Christophe Medinger, deputy head of business unit digitalisation chez Spuerkeess, imagine déjà d’autres utilisations de la technologie blockchain adaptées aux services bancaires. (Image: Spuerkeess – Flavie Hengen)

Christophe Medinger, deputy head of business unit digitalisation chez Spuerkeess, imagine déjà d’autres utilisations de la technologie blockchain adaptées aux services bancaires. (Image: Spuerkeess – Flavie Hengen)

Le ministère de l’Enseignement supérieur et Spuerkeess ont signé un partenariat permettant la dématérialisation totale des démarches d’octroi et de versement des prêts étudiants. Cet accord se base sur la technologie blockchain, qui sécurise les données et la fiabilité des transactions.

La digitalisation des services bancaires est une tendance visible dans la plupart des banques de détail européennes où l’on incite au maximum les clients à effectuer leurs opérations courantes en ligne plutôt qu’en agence. Cette fois, un échelon de plus a été gravi dans la dématérialisation. Le 16 septembre, (DP), ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et  (DP), ministre délégué à la Digitalisation, ont validé une nouvelle procédure de dématérialisation totale des flux de demande et d’octroi des prêts étudiant accordés par l’État luxembourgeois. Spuerkeess a été désignée par le ministère comme banque pilote pour lancer le dispositif avant qu’il ne soit étendu à l’ensemble des banques conventionnées à la rentrée 2023/2024.

La désintermédiation, ou «ubérisation», est l’une des caractéristiques de la technologie blockchain utilisée dans ce procédé, qui crée un réseau d’échange de données sécurisé et validé par tous les membres qui peuvent y interagir. Ici, la technologie utilisée (pour la blockchain du secteur public, sur lequel ce projet a été implémenté en partenariat avec le Centre des technologies de l’information de l’État), est de type ethereum privé. C’est un support de blockchain qui permet l’édition de rapports de sécurité tout au long des process

Le vrai gain? Du temps!

Dorénavant, plus besoin de déplacement physique au ministère, puis à la banque muni du fameux formulaire agréé permettant le déblocage des fonds. L’autorisation de prêt Cedies passe par un QR code, transmis par le ministère à l’étudiant par voie électronique. Ce dernier le scanne avec son application de banque mobile (S-net pour Spuerkeess), l’octroi est «reconnu» comme valide par la banque, qui débloque les fonds sur son compte instantanément. Un PDF servant de justificatif peut être édité par l’étudiant depuis cette même application web (utile notamment pour constituer un dossier de location d’appartement ou une inscription dans une école payante). Un gain de temps considérable pour tout le monde, car le fameux formulaire ne «voyage» plus dans les méandres du ministère avant d’être remis à l’étudiant, et enfin déposé à la banque et traité dans différents services d’enregistrement. Chez Spuerkeess, ce sont ainsi plus de 13.000 prêts étudiants par an qui sont concernés par cette nouvelle procédure, déjà adoptée par les trois quarts des clients de ce service.


Lire aussi


Une technologie maîtrisée

Ce partenariat n’aurait peut-être pas vu le jour sans une initiative lancée par Spuerkeess en 2018 avec le SnT (Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust). La banque s’était alors rapprochée de ce laboratoire de recherche rattaché à l’Université de Luxembourg afin de comprendre comment la blockchain pouvait apporter une valeur ajoutée à leur offre de services. Christophe Medinger, deputy head of business unit digitalisation chez Spuerkeess, témoigne: «Il y a 3 ou 4 ans, personne au sein des grandes banques n’osait vraiment se lancer. Le SnT nous a aidés à former des collaborateurs à cette technologie, nous avons fait des tests pour voir comment l’adapter à nos serveurs. Nous avons trouvé des cas d’usage pratique adaptés à nos activités. Le prêt étudiant était le premier. En échange, nous avons cofinancé une partie des projets de doctorat de cette unité de recherche. Aujourd’hui, nous pouvons dire que nous maîtrisons la technologie.» La banque ne communique pas le budget qu’elle y a consacré. En revanche, Christophe Medinger précise que «les équipes y ont investi environ 300 jours de développement».

Aujourd’hui, nous pouvons dire que nous maîtrisons la technologie.
 Christophe Medinger

 Christophe Medingerdeputy head of business unit digitalisation Spuerkeess

Pas de prêts étudiants en cryptomonnaies

À terme, Spuerkeess envisage d’élargir l’usage de la blockchain à des activités comme le transfert de titres, sur des montants bien plus importants: «Cela ne pourra se faire que dans un cadre de régulation à jour avec les autorités concernées. Pour que la régulation supporte les initiatives, il faut qu’elles soient multiples afin de montrer que la demande est réelle et que la technologie est maîtrisée.» Pour le moment, Spuerkeess n’envisage pas d’intégrer des cryptomonnaies dans son ‘online banking’, du moins celles qui existent sur les marchés actuellement «mais nous nous intéressons aux initiatives liées à la création de l’euro digital» anticipe Christophe Medinger.

Les demandes de prêts immobiliers classiques restent quant à eux soumises à entretiens préalables avec un conseiller «parce que c’est une tradition et cela reste encore complexe à digitaliser complètement». Spuerkeess reste également attentive aux tendances digitales, qu’elle souhaite accompagner: «Je pense que le prochain sujet blockchain est dans les initiatives liées à la tokenisation des investissements immobiliers», conclut Christophe Medinger.

Les étudiants ont jusqu’au 30 novembre pour déposer leur demande de prêt au ministère, qui accorde également des bourses en direct. Selon et de la Recherche, pour l’aide financière aux étudiants, l’État a dépensé 122 millions d’euros en 2019. Le montant devrait atteindre 130 millions d’euros d’ici la fin 2021, et 140 millions en 2023.