Des trois ministres invités à l’assemblée générale de l’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD), ce mercredi 26 avril après-midi, seul le Premier ministre, (DP), s’est excusé. À la différence de la Caisse nationale de santé (CNS) qui délèguera sept personnes, ni la ministre de la Santé, (LSAP), ni le ministre de la Sécurité sociale, (LSAP), n’ont donné d’indication sur leur présence à ce rendez-vous de l’association qui représente 1.500 des 2.000 médecins luxembourgeois.
Une conséquence de ce silence pourrait être un vote en faveur d’une rupture de la convention avec la CNS, devant les libertés que cette dernière prend avec l’application des textes réglementaires, explique le président de l’AMMD, Alain Schmit, joint par téléphone au lendemain de la conférence de presse où il a surtout été question des problèmes liés à la digitalisation. «Si la CNS ne respecte pas le texte, nous ne pouvons pas rester liés par la convention», explique le président de l’AMMD.
Des documents transmis «dans le dos» des patients
L’enjeu est «simple»: l’État pousse au transfert des documents de santé sur les dossiers de soins partagés des patients «souvent à l’insu des patients eux-mêmes, dans le dos des patients», indique M. Schmit, «qui ne savent la plupart du temps même pas s’y retrouver quand bien même ils auraient besoin d’un document. Plus d’un million de documents n’ont pas été transmis dans les règles de l’art! Quand les données sont là, sur la plateforme de l’État, elles peuvent être utilisées. C’est fondamental de le comprendre.»
Est-ce à dire que la protection de nos données personnelles de santé est menacée? Pas tout à fait, explique le président de l’AMMD. Les documents restent dans «un cercle de confiance» luxembourgeois mais il y a d’abord plus de 30.000 personnes qui ne sont pas sous l’autorité de la CNS et à peu près autant de personnes qui changent de pays chaque année et qui ne peuvent plus raisonnablement emporter leurs documents de santé parce qu’ils ne sont pas «signés», autrement dit authentifiés.
«Nous sommes un pays ouvert et il faut que les patients frontaliers qui vont parfois voir des médecins ici et des médecins dans leur pays de résidence puissent s’y retrouver», explique-t-il encore. «Le public n’est pas franchement informé que ses données sont en accès libre pour l’État au nom de considérations de santé publique, mais cela relève des libertés fondamentales. Les données ne devraient être qu’à la disposition du patient. La situation actuelle m’horripile!»
Quant au paiement instantané direct, le process mis en place par la CNS n’est pas non plus satisfaisant aux yeux de l’AMMD. «Il faudrait que le patient soit informé de ce qu’il doit payer, qu’il transmette à la CNS pour qu’elle rembourse sa part et que s’il y a un solde qui doit être pris en charge par une assurance complémentaire, cela puisse être réglé aussitôt. Nous étions favorables à l’intégration d’autres prestataires comme les assureurs. Mais notre idée n’a pas été retenue.»
D’ailleurs, dit-il encore, quand la pandémie de Covid est arrivée, tout se passait bien entre la ministre, la CNS et l’AMMD. A posteriori, «je me demande si tout s’est bien passé parce que la ministre pensait que nous ne parviendrions pas à faire ce que nous avions annoncé…», conclut-il, pensif.