SES a nommé deux nouveaux administrateurs, Ellen Lord, ancienne sous-secrétaire d’État à la défense, et John Shaw, ancien commandant adjoint de l’US Space Force. (Photo: US Defense/US Space Force/Montage: Maison Moderne)

SES a nommé deux nouveaux administrateurs, Ellen Lord, ancienne sous-secrétaire d’État à la défense, et John Shaw, ancien commandant adjoint de l’US Space Force. (Photo: US Defense/US Space Force/Montage: Maison Moderne)

Avant l’AG du 2 avril, la discussion se poursuit entre SES et un de ses actionnaires, le fonds activiste américain Appaloosa, qui veut davantage de retour sur investissement: l’entreprise luxembourgeoise a nommé deux administrateurs, en cherche un troisième au profil recommandé par le fonds pour l’an prochain, et réduira son board à neuf administrateurs.

SES a pris les «recommandations» du fonds activiste américain Appaloosa très au sérieux. Dans un communiqué, le leader mondial de la communication par satellite au chiffre d’affaires supérieur à 2 milliards d’euros, indique avoir nommé deux nouveaux administrateurs:

- Ellen Lord, ancienne sous-secrétaire américaine à la Défense chargée des acquisitions et du maintien en puissance du Département de la Défense des États-Unis et qui possède une expérience de conseil d’administration auprès de sociétés cotées et non cotées, notamment Voyager Space Holdings Inc., la National Defense Industrial Association et la Defense Technology Initiative.

- John Shaw est un ancien commandant adjoint de l’US Space Force et premier commandant du Commandement des opérations spatiales de l’USSF et du Commandement de la composante spatiale des forces combinées.

Un double «recrutement» auquel s’ajoutera, juste avant ou juste après l’assemblée générale de 2026, celui d’un nouvel administrateur, en «ajoutant une expertise supplémentaire dans les marchés de capitaux». À ce moment-là, le conseil d’administration sera réduit de 11 à 9 membres. Deux des points réclamés par le fonds américain qui, selon nos calculs, détiendrait pour environ 145 millions de dollars d’actions de SES (7%) à leur valeur d’aujourd’hui.

Aucune modification du dividende ni de structure

Pas question en revanche de modifier pour l’instant le dividende que SES verse à ses actionnaires. «La résolution 21 est inutile et vise à priver le conseil et la direction de la société de la flexibilité essentielle pour gérer les affaires et les liquidités de la société dans le meilleur intérêt de la société, de ses actionnaires et des autres parties prenantes», dit la réponse, qui ajoute que le dividende sera augmenté dès qu’elle atteindra son objectif de levier net (dette nette ajustée sur Ebitda ajusté) inférieur à trois fois dans les 12 à 18 mois après la clôture de la transaction avec Intelsat. Elle précise aussi que depuis 2021, le rendement total pour les actionnaires s’élève à 1,2 milliard d’euros, soit «plus de 100% de son flux de trésorerie disponible ajusté sur la même période».

SES analyse aussi la demande d’Appaloosa comme une idée qui «privilégie l’augmentation de la rémunération des actionnaires à court terme et ignore la nécessité pour le conseil d’administration de faire preuve d’agilité pour réagir à un environnement macroéconomique et concurrentiel en constante évolution, susceptible de compromettre la trajectoire de l’entreprise et sa croissance future à long terme. Notre stratégie équilibre les investissements stratégiques, censés stimuler la croissance à long terme et générer des flux de trésorerie durables, conformément à notre seuil de TRI établi de 10%, avec une approche de la rémunération des actionnaires qui réponde aux priorités d’allocation du capital de l’entreprise.»

Pas question non plus de modifier la structure du capital en réduisant le poids de l’actionnariat de l’État luxembourgeois, connu des investisseurs avant qu’ils ne décident d’investir dans la société, actionnariat bien présent au board mais qui ne peut «dicter la stratégie» et n’entrave pas «la capacité de la direction à mettre en œuvre la stratégie de croissance rentable» de SES.

L’action orientée à la baisse, signe de la solitude d’Appaloosa

Calmé Appaloosa (1 milliard dans Alibaba, 570 millions dans Amazon ou 519 dans Pindoduo, par exemple)? Non, pas vraiment. Le fonds a aussitôt réagi, dans un deuxième communiqué. S’il se félicite que «les premières mesures prises par le conseil de SES pour moderniser sa structure sont attendues depuis longtemps et n’ont été prises qu’à la suite de la pression exercée par les actionnaires», il relève que «bien davantage peut et doit être fait, et ce avec un sentiment d’urgence plus grand que celui que révèle l’incrémentalisme du conseil. Plus précisément, l’ajout d’un administrateur ayant une expérience des marchés financiers devrait être une priorité, car nous pensons qu’une telle nomination pourrait inciter SES à enfin commencer à s’attaquer à ses pratiques peu performantes d’investissement en capital et à restituer de la valeur aux actionnaires. De même, les autres mesures relatives au conseil, à la structure du capital et à la gouvernance décrites dans les résolutions que nous proposons ne sont pas moins urgentes. Les actionnaires devraient être déçus que le conseil n’ait même pas autorisé un vote sur nos propositions relatives à la structure du capital et à la gouvernance.»

À la mi-journée, ce mercredi, le cours était en chute à 5,39 euros, ce qui semble indiquer que le marché a bien compris la fermeté de l’entreprise et du Premier ministre, (CSV), mardi après-midi à la Chambre des députés, interrogés par l’ex-ministre de l’Économie, (LSAP).

Le 2 avril à Betzdorf, outre la double nomination, l’assemblée générale devra aussi renouveler les mandats de Peter Van Bommel (vice-président), de et . Quatre autres mandats doivent être renouvelés l’an prochain, dont celui du président Frank Esser (plus Kaj-Erik Relander, Jacques Thill et Anne-Catherine Ries), au moment où le nombre d’administrateurs devrait passer de 11 à 9, avec les deux Américains qui ont une importance symbolique pour le développement de SES, surtout dans son axe gouvernemental.