Au Luxembourg comme ailleurs, chaque entreprise est appelée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Dans de nombreux domaines, cette transition est bien engagée, avec des réductions effectives de l’empreinte carbone des activités menées. Quelques secteurs font toutefois exception. Les émissions liées aux services numériques, en l’occurrence, continuent de croître de manière exponentielle. «Les usages numériques augmentent fortement, avec le développement du cloud, des objets connectés ou encore de l’intelligence artificielle. Quand beaucoup de secteurs parviennent à réduire leur empreinte carbone, le numérique suit une tendance inverse, reconnaît Hervé Knoery, récemment nommé à la fonction de Head of Responsible Digital Services au sein du groupe POST Luxembourg. Le numérique représente 4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales en 2019. Après avoir connu une progression de 8 à 10% par an pendant les dix années précédentes, nous connaissons maintenant une accélération encore plus forte. Les projections estiment la part du numérique dans les émissions mondiales au-delà de 12% en 2030*.»
Les usages numériques augmentent fortement, avec le développement du cloud, des objets connectés ou encore de l’intelligence artificielle.
Des émissions liées aux équipements et à leur usage
Derrière les usages du numérique, aussi fluides soient-ils, se trouve une industrie fortement consommatrice de ressources minérales et d’énergie. La principale source d’émissions de dioxyde de carbone associée à l’informatique réside dans la fabrication des équipements, à savoir nos smartphones et tablettes, nos laptops ou encore les serveurs informatiques installés en entreprise ou dans les centres de données, qui sont les divers éléments constitutifs du réseau.
«Fabriquer les composants de nos appareils nécessite en effet d’extraire des minéraux du sol. Ces opérations sont fortement émettrices de gaz à effet de serre. D’autre part, les conditions dans lesquelles la main-d’œuvre est appelée à réaliser ces extractions ne sont pas toujours optimales», commente Hervé Knoery. L’autre grande part des émissions est liée à la consommation énergétique du numérique. «On estime que 75 à 95% des émissions sont attribuables à la fabrication des équipements. L’usage ne représenterait qu’entre 5 et 25% d’entre elles. Ce qui fait la différence, c’est le mix énergétique du pays dans lequel les utilisateurs se trouvent», poursuit le responsable.
Vers une approche durable du numérique
Le constat dressé est accablant et doit nous inviter à repenser notre approche du numérique, en vue de mettre en œuvre une démarche responsable. C’est dans cette perspective que le groupe POST a créé la nouvelle fonction aujourd’hui occupée par Hervé Knoery. «Mon rôle est de mettre en place et de coordonner une approche qui soutient un développement numérique responsable, au sein de notre structure, en collaboration avec nos partenaires ainsi qu’auprès de nos clients, explique-t-il. La prise de conscience de l’impact du numérique doit nous conduire à prendre des mesures en vue d’améliorer notre empreinte environnementale. La démarche implique l’ensemble des parties prenantes et de nos collaborateurs. À ce titre, elle est aussi sociétale et sociale. Nos clients nous demandent des données relatives à l’empreinte carbone de nos services. Une grande partie des émissions provient de la fabrication des équipements fournis par nos partenaires et que nous revendons ou utilisons. Le premier défi est de parvenir à évaluer plus précisément nos impacts, à savoir nos émissions ou encore la production de déchets liée au numérique, poursuit le responsable. Ces mesures permettront d’identifier les leviers d’actions prioritaires en vue de limiter l’impact.»
Faire évoluer les modèles
Les leviers d’actions sont multiples. On peut par exemple réduire les émissions en prolongeant la durée de vie des équipements, en contribuant à leur réparation plutôt qu’à leur remplacement, en veillant à la revalorisation et au recyclage des composants. Il est aussi essentiel de travailler à l’amélioration des performances énergétiques des centres de données, à l’optimisation des réseaux, ou encore à l’écoconception des services numériques.
«En s’engageant dans cette voie, on se rend compte que c’est un sujet éminemment business. Une partie de nos revenus sont liés à la vente d’abonnements, eux-mêmes associés à la mise à disposition de smartphones. Nos services s’appuient sur des équipements qui doivent être renouvelés régulièrement, explique Hervé Knoery. Il faut donc explorer les possibilités de faire évoluer notre modèle d’affaires, en collaboration avec nos clients comme avec les fournisseurs d’équipement. Cela implique de mettre en place une feuille de route claire et de pouvoir rendre compte de nos efforts et de parvenir à les valoriser.»
À côté d’une démarche Green IT, il est essentiel de promouvoir l’IT for Green. Notre volonté est d’accompagner nos clients dans leur transition.
Le numérique au service de la transition
S’il faut minimiser les impacts, il est aussi important de placer le potentiel technologique au service de la transition. «À côté d’une démarche Green IT, il est essentiel de promouvoir l’IT for Green. Notre volonté est d’accompagner nos clients dans leur transition. Au sein de DEEP, nos équipes sont reconnues comme expertes sur un grand nombre de technologies du digital. Notre enjeu est de compléter nos expertises traditionnelles afin d’accompagner les clients dans leur propre transformation vers un numérique responsable. En mettant notre capacité d’innovation à leur service, nous les aidons à optimiser l’utilisation des ressources et à réduire leur impact environnemental», conclut Hervé Knoery.
*source: étude The Shift Project 2020