Stellantis va revoir les contrats avec tous ses concessionnaires en Europe. 80 sont situés en Belgique et au Luxembourg, sans compter les agents commerciaux. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Stellantis va revoir les contrats avec tous ses concessionnaires en Europe. 80 sont situés en Belgique et au Luxembourg, sans compter les agents commerciaux. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le groupe issu de l’union entre Fiat et Peugeot annonce remodeler son réseau de distribution en Europe, qui compte 80 concessionnaires au Belux. Ceux interrogés ne se disent, pour le moment, pas inquiets.

Plusieurs mois après la signature de leur contrat de mariage, PSA et Fiat Chrysler Automobile (FCA) s’attaquent aux contrats… avec leurs concessionnaires. Le groupe automobile ainsi formé, Stellantis, à la tête de 14 marques, annonce par communiqué de presse que les «accords de vente et de distribution de services de toutes les marques Stellantis seront résiliés avec un préavis de deux ans». Un «nouveau réseau de distribution sera sélectionné peu de temps après, sur la base de critères et d’objectifs clés. Les représentants des concessionnaires seront invités à des réunions dédiées au niveau européen pour contribuer au développement des futurs plans et stratégie de distribution».

Le règlement européen en cause

La raison principale? «C’est que le règlement européen change en juin 2023», indique Dominique Fontignies, porte-parole de Stellantis Belux. On parle ici du règlement d’exemption au cadre réglementaire en matière de concurrence propre au secteur automobile. La , datant de 2010, arrivera à échéance le 31 mai 2023.

Dans son communiqué de presse, le groupe explique aussi vouloir se mettre en phase avec les évolutions de l’industrie automobile, notamment le développement de l’électrique et la vente en ligne. Et exprime sa volonté de créer un «écosystème plus efficace et durable». Les concessionnaires doivent-ils craindre une réduction du nombre de contrats? «Nous voulons offrir la meilleure qualité à nos clients. Nous avons vu avec la pandémie que l’économie était aussi en grande partie digitale. C’est aussi quelque chose qui sera pris en compte», répond le porte-parole. Le regroupement pourrait aussi donner la possibilité à certains concessionnaires d’augmenter leur réseau de marques, confirme-t-il. Par exemple, un distributeur Fiat pourrait aussi vendre des Peugeot, et vice-versa.

Dominique Fontignies ne dispose pas de chiffres propres au Grand-Duché, mais fait état de 80 concessions Stellantis pour la Belgique et le Luxembourg réunis. Ce ne sont que les contrats directs avec les concessionnaires, certains étant aussi représentés par des garages considérés comme agents commerciaux. Les marges lors de la revente varient d’un concessionnaire à l’autre, mais aussi en fonction du véhicule. Dominique Fontignies n’a pas souhaité commenter le chiffre de 30% du prix d’un véhicule lié à la distribution lu dans certains médias français.

Une couverture territoriale à assurer

Les distributeurs luxembourgeois sont-ils inquiets? «On fait beaucoup de bruit autour d’une chose qui n’est pas si problématique», estime Guido Savi, porte-parole de la Febiac, qui représente les constructeurs et importateurs automobiles au Luxembourg. «À chaque fois que le Block Exemption Regulation (BER) est revu, les contrats doivent s’adapter au nouveau règlement en vigueur.» Si Stellantis ouvre le bal des résiliations, «toutes les marques automobiles devront le faire». Ensuite, «la stratégie de Stellantis appartient à Stellantis», mais il rappelle que le groupe a «besoin de garder une couverture territoriale». Il répète en tout cas que malgré le développement de la vente en ligne, «les réseaux de concession continueront d’exister».

Une confiance partagée par , directeur général d’Autopolis. Le concessionnaire multimarque, à Ettelbruck et à Bertrange, qui emploie 300 salariés, commercialise des véhicules du groupe Stellantis comme les marques Opel ou Fiat. «Nous l’attendions. Ce sont deux grands groupes qui se regroupent, il y a une volonté d’harmoniser le contractuel. Ce qui me semble tout à fait cohérent.» En ce qui concerne la digitalisation des ventes de voiture, «c’est le sujet aujourd’hui. Quelle va être la place du réseau de distribution dans cette organisation?» Des décisions qui devraient se prendre au niveau européen.

En tout cas, «je ne vois pas spécialement de risque pour nous, pour plusieurs raisons. Nous atteignons nos objectifs en termes de satisfaction de la clientèle, nous avons une partie importante du volume de Stellantis sur le marché luxembourgeois. », cite-t-il. Et si des opportunités de nouvelles marques s’offrent au concessionnaire, «nous serons capables de les saisir».

Continuité au Grand-Duché

Au garage Chlecq, distributeur Fiat officiel à Esch-sur-Alzette, «nous n’avons pas encore reçu le communiqué pour le préavis», commente le responsable commercial, Michel Rendine. Mais «selon le message de la maison mère, il n’y aura aucun souci au niveau de la continuité au Grand-Duché». L’entreprise de 33 salariés commercialise les véhicules de la marque italienne depuis 1988 via un contrat à durée indéterminée.

Le garage R&C Boewer, à Luxembourg, n’est plus concessionnaire depuis plusieurs années, mais vend des véhicules Citroën pour Petrymobil, concessionnaire PSA au Luxembourg. Son responsable, Roland Boewer, n’a donc pas d’informations directes au sujet des contrats. «Nous sommes indépendants», précise-t-il. Ainsi, même en cas de non-renouvellement, le garage peut travailler pour d’autres marques.

Contactée, la gérante de Petrymobil (quatre sites au Luxembourg), Françoise Petry, indique ne pas disposer de suffisamment de données pour commenter la situation. Tout comme Car Avenue, autre grand distributeur PSA en plus d’autres marques au Grand-Duché via et qui emploie environ 300 salariés, «afin de respecter le calendrier de discussion annoncé».