Plusieurs entreprises de nettoyage ont dû embaucher du personnel pendant la crise, face à une augmentation de la demande en désinfection. D’autres perdent une partie de leur travail à cause du home office. (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

Plusieurs entreprises de nettoyage ont dû embaucher du personnel pendant la crise, face à une augmentation de la demande en désinfection. D’autres perdent une partie de leur travail à cause du home office. (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

La nouvelle convention collective du secteur du nettoyage peine à voir le jour. La fédération sectorielle met en avant une baisse de l’activité. Or, la demande augmenterait plutôt, certaines entreprises ayant même dû recruter du personnel.

Les travailleurs du secteur du nettoyage ont du mal à se faire entendre. Plus d’un an après l’arrivée à échéance de sa convention collective, le 29 janvier 2020,  dans le secteur. «Elle reste appliquée, car il n’y a pas eu de non-conciliation», précise Estelle Winter, secrétaire centrale du syndicat Services privés de nettoyage, d’hygiène et d’environnement de l’OGBL.

Le syndicat, qui avait dressé en mars dernier un catalogue de revendications en 19 points, a revu ses ambitions à la baisse. Il se dit prêt à accepter la proposition de la Fédération des entreprises de nettoyage (FEN) de prolonger la convention actuelle pour deux ans. Mais à deux conditions: «On voudrait une prime unique pour les salariés pour 2020/2021 de 2% sur le salaire annuel. Ce qui revient à environ 500 euros. Et deux jours de congé supplémentaires.» La prochaine réunion se tiendra le 11 mars. 

Une demande qui fluctue

«La fédération donne toujours comme explication que la situation actuelle est inconnue à cause de la crise du Covid-19, les clients qui diminuent… On peut comprendre la situation. Mais on sait que le nettoyage a été essentiel et a même recruté pendant la crise. On a aussi vu des entreprises ouvrir», explique le syndicat.

«S’il y a eu une demande de désinfection durant les derniers mois, on remarque actuellement une demande plutôt à la baisse», rétorque Tun Di Bari, président de la FEN, qui fait état de 185 sociétés établies au Luxembourg, pour 11.220 salariés. Il détaille: «Les entreprises ayant comme clients principaux les hôtels, restaurants et cafés, ainsi que les centres de type loisirs ou les petits commerces, rencontrent de fortes difficultés. Celles œuvrant dans le secteur financier, tertiaire ou les institutions européennes sont confrontées à une réduction des surfaces à nettoyer suite à l’augmentation importante du télétravail. Les clients privés, surtout âgés, annulent le passage de l’agent de nettoyage pour éviter toute forme de contact. Il faut également noter que les clients privés en télétravail gèrent eux-mêmes l’entretien de leur domicile.»

Tout cela a donc un «impact non négligeable sur les négociations au sujet de la convention collective.»

Du catering au cleaning

Malgré quelques contrats revus à la baisse à cause du télétravail, «globalement, nous avons dû faire face à une augmentation de la demande», témoigne de son côté Gregory Bekaert, en charge des opérations de cleaning chez Sodexo Luxembourg. Elle s’élève, au total, à environ 20%.

L’entreprise a ainsi transféré une soixantaine de personnes de son service catering, à l’arrêt, au nettoyage. Elle a en plus embauché 12 personnes en fin d’année 2020. 20 postes restent ouverts aux candidatures. Elle emploie en tout 2.300 personnes, dont 400 dans le nettoyage. Un secteur qui représente 10% du chiffre d’affaires, de 134 millions d’euros en 2019.

«On a vraiment basculé l’activité. On parle maintenant de sanitarisation des locaux, et plus de nettoyage», précise Gregory Bekaert. Au lieu de dépoussiérer, les équipes travaillent vraiment à désinfecter, en utilisant les techniques dites de «bionettoyage», habituellement réalisées en milieu hospitalier. «Nous avons même équipé certains sites avec des appareils de purification d’air.»

La clientèle de Sodexo Cleaning se compose à 70% d’entreprises et à 30% d’établissements scolaires.

Peu d’impact chez les particuliers

À l’inverse, Fast Clean se concentre sur une clientèle de particuliers. «On n’est moins touchés qu’une firme qui travaille pour des bureaux, où le télétravail fait beaucoup de dégâts», devine Cédric Benacquista, responsable de la société d’une quinzaine de salariés, qui enregistre un chiffre d’affaires annuel de 300.000 euros. «Nous avions trois contrats liés à des commerces: l’un a été arrêté, l’autre est passé à 50% et le dernier est maintenu. Si on ne faisait que cela, on serait à 50% de notre activité», calcule-t-il. Il fait état d’une activité «presque normale». «On perd un peu de clients, on en gagne…» Malgré le Covid-19, la demande des particuliers déjà clients auparavant augmente peu. «Il y a le facteur humain», justifie Cédric Benacquista, «Et ils n’ont pas envie d’avoir quelqu’un chez eux en permanence.»

Lors d’un , l’une des plus importantes entreprises du secteur nous avait indiqué que de son côté, la légère hausse de la demande suffisait à peine à compenser les bureaux vides à cause du télétravail.

Une situation différente donc, d’une entreprise à l’autre, en fonction de la clientèle.