Le risque pour un demandeur d’emploi s’inscrivant à l’Adem de rester au chômage plus de 12 mois est de 16%. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne/Archives)

Le risque pour un demandeur d’emploi s’inscrivant à l’Adem de rester au chômage plus de 12 mois est de 16%. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne/Archives)

Une étude du ministère du Travail permet de prédire les risques, pour une personne s’inscrivant à l’Adem, de rester au chômage pendant plus de 12 mois. Ceci en analysant leur profil-type. Explications.

Comment aider les personnes touchées par le chômage de longue durée (12 mois et plus) à sortir de cette impasse? Pour répondre à la question, le ministère du Travail s’est interrogé sur leurs profils et sur les raisons pouvant expliquer leur situation. Il a donc réalisé une étude, coordonnée par le Réseau d’études sur le travail et l’emploi au Luxembourg (Retel) avec le Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER) et l’Inspection générale de la Sécurité sociale (IGSS), sur le sujet. Voici ses résultats.

Combien sont-ils?

L’étude permet tout d’abord de constater un phénomène à la baisse. Depuis janvier 2021, ils sont de moins en moins nombreux et surtout, depuis avril 2022, leur nombre diminue plus vite que le nombre total de demandeurs d’emploi. Ce qui n’était pas le cas avant, puisqu’au cours des 15 dernières années, il a été multiplié par 2,2 contre 1,6 pour tous les demandeurs d’emploi. 

En septembre 2022, on comptait 6.500 chômeurs de longue durée, soit 46% des demandeurs d’emploi résidents disponibles.

«La dynamique du marché du travail et les pénuries de main-d’œuvre actuelles sont telles que désormais les chômeurs de longue durée profitent à leur tour de la situation favorable sur le marché du travail», explique le ministère.

Qui sont-ils?

«Les demandeurs d’emploi à statut spécifique sont beaucoup plus fréquemment confrontés au chômage de longue durée», résume le ministère. C’était le cas de 35% de ceux inscrits à l’Adem en septembre 2022. 84% des reclassés externes et 77% des salariés handicapés sont confrontés au chômage de longue durée, contre seulement 37% des demandeurs d’emploi sans statut spécifique.

. Par exemple, leur âge: souvent plus de 45 ans. Le niveau de qualification des chômeurs longue durée est aussi  généralement moins élevé que celui des autres demandeurs d’emploi. 53,75% d’entre eux avaient un diplôme du secondaire inférieur (c’est-à-dire ayant terminé avec succès au maximum l’équivalent d’une classe de 3e ou de 11e), 26,79% dans le secondaire supérieur (ayant terminé avec succès au maximum l’équivalent d’une classe de 1re ou de 13e) et 19,46% dans des études supérieures post-secondaires. Contre respectivement 44,42%, 31,32% et 24,25% en moyenne pour les autres demandeurs d’emploi. Enfin, ils se trouvaient le plus souvent dans les secteurs de l’Horeca, de l’événementiel et du commerce de détail.

Quelles sont les causes du chômage de longue durée?

L’étude révèle un autre facteur déterminant: l’expérience professionnelle antérieure. «Les demandeurs venant d’un emploi de longue durée ont un risque plus grand de connaître un chômage de longue durée», expose alors le ministère. Ce dernier émet plusieurs explications possibles. «La première concerne une éventuelle obsolescence des compétences des demandeurs d’emploi qui étaient en emploi depuis longtemps, du fait de l’automatisation ou de la digitalisation de certains processus.»

«Deux autres hypothèses pourraient concerner le manque d’adaptabilité que peuvent manifester des personnes installées dans un emploi depuis longtemps ou encore leurs exigences élevées, en termes de conditions de travail et de salaires, qui pourraient les conduire à prolonger leur recherche d’emploi jusqu’à trouver un emploi satisfaisant.»

À quoi cette étude servira-t-elle?

Cette étude a permis «d’élaborer un modèle de profilage», ajoute le ministère. Cela devrait permettre de «prédire, au moment de l’inscription à l’Adem, le risque de chômage de longue durée des demandeurs d’emploi et, par conséquent, de leur offrir une meilleure prise en charge.»

La probabilité pour un demandeur d’emploi venant s’inscrire d’être confronté à un chômage de longue durée s’élevant à 16%.