Le Musée royal de Mariemont a mené un projet pluridisciplinaire associant recherche, conservation, restauration et valorisation d’un ensemble exceptionnel de fresques romaines provenant de Boscoreale. Ces peintures restaurées sont désormais installées au sein du musée dans un pavillon contemporain conçu par le bureau SNCDA (Sara Noël Costa de Araujo) et Richard Venlet.
Ces fresques ont été retrouvées dans une villa de campagne découverte au début du XXe siècle à Boscoreale, ville italienne qui se situe non loin de Pompéi et du Vésuve. Le Musée de Mariemont possède huit panneaux de ces peintures extraordinaires qui sont depuis 2020 un «Trésor classé de la Fédération Wallonie-Bruxelles». Après un important travail de recherche, de conservation et de valorisation, elles sont aujourd’hui de nouveau exposées au public. Afin de les conserver correctement et de les mettre en valeur, le musée a décidé de réaliser une nouvelle scénographie installée dans un pavillon dédié, au sein du parcours du musée.
Un écrin contemporain
Pour les architectes, il était important que l’architecture d’exposition raconte l’histoire de la Villa de Boscoreale et réinterprète de manière contemporaine la villa dans laquelle les fresques ont été découvertes. Mais il fallait également tenir compte du contexte de présentation et donc des salles existantes du musée. «Notre travail d’architectes d’exposition a été de voir comment cette histoire s’insère dans un lieu, celui du Musée Royal de Mariemont. La manière dont le visiteur regarde l’œuvre et comment il va la comprendre est la clé de toute bonne exposition. De l’analyse d’une architecture romaine, riche et spacieuse, décorée d’imposantes fresques aux couleurs somptueuses débute notre projet d’exposition, qui aboutira à une certaine représentation d’une architecture qui n’est plus», est-il expliqué dans le texte d’intention des architectes.
Il a fallu par conséquent entrer en dialogue avec un musée dont le bâtiment est dessiné par Roger Bastin. Le Musée royal de Mariemont, dont les vues du parcours sont très marquées, est empreint d’une forte dynamique interne. «Les volumes en béton des différentes salles semblent obéir à deux mouvements, ou plutôt à un mouvement double, à la fois centripète et centrifuge. Notre architecture d’exposition s’inspire de cette manière de faire de Bastin afin de remettre les fresques sur le parcours naturel du visiteur, prévu par l’architecte», expliquent les architectes.
Recontextualiser
Les architectes ont décidé de recréer une ambiance domestique et l’échelle de la villa d’origine. Aussi, les fresques sont encastrées dans de nouveaux murs. Le plafond offre une partie plate et une voûte, définie selon les hauteurs relevées sur place. Ces éléments contextuels sont traités en bois gris pour laisser éclater toute la vitalité des couleurs des fresques, notamment le rouge de Cinabre. Une partie de ces panneaux est perforée, ce qui accentue de caractère abstrait de la scénographie tout en cachant les techniques nécessaires à la bonne conservation de ces antiquités.
De plus, cette «villa» est séquencée selon une trame qui s’inspire de la villa originelle et qui organise et structure le pavillon. Ainsi, en plus d’admirer les fresques, le visiteur peut vivre une expérience spatiale et mieux saisir les relations spatiales des fresques entre elles, mais aussi des fresques par rapport à leur lieu de présentation, puisqu’elles sont accrochées selon leurs positions originales dans la villa.