Les équipes du Croissant-Rouge turc et syrien sont déployées depuis les premières heures dans de nombreuses villes des deux pays touchés par le séisme.  (Photo: Türk Kızılay)

Les équipes du Croissant-Rouge turc et syrien sont déployées depuis les premières heures dans de nombreuses villes des deux pays touchés par le séisme.  (Photo: Türk Kızılay)

Plus de trois jours après le séisme qui a frappé le nord de la Syrie et la Turquie, le nombre de victimes ne cesse d’augmenter. Plus de 20.000 morts sont déjà à déplorer. La recherche de survivants se poursuit et l’aide humanitaire continue d’aider au mieux ceux qui ont tout perdu. 

Selon les derniers bilans publiés par les secours dans la soirée de jeudi 9 février, le tremblement de terre survenu ce lundi 6 février a causé la mort d’au moins 20.783 personne dont 17.406 personnes en Turquie, 3.377 en Syrie, et blessé plus de 65.000 autres.

Un bilan qui va devenir plus dramatique encore au fil des heures. En Turquie, plus de 10.000 personnes sont encore signalées disparues. François Large, coordinateur humanitaire pour Caritas, relaie le témoignage des équipes de l’association présentes sur place. «L’équipe de protection qui gère l’orphelinat et qui rend visite aux familles en difficulté est également mobilisée. Comme nous l’avions craint, des enfants qui ont survécu risquent de se retrouver seuls et livrés à eux-mêmes, à tous les dangers. Une fillette de 4 ans qui était dans l’hôpital de Shmarin toute seule, sans famille, ne faisait que répéter son nom, sans parler. Elle a pu être retrouvée par son oncle. Mais parfois, la situation est terrible. Deux enfants de 6 et 7 ans ont été trouvés morts. À l’hôpital d’Atmeh, entre Idlib et Alepp, les corps n’étaient pas reconnaissables et personne n’est venu ou n’a pu les identifier.»

Une fillette secourue des décombres par les équipes de l’ASAM.  (Photo: Association for Solidarity with Asylum Seekers and Migrants, ASAM)

Une fillette secourue des décombres par les équipes de l’ASAM.  (Photo: Association for Solidarity with Asylum Seekers and Migrants, ASAM)

De plus, les organisations et les associations font face à de nombreuses difficultés, l’accès aux zones sinistrées restant une de leurs problématiques majeures. «L’urgence concerne deux pays, de larges territoires, souvent difficiles d’accès, c’est beaucoup. C’est une très grosse crise», souligne-t-il encore. 

L’aide humanitaire internationale ne faiblit pas

Les conditions climatiques ne facilitent pas non plus le travail des secours. «Les aéroports et notamment celui d’Istanbul étaient bloqués par une tempête de neige lundi matin, ce qui a retardé l’arrivée des secours. L’aéroport d’Adana est le seul aéroport qui fonctionne au sud de la Turquie», poursuit François Large.

Hossam Elsharkawi, directeur régional MENA de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) confirme: «C’est une course contre la montre pour acheminer toutes les fournitures depuis Damas jusqu’au nord du pays en passant par de nombreuses routes enneigées et pluvieuses et d’énormes tempêtes. Nos équipes travaillent 24 heures sur 24 pour acheminer cette aide.» Et la météo pèse aussi sur le moral des victimes, parfois obligées de rester dehors, «il faisait froid, il pleuvait et il a même neigé, les gens avaient froid», ajoute François Large. 

Mais il en faudra plus pour décourager les bénévoles et les professionnels. Côté syrien, la SARD a commencé la distribution d’eau, de colis alimentaires, de couvertures, de kits hygiéniques, de systèmes de chauffage et de kits pour construire des tentes et les équipes du Croissant-Rouge syrien interviennent à Alep, Jableh, Hama, Latakia ou encore Harasta. Depuis lundi, les Caritas européennes ont collecté 360.000 euros pour Caritas Syrie. «Mais il faut encore plus», ajoute François Large.

Côté turc, l’ASAM compte 500 volontaires mobilisés pour les recherches de survivants et l’association a envoyé des convois chargés de biens de première nécessitée, de couvertures ou encore de nourriture depuis Ankara et Istanbul, pour aller vers le sud de la Turquie. Notamment à Hatay où l’ONG a commencé ce matin les distributions d’aides nécessaires dans l’urgence (eau, nourriture, lait en poudre, couches…).

Près de 12.000 employés et volontaires du Croissant-Rouge turc sont également déployés depuis les premières heures dans de nombreuses villes comme Gaziantep, Hatay, Adana, Kahramanmaraş et Malatya. La Croix-Rouge luxembourgeoise déclare que «leurs équipes de recherche et de secours sont actives et assurent le transport des blessés vers les hôpitaux. Ils distribuent également de la nourriture, de l’eau et des couvertures aux personnes qui ont perdu leur toit et offrent un soutien psychosocial aux victimes. Des tonnes d’équipements médicaux sont livrées et la Turquie a organisé une grande campagne de don de sang et de plasma pour couvrir les besoins des blessés.»

L’Union européenne se mobilise

Mercredi 8 février, la Commission européenne a activé le mécanisme de protection civile de l’Union, via lequel les États membres ont proposé de fournir 38 équipes de secours et médicales. Plus de 1.659 secouristes et 104 chiens ont ainsi été déployés dans les zones les plus touchées par le séisme en Turquie, ce qui a permis de sauver 36 personnes jusqu’à maintenant. Dans un communiqué publié le lendemain, elle a annoncé que son Centre de coordination de la réaction d’urgence (ERCC) se coordonne actuellement avec les États membres pour fournir une aide en urgence aux populations syrienne et turque. 

En Syrie, la Commission a déjà apporté une aide humanitaire d’urgence d’un montant de 3,5 millions d’euros. Pour aider la Turquie, elle a mobilisé les réserves stratégiques du dispositif rescEU qui incluent des tentes, des lits et d’autres biens de première nécessitée, pour une valeur totale de 5 millions d’euros. Malheureusement, pour François Large, cela ne suffira pas. «On continue de chercher des fonds. Le gouvernement luxembourgeois et la Commission européenne sont solidaires, mais les dons du public restent indispensables», souligne-t-il.