ne fait pas mentir sa réputation de travailleur discret. «Get shit done», lit-on sur une pancarte posée en évidence dans le bureau du CEO de Proximus Luxembourg. Le sexagénaire s’est approprié la formule attribuée à l’entrepreneur tech américain Aaron Levie. Dans la bouche du Luxembourgeois, il faut la comprendre ainsi: «Créer de la valeur et obtenir des résultats d’abord, communiquer ensuite.»
S’il soigne sa discrétion, ce père de cinq enfants (âgés de 11 à 31 ans) ne passe pas inaperçu. D’abord par sa taille (presque deux mètres), ensuite et surtout par son rôle pivot dans l’écosystème tech au Luxembourg. Gérard Hoffmann est partout, il connaît tous les acteurs et a l’oreille du gouvernement. Cet habitué du Paperjam Top 100 a été retenu cette année pour la première fois dans la liste des dix décideurs économiques les plus influents du pays.
Influence «plutôt informelle»
«Figurer dans le Top 10 est un honneur et une surprise», réagit l’intéressé, qui reconnaît une certaine influence («comme toute personne occupant un poste de dirigeant»), mais la relativise: «La mienne est plutôt informelle, basée sur mon réseau et mon expérience. Je constate que les gens m’écoutent dans les différentes instances où je suis actif et que mes propositions sont souvent retenues.»
L’ingénieur formé en Suisse est titulaire d’un doctorat en génie électrique de l’Université de Stanford, établissement prestigieux situé au cœur de la Silicon Valley. Une expérience fondatrice pour cet amoureux des États-Unis: «J’y ai notamment développé un réseau précieux, qui m’est encore utile aujourd’hui.» L’idée d’implanter Google au Luxembourg est ainsi née d’une discussion, en 2015, entre Gérard Hoffmann et l’un de ses anciens camarades, employé du géant technologique. Dix ans plus tard, «le projet reste d’actualité», assure son initiateur.
Gérard Hoffmann est une personne d’une dévotion et d’un engagement remarquable.
L’expérience de Stanford l’incitera aussi, de retour au pays, à prendre une part active à la création de l’Université du Luxembourg. Engagement qu’il prolongera en siégeant au conseil de gouvernance de l’institution pendant 20 ans et en contribuant à la création du Centre interdisciplinaire pour la sécurité, la fiabilité et la confiance (SnT), un pôle d’excellence en recherche.
L’homme fort du numérique au Luxembourg a également pour lui de s’être frotté à l’industrie lourde. Entre ses études à Stanford et son arrivée chez Telindus pendant la décennie 1990, le jeune diplômé travaille à l’Arbed, puis TrefilArbed, et enfin ArcelorMittal. Une expérience fondatrice là encore, à l’entendre: «Sur le plan du management, d’abord, j’ai appris à gérer une entreprise dans toutes ses dimensions. J’ai eu des mentors exceptionnels: Joseph Kinsch et . À cette époque, j’ai eu la chance de participer à une étude prospective sur l’avenir du Luxembourg. Cette expérience m’a profondément marqué.»
Sentiment de responsabilité
C’est là le commencement de son engagement pour le pays. La liste des organes dans lesquels Gérard Hoffmann est actif est aujourd’hui longue: ICT Luxembourg, Fedil, Groupement luxembourgeois de l’aéronautique et de l’espace (GLAE)… sans oublier la Chambre de commerce, dont il préside le groupe de travail sur l’intelligence artificielle.
«Au fil de mon parcours, j’ai toujours été guidé par ma passion pour la technologie, mes convictions européennes et mes liens étroits avec les États-Unis», confie le dirigeant. «En même temps, j’ai toujours ressenti une responsabilité envers le Luxembourg. Mon engagement dans ces différentes associations s’explique par la volonté de contribuer au développement économique du pays, en formulant des messages et des stratégies. La petite taille du Luxembourg facilite les échanges et permet d’obtenir des résultats rapidement.»
Un vœu
Si Gérard Hoffmann pouvait exercer une influence déterminante sur un seul sujet, ce serait l’investissement dans l’innovation et les start-up: «Avec sa place financière, le Luxembourg pourrait devenir un hub pour l’investissement dans les start-up européennes, en s’inspirant du modèle américain. Cela attirerait également des entreprises technologiques. C’est là où le bât blesse partout en Europe.»
Mieux communiquer
Comment? «En continuant à développer un écosystème favorable à l’innovation, avec du capital-risque et du capital-investissement, des outils juridiques adaptés et une communication plus proactive sur les atouts du pays.»
Cet article a été rédigé pour l’édition magazine de , parue le 11 décembre. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.
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