Mike Fritsch, Valentin Bansac et Alice Loumeau.  (Photo: Simon Nicoloso)

Mike Fritsch, Valentin Bansac et Alice Loumeau.  (Photo: Simon Nicoloso)

Le projet «Sonic Investigations», porté par Mike Fritsch, Alice Loumeau et Valentin Bansac, a été retenu pour participer à la prochaine Biennale d’architecture de Venise en 2025.

Les interrogations autour du son sont décidément dans l’air du temps, puisqu’après le projet lauréat pour la Biennale d’architecture est aussi une proposition immersive par le son. Suite à l’appel à candidatures lancé par Kultur I lx pour la conception du pavillon luxembourgeois à la 19e Biennale d’architecture de Venise en 2025, c’est le projet «Sonic Investigations», de Mike Fritsch, Alice Loumeau et Valentin Bansac, qui a été choisi par le jury.

Redécouvrir le territoire par le son

Ce projet s’articule autour de la pratique acoustique de la recherche sur l’Anthropocène et propose une exploration sensible du territoire luxembourgeois à travers différents environnements, endroits et une pluralité de voix. En stimulant notre prédisposition à l’écoute, il nous offre un nouveau prisme pour comprendre le territoire et rend ainsi audible l’impact de l’activité humaine sur nos écosystèmes.

L’équipe artistique explique ainsi son projet: «‘Sonic Investigations’ est une proposition immersive, ambitieuse et radicale de se focaliser sur le son. Dans des sociétés contemporaines saturées d'images, la vue éclipse les autres sens, nécessaires pour appréhender pleinement les dynamiques invisibles de notre relation sensible aux territoires. À la manière de l’œuvre silencieuse 4’33’’ de John Cage, il s’agit d’une invitation à fermer les yeux et écouter activement. Comme contre-projet à l’hégémonie des images, l’acte d’écouter offre de nouvelles possibilités pour explorer les environnements construits et naturels dans le but de déplacer notre attention et de donner la parole aux plus qu’humains.»

Les auteurs du projet proposent ainsi de redécouvrir le territoire du Luxembourg par le son des entités biologiques, géologiques et anthropiques qui se mêle à celui de l’Anthropocène. «Grâce à l’écoute, une nouvelle expérience de l’espace offre de révéler plus que ce que nous voyons, comme une opportunité d’imaginer de nouvelles réflexions et approches sensorielles aux pratiques architecturales», précisent les lauréats.

Le jury a retenu ce projet pour «sa capacité à soulever des problématiques contemporaines d’envergure liées aux espaces construits, pour sa remise en question de notre appréhension normative des territoires, la documentation sourcée et référencée qu’il convoque, ainsi que sa cohérence conceptuelle et curatoriale. Son approche de la recherche et de la mise en espace, animée par le désir d'expérimenter et de partager de nouveaux outils de compréhension de l’environnement bâti a achevé de convaincre le jury, qui y a également vu l’opportunité de créer un dialogue riche et positif autour des questionnements liés à l’architecture et ses disciplines connexes.»

La recherche, la France et OMA comme points communs

Les auteurs de «Sonic Investigations» sont tous trois architectes et impliqués dans la recherche ou l’enseignement. Ils sont également tous trois passés par OMA à Rotterdam. Mike Fritsch travaille entre la France et le Luxembourg. En tant qu’architecte, il oscille entre stratégies transformatives à grande échelle et réparations architecturales en collaboration avec l’AUC, ceci après avoir passé plusieurs années à l’OMA de Rotterdam. En parallèle, Mike enseigne à l’Ensa-Marseille où il manipule de nouveaux récits territoriaux autour des adaptations et des interactions sociales du «déjà-là».

Alice Loumeau est une architecte, chercheuse et cartographe franco-canadienne. Elle réalise des enquêtes spatiales à travers l’écriture et la cartographie, explorant les territoires en mutation de l’Anthropocène. Alice est diplômée du master d’expérimentation en arts politiques dirigé par Bruno Latour à l'Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po). Elle a travaillé comme architecte à Rotterdam à OMA/AMO, à Paris et Londres, et participe à des expositions, des publications et des résidences, notamment à la Villa Albertine à Marfa, aux États-Unis, en 2024.

Valentin Bansac est un architecte, chercheur et photographe français. Il a précédemment travaillé à OMA/AMO avec Rem Koolhaas, où il a participé à «Countryside, the future», un projet de recherche et d’exposition au Guggenheim de New York. Valentin est diplômé du master d’expérimentation en arts politiques dirigé par Bruno Latour à l’Institut d'études politiques de Paris (Sciences Po). Il enseigne actuellement dans le cadre d’un projet de recherche sur deux ans intitulé Domesticated Foodscapes à l’EPFL et participe au programme Organismo: Art in Applied Critical Ecologies organisé par TBA21, une fondation d'art contemporain à Madrid.

En 2022, Alice et Valentin ont co-initié Matters.xyz, un projet collectif rhizomatique qui explore de nouveaux récits territoriaux par des alliances interdisciplinaires et l’accumulation de médias.