En attendant les lancements, au troisième trimestre, SES se lance dans un programme de rachat d’actions pour rassurer les actionnaires confrontés à un cours le plus bas de son histoire et un dividende amputé de deux tiers en six ans. (Photo: SES)

En attendant les lancements, au troisième trimestre, SES se lance dans un programme de rachat d’actions pour rassurer les actionnaires confrontés à un cours le plus bas de son histoire et un dividende amputé de deux tiers en six ans. (Photo: SES)

En marge de ses résultats trimestriels, SES a annoncé ce jeudi matin un programme de rachat d’actions qui pourra aller jusqu’à 100 millions d’euros. Une manière de soutenir le cours, bas comme jamais auparavant.

SES n’a pas de «chance». Elon Musk n’est pas seulement un génie visionnaire à l’univers qui mélange voitures de sport électriques, fusées réutilisables, batteries de stockage d’électricité personnelles ou conquête de Mars. Le CEO de SpaceX et Tesla est aussi un as de la communication qui a su faire de chaque lancement d’un Falcon et de ses petites sœurs des événements suivis en live par toute la planète.

Depuis que l’Américain s’est lancé dans la constitution d’une constellation de satellites à basse orbite pour devenir aussi un fournisseur de connectivité, Starlink matraque et matraque encore sur son intérêt. Forcément, pour le leader mondial des opérateurs de satellites et sa future constellation O3b mPower, qui a dû fortement s’endetter pour se renouveler et donc amputer le dividende versé en 2015-2016 de deux tiers (de 1,34 en 2016 à 0,40 aujourd’hui pour la classe A), ça passe mal.

Il y a un mois, le cours des actions de SES a atteint son plancher historique, à 5,35 euros (6,09 euros aujourd’hui), contre plus de 34 euros il y a exactement six ans.

Le CEO de la société, Steve Collar, tente aujourd’hui un «dernier» coup de poker calculé en annonçant, à l’occasion des résultats trimestriels, un programme de rachat d’actions pouvant aller jusqu’à 100 millions d’euros, jusqu’à 12 millions d’actions A (sur 383 millions) et 6 millions d’actions B (sur 191 millions) – pour respecter les équilibres entre les deux types d’investisseurs qui protègent les intérêts de l’État luxembourgeois. Ces actions seront détruites, dit aussi le plan, ce qui est aussi une manière de rassurer les actionnaires qui resteront. Ceux qui partiront ou qui céderont une partie de leurs actions pourront ainsi récupérer par ce biais ce qu’ils n’ont pas eu via le dividende en attendant des jours meilleurs.

Et les jours meilleurs arrivent, assure le CEO entre les lignes. «Le programme de rachat d’actions reflète notre confiance dans les fondamentaux à long terme de l’entreprise. Le cours actuel de l’action ne reflète pas la valeur sous-jacente de SES et ce programme représente une opportunité intéressante de déployer des capitaux pour le bénéfice optimal de nos actionnaires», explique le Britannique. «SES occupe une position unique avec des investissements ciblés et différenciés pour capter la croissance exponentielle de la demande de connectivité. Cela devrait alimenter la croissance future du chiffre d’affaires et de l’Ebitda avec un flux de trésorerie solide, encore amélioré par des dépenses en capital significativement plus faibles, ainsi que le produit de notre initiative en bande C.»

Le chiffre d’affaires de 436 millions d’euros pour un Ebitda ajusté à 268 millions d’euros est conforme aux prévisions prudentes du groupe. Et, surtout, plus de 85% des revenus sont déjà sécurisés (1,76 à 1,82 million d’euros).

Les satellites qui seront lancés au second semestre (SES17 et les premiers O3B mPower) ont généré 740 millions de dollars (181 millions depuis le début de l’année), dont 65% sont totalement sécurisés. Et la société devrait être dans les clous de ses engagements pour libérer la bande C aux États-Unis, indispensable pour lancer la 5G, ce qui lui ramènera un premier milliard de dollars cette année et trois autres milliards fin 2023.

À 6 euros l’action, le consensus était «vert»: neuf des analystes invitent à acheter, quatre à conserver et un seul à alléger.

La meilleure communication restera, finalement, le lancement des satellites en fin d’année. Un lancement à vivre en streaming… chez SpaceX, dont SES est un partenaire depuis les premières heures.