Sophie Le Saout est administratrice indépendante. Elle est notamment spécialisée dans les fonds d’investissement alternatifs, le private equity, mais aussi des secteurs pharmaceutiques et de la santé. Elle est administratrice d’Antin Infrastructure Partners, Buy Way Personal Finance, Celgène Luxembourg, Idinvest Growth Secondary Feeder, CRS et Solstice.
Quels sont les principaux défis que vous avez rencontrés en tant que femme administratrice indépendante?
«Le principal défi que j’ai rencontré n’est pas propre au fait d’être une femme. Le plus difficile pour moi a en effet été de passer d’un rôle très opérationnel à une position qui ne dispose que d’une vision ‘hélicoptère’.
Comment gérez-vous les éventuelles résistances ou le scepticisme à votre égard?
«Je fais en sorte de rester ancrée dans mes compétences techniques.
Pensez-vous que l’égalité hommes-femmes progresse au sein des conseils d’administration?
«Oui, cela progresse dans le bon sens, même si cela prend du temps. La pression réglementaire contribue très certainement à cette évolution positive. Que pensez-vous des quotas pour les femmes dans les conseils d’administration?
«Les quotas peuvent certainement aider à instaurer une meilleure parité au sein des conseils. Il est en effet indéniable que les progrès les plus concrets en termes de mixité dans les conseils d’administration des grandes entreprises ont eu lieu dans les pays qui ont juridiquement imposé des quotas, comme la France par exemple. Il faut toutefois veiller à ne pas établir de standards trop rigides. En outre les quotas imposés peuvent aussi aller à l’encontre de leur objectif, car certains pourraient soupçonner des femmes d’être là uniquement par obligation et non du fait de leurs compétences.
En tant que femme membre d’un conseil d’administration, vous sentez-vous investie d’une responsabilité particulière dans la défense de la parité et de l’inclusion?
«Ces questions me tiennent à cœur, bien entendu. Elles ne doivent toutefois pas nuire au principe fondamental d’avoir les bonnes compétences autour de la table, indépendamment du genre des participants.
Selon vous, comment la diversité influence-t-elle la performance d’un conseil d’administration?
«La diversité est essentielle de mon point de vue. Le conseil d’administration doit disposer de la diversité et de la complémentarité de connaissances, d’expériences et de compétences pour remplir correctement sa mission et son rôle. Cela passe par une nécessaire diversité de genre et d’âge. La composition d’un conseil d’administration doit être établie en fonction des objectifs et des enjeux stratégiques, de la taille, de la structure et du stade de maturité de l’entreprise. Il n’existe pas de composition standard de mon point de vue.
Selon vous, quelles solutions ou quelle politique pourraient encourager une meilleure parité?
«Je n’ai pas de recette miracle. Le fait de parler de ce sujet fait évoluer les mentalités. En outre, je pense que l’acceptation du principe de parité et la banalisation de la mixité passeront aussi par l’éducation.
Quel conseil donneriez-vous à une femme qui hésiterait à se lancer?
«D’une manière générale, je trouve qu’il ne faut jamais hésiter à se lancer dans un projet qui nous tient à cœur. Il faut savoir se faire confiance et suivre son instinct pour passer de l’ambition à la réalisation. Je suis intimement convaincue que chaque expérience et chaque épreuve peut de toute façon être transformée positivement. Il ne faut pas hésiter à s’appuyer sur des formations complémentaires si l’on en ressent le besoin pour se donner davantage de légitimité.»