Rosbank compte près de 12.000 employés et un réseau de 230 agences sur le marché russe de la banque et de l’assurance. (Photo: Shutterstock)

Rosbank compte près de 12.000 employés et un réseau de 230 agences sur le marché russe de la banque et de l’assurance. (Photo: Shutterstock)

Actionnaire majoritaire de la banque russe Rosbank depuis 2008, Société Générale revend ses parts de sa filiale Rosbank à la société d’investissement russe Interros Capital.

Société Générale a annoncé ce lundi matin cesser ses activités de banque et d’assurance en Russie via sa filiale Rosbank. La banque française cédera ainsi la totalité de sa participation dans Rosbank et dans l’ensemble de ses filiales d’assurances en Russie à l’entité Interros Capital.

Société Générale indique que cet accord a été conclu au terme de plusieurs semaines de travail. Pour sa part, l’agence de presse russe Tass rapporte que les termes de la transaction relative à l’acquisition de Rosbank par Interros Capital ont été approuvés par la commission du gouvernement russe en charge du monitoring des investissements étrangers.

Selon Société Générale, la finalisation de l’opération devrait avoir lieu dans les semaines à venir, après l’obtention de tous les accords réglementaires nécessaires.

Une série de critiques

Après être entrée au capital de Rosbank de façon minoritaire en 2006, Société Générale en devient l’actionnaire majoritaire en 2008. Depuis lors, le groupe bancaire s’est retrouvé confronté à une série de critiques sur sa présence en Russie, comme au moment de l’arrestation du patron de Rosbank la même année, en lien avec des allégations de pots-de-vin. Bien que les charges soient abandonnées trois ans plus tard, Société Générale subira encore des critiques en 2014 dans la foulée de l’annexion de la Crimée par la Russie.

Le jour même du début de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, le 24 février, Société Générale expliquait que sa filiale Rosbank continuait d’opérer normalement, alors que les marchés craignaient les répercussions des nouvelles sanctions occidentales contre le régime du Kremlin.

En janvier dernier, un peu moins d’un mois avant l’entrée en guerre, la presse financière internationale rapportait que la Banque centrale européenne (BCE) pour se renseigner sur leur exposition à la Russie, dont Société Générale qui compte un réseau de 230 agences en Russie.

Le produit net bancaire (PNB) issu de la Russie s’élevait en 2021 à 727 millions d’euros dont 643 millions d’euros pour Rosbank. Un montant qui représentait 2,8% du PNB du groupe bancaire français en 2021. Le résultat net du groupe issu de ses activités russes atteignait 152 millions d’euros en 2021, soit 2,7% du total.

Des plans contrecarrés sur le marché local

La cession des participations de Société Générale au sein de Rosbank à Interros Capital marque donc la surprise. En novembre 2021, le groupe français avait établi une nouvelle feuille de route pour Rosbank. Celle-ci définissait notamment l’objectif de se positionner en tant que leader du développement durable sur le marché local d’ici 2025. Le directeur de Rosbank, Ilya Polyakov, avait d’ailleurs déclaré que le but de Rosbank était de «devenir la meilleure banque internationale en Russie d’ici 2025».

Début mars, Société Générale tentait de rassurer les marchés face à un risque de voir sa filiale Rosbank être expropriée par la Russie. Une expropriation aurait fait subir au groupe une perte de 1,8 milliard d’euros sur ses fonds propres et aurait affecté ses 12.000 employés en Russie.

Interros Capital dépend d’Interros Group, une société d’investissement russe fondée en 1990 par Vladimir Potanine. Le magazine Forbes estime la fortune de ce dernier à 26,4 milliards de dollars grâce à des investissements dans l’industrie du nickel. Il est connu pour avoir occupé la fonction de vice-Premier ministre sous la présidence russe de Boris Eltsine et maintenir des liens avec Vladimir Poutine notamment via un soutien financier et organisationnel au régime. Le 6 avril, le Canada inscrivait Vladimir Potanine sur sa liste de personnes russes faisant l’objet de sanctions.

En décembre 2021, un communiqué de presse d’Interros Group informait que la société d’investissement avait transféré sa société offshore Interros Capital de Chypre vers la région administrative spéciale sur l’île Rousski, dans la mer du Japon.