Après trois questions banales, mais préremplies, l’enquête offre les commentaires, parfois très personnels, d’autres personnes contactées dans le cadre du traçage d’un cas positif au Covid-19. (Photo: Paperjam)

Après trois questions banales, mais préremplies, l’enquête offre les commentaires, parfois très personnels, d’autres personnes contactées dans le cadre du traçage d’un cas positif au Covid-19. (Photo: Paperjam)

Appelés dans le cadre du suivi de personnes atteintes par le Covid-19, des résidents ont reçu une enquête de satisfaction par e-mail. Problème: elle est préremplie avec des données et des témoignages personnels d’autres personnes interrogées. Contacté, le ministère de la Santé reste muet.

Êtes-vous un homme ou une femme? Dans quelle tranche d’âge vous situez-vous? Que pensez-vous de l’appel téléphonique que vous avez reçu dans le cadre du traçage d’un cas positif au Covid-19? Êtes-vous satisfait des informations données dans le cadre de cet appel, des réponses, de l’attitude de votre interlocuteur et de la manière dont vous avez été traité? Avez-vous des points à signaler?

Des résidents ont commencé à recevoir cette enquête de satisfaction assez simple, dans un courrier électronique à en-tête de la Direction de la santé et depuis une adresse internet qui est gérée par le Centre technologique et informatique de l’État.

Problème: cette enquête en quatre questions et en trois langues était déjà préremplie avec des réponses, et la case «Points à signaler» comportait des commentaires de personnes qui se sont déjà acquittées de l’exercice. Des données parfois privées, sinon personnelles, comme le sexe, l’âge, la situation familiale, le prénom, la composition de la famille: difficile d’en faire une liste exhaustive puisque chaque nouvel essai pour remplir l’enquête offre de nouveaux commentaires d’autres internautes.

Négatifs… puis positifs

Quand elles laissent un commentaire, ces personnes expliquent la plupart du temps en quoi le traçage n’a pas tout à fait bien fonctionné. L’une d’entre elles explique ainsi que sa famille a été testée au Findel à son retour de vacances, qu’elle a reçu des résultats négatifs et a donc pris part à une fête de famille avec des personnes âgées… avant de recevoir un second message pour indiquer que les résultats étaient faux et qu’ils étaient positifs.

Difficile d’imaginer que le sondage ait été volontairement rempli de ce genre de commentaires pour montrer aux internautes ce qu’on attendait d’eux.

Autre souci: il est possible de remplir le sondage autant de fois que souhaité, une fenêtre «Merci d’avoir participé» s’affiche à chaque fois, et cela quel que soit le navigateur utilisé.

Contacté lundi par Paperjam, par téléphone et par e-mail, le ministère de la Santé reste muet. Contacté mardi, il est toujours muet. Mercredi, le sondage est toujours en ligne et toujours prérempli, il est toujours possible de le faire autant de fois que souhaité – ce qui rend ses résultats totalement sans valeur.

Même si la valeur de ces informations semble relativement limitée, ce bug interpelle au moment où le gouvernement poursuit le traçage manuellement et a décidé de pseudonymiser les données des cas positifs pendant trois mois. La protection des données de santé est un thème hautement sensible dans l’opinion publique.