Il est «so cute», avec sa bonne bouille, avec sa manière de rater sa bouche quand il mange sa purée de carottes, dans sa tenue rose de petit rat de l’opéra. Il «faut» absolument partager cela avec sa famille, ses amis, ses proches, ou même avec tous ceux qui pourraient «liker» ces photos, ces vidéos ou ces informations.
175.000 enfants se connectent à internet chaque jour pour la première fois, soit un toutes les demi-secondes, selon l’Onu, mais un enfant sur trois est né sur les réseaux sociaux… avant d’être né.
De plus en plus de parents publient une photo de la première échographie sur Instagram ou de la grossesse sur Facebook.
Avant qu’ils aient atteint l’âge de huit ans, 90% des enfants ont déjà fait l’objet de publications par leurs parents. En 2016, assurait qu’en moyenne jusqu’au cinquième anniversaire, les parents avaient publié 300 photos par an, soit 1.500 à ce moment-là, un chiffre en augmentation annuelle de plus de 50%(!).
Plus d’une photo sur deux, toujours selon cette étude, était publiée sur Facebook, et potentiellement vue par quelqu’un qui n’était pas vraiment un ami, lequel autorisait encore pour 20% ses propres «amis» à voir les contenus qu’il likait.
Sur le réseau social de partage de photos Instagram, qui appartient aussi à Facebook, on dénombre 169 millions de photos avec le hashtag #baby, 63,7 millions avec #babygirl, 51,1 millions avec #babyboy, 14,9 millions avec #bebe ou 12 millions avec #pregnancy.
Des archives pour toujours
«L’histoire d’un enfant est écrite pour lui avant qu’il ait l’occasion de la raconter lui-même», , sans même évoquer les risques liés à la pédophilie. «Imaginez un enfant qui a des problèmes de comportement, des difficultés d’apprentissage ou une maladie chronique. Maman ou papa veulent naturellement discuter de ces luttes et demander de l’aide. Mais ces publications sont diffusées sur internet, et pourraient être découvertes par les responsables des admissions dans les collèges et les futurs employeurs, amis et prospects romantiques.»
Selon l’étude de Microsoft publiée mercredi 9 octobre et menée auprès de 12.520 personnes dans 25 pays, 42% des adolescents déclarent avoir un problème avec la publication par leurs parents de leurs nouvelles sur les médias sociaux: 11% disent que c’est un gros problème. 14% déclarent que le niveau d’inquiétude est moyen, et 17% le considèrent comme un problème mineur.
«Les deux tiers (66%) des adolescents déclarent avoir été victimes d’au moins un risque en ligne à un moment donné, le même pourcentage craignant qu’une expérience en ligne négative similaire ne leur arrive à nouveau», dit le rapport.
À qui s’adressent-ils en cas de problème? À leurs parents dans quatre cas sur cinq, suivis des enseignants loin derrière (49%) et des autres adultes, athlètes et célébrités (22%), 17% et 15%, respectivement.
Un adolescent sur deux préoccupé
Près de la moitié (48%) des adolescents ont déclaré avoir pris contact avec un parent pour lui faire part de leurs préoccupations concernant les activités en ligne. Une hausse de 6 points par rapport à 2018. Il y a à peine deux ans, moins de 10% des adolescents ont déclaré avoir demandé l’aide d’un adulte pour faire face aux risques en ligne.
Les parents ne devraient pas «en révéler trop par inadvertance, y compris les noms et prénoms réels des enfants, les âges, les dates de naissance, les adresses domiciliaires, les noms de jeune fille de la mère, les équipes sportives préférées, ou les noms d’animaux domestiques. D’une part, ces informations personnelles personnellement identifiables peuvent être utilisées à mauvais escient dans des schémas d’ingénierie sociale en ligne, regroupées pour faire en sorte que les enfants et les autres jeunes soient la cible d’une fraude ou d’un vol d’identité en ligne, voire dans des cas extrêmes, une tentative de «séduction en ligne» (le grooming).