariens. «Avec ce dispositif», montre-t-il avec un appareil de démonstration, «70 à 80% des acariens disparaissent», explique M. Schroeder.

Le test sur quinze points ne tolère pas plus de 1% de différence de résistance.

«Récemment, un client est venu nous dire qu’il avait un Stoll qui commençait à se creuser. Comme ce n’est pas possible, nous avons envoyé un expert chez lui. Effectivement, le matelas se creusait... mais il datait de 1984! 35 ans plus tard, il avait toujours le même matelas, tellement il en était satisfait. Nos matelas ont plutôt une durée de vie de 10 à 12 ans. Vous imaginez bien qu’en 35 ans, le corps change et avec lui l’utilisation du matelas», s’amuse l’ancien informaticien, sollicité à droite et à gauche par quelques-uns des 18 employés du site pour que tout soit parfait pour la visite.

Le produit de base pour la prison et les militaires est plus «dur» et surtout traité pour qu’il soit impossible d’y mettre le feu. (Photo: Paperjam)

Le produit de base pour la prison et les militaires est plus «dur» et surtout traité pour qu’il soit impossible d’y mettre le feu. (Photo: Paperjam)

Le sur-mesure implique de répondre «oui» à toutes les demandes des clients, même les plus saugrenues. L’armée ou la prison ont des matelas différents, plus durs, mais surtout auquel il est impossible de mettre le feu. Un autre client voulait s’acheter une Bentley, mais son chien avait pris l’habitude de dormir à l’arrière et ce véhicule avait un accoudoir central. Le monsieur ne voulait pas acheter la Bentley s’il n’avait pas un matelas spécial pour passer au-dessus de ce dispositif. Ce qui lui a été vendu.

1.500 matelas par an

Le matelas fabriqué, les «petites mains» cousent une housse adaptée, à peine deux ou trois jours avant sa livraison, en 30 à 45 minutes en fonction du tissu retenu. Le must est celui en laine et coton. Clémence, la plus jeune des couturières, et Dominique, la plus expérimentée, profitent de la visite pour avancer dans leurs travaux avec une précision de haute couture. La jeune femme a d’ailleurs été formée pour la mode et ses exigences.

Clémence et Dominique se préparent à tailler le tissu d’une housse de matelas dans la gamme préférée des clients, à base de laine et de coton. Un travail qu’elles effectuent généralement seules en 30 à 45 minutes avec une minutie de tous les instants. (Photo: Paperjam)

Clémence et Dominique se préparent à tailler le tissu d’une housse de matelas dans la gamme préférée des clients, à base de laine et de coton. Un travail qu’elles effectuent généralement seules en 30 à 45 minutes avec une minutie de tous les instants. (Photo: Paperjam)

«Des profils de plus en plus difficiles à trouver», concède le directeur. «Le marché est difficile», dit-il aussi, «avec une offre sur internet venue d’on ne sait où! Stoll a dû proposer une entrée de gamme à 280 euros, mais la moyenne pour avoir un matelas tourne plutôt autour de 1.100 euros».

Il n’en sort «que» 1.500 à peu près par an, vendus à Ehlerange ou dans l’autre magasin de la société, avenue de la Porte-Neuve à Luxembourg. Que les clients, pendant longtemps quasiment exclusivement luxembourgeois, conseillent à leurs enfants et petits-enfants. «Depuis notre campagne de communication de l’an dernier, on voit arriver des Anglo-Saxons, des Français et des Belges». Qui comprennent de mieux en mieux l’importance d’un bon matelas pour un sommeil réparateur.

La visite se termine dans le magasin, avec une machine qui arrivera définitivement avant la fin de l’année. Capable de mesurer les points de pression d’un corps pendant son sommeil, elle fournit une sorte de radio thermique. Le directeur va chercher un coussin. La pression de la tête sur le matelas de démonstration disparaît. Les autres points seront compensés par le matelas. SpaceX, la Nasa, Bentley et d’autres constructeurs utilisent Sleepify pour avoir les meilleurs sièges pour leurs passagers ou clients.

Pour proposer le meilleur à sa clientèle, dimanche matin, Stoll ne se reposait pas sur ses lauriers.