Août 2014. Six mois après l’invasion de la Crimée par la Russie, ExoAtlet met 750 start-up d’accord et obtient son ticket d’entrée – et ses premiers 25.000 dollars – dans le campus technologique de Skolkovo, imaginé fin 2009, en deux temps et trois mouvements par le président russe, Dmitri Medvedev, après une conversation avec un journaliste.
Sur cet ancien terrain vague à 20 minutes de Moscou appelé à devenir la nouvelle Silicon Valley à quatre milliards de dollars et en cinq verticales (efficacité énergétique, informatique, biomédecine, énergie nucléaire et espace), la technologie d’Ekaterina Bereziy est un modèle du genre.
«On nous demande souvent quelle est la pertinence de nos projets dans le monde réel», déclare le directeur des projets informatiques, Albert Yefimov . «ExoAtlet est exactement le genre de projets capables de changer radicalement la vie et la qualité de vie des gens. Imaginez: un gars est confiné dans un fauteuil roulant toute sa vie. Soudain, il est capable de se lever, se tenir sur ses pieds. C’est un travail vraiment important!»
Triple rendez-vous luxembourgeois dès 2011-2012
Si la jeune femme, fac-similé du chèque devant elle, lève le poing de la victoire, l’ambiance n’y est déjà plus. Revenu à la tête de l’État russe en 2012, , sonnant même littéralement la fin de la récréation pour les intouchables de cette cité des sciences new age.
Officiellement, en avril 2011, le Luxembourg a déjà construit les ponts avec cette structure d’innovation hors normes. .
Officiellement. Parce qu’en réalité, le Luxembourg réussira à emmener deux prometteuses start-up vers le Grand-Duché: ExoAtlet (ainsi que sa maison-mère Exo) et Anisoprint, dès juillet 2018, sans qu’on ne puisse vraiment établir d’autre lien avec le pouvoir russe que leur naissance dans la Silicon Valley russe.
En septembre et en octobre suivants, luxembourgeois .
Nouvelle vie pour deux start-up
Oubliées, les promesses d’investissement public de 4 milliards de dollars. Après 10 ans, le total atteint péniblement la moitié, . Oubliées, les idées de licornes russes pour redorer le blason de l’Empire. Sur les 2.248 start-up qui se développent là-bas, seules 257 font plus de 1,5 million d’euros de revenus annuels. Oubliées, les envies d’investissement des capital-risqueurs. 200 millions d’euros ont été injectés sur la même période.
Le centre a permis la création de 37.000 emplois (à fin 2020), le dépôt de 650 brevets et la naissance de 60 centres de recherche et de développement, répondent ses promoteurs dans les médias russes. Face aux sanctions, une série de cadres, hommes d’affaires ou politiques, ont appelé à ce que Skolkovo devienne l’illustration du talent russe à développer des technologies qui affranchisse le pays de ses fournisseurs habituels.
Les deux pépites amenées au Luxembourg, elles, enchaînent les succès: la première, spécialisée dans les exosquelettes, a – et de loin – son plus gros marché aux États-Unis. Où la seconde a fait son entrée cette semaine avec ses solutions d’impression 3D à fibre continue, en même temps qu’elle intégrait la première promotion du programme d’incubation du tout nouveau Centre européen d’innovation des ressources spatiales (Esric) pour que ses imprimantes 3D puissent fabriquer des matériaux composites dans l’espace.
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