Au côté de son directeur financier, Sandeep Jalan, le CEO de SES, Steve Collar, a réinscrit la barre des 2 milliards d’euros dans la fourchette haute des revenus attendus en 2023. (Photo: Maison Moderne/Archives)

Au côté de son directeur financier, Sandeep Jalan, le CEO de SES, Steve Collar, a réinscrit la barre des 2 milliards d’euros dans la fourchette haute des revenus attendus en 2023. (Photo: Maison Moderne/Archives)

Le leader mondial des opérateurs de satellites a manqué de peu la barre des 2 milliards d’euros de revenus l’an dernier. Avec un Ebitda inférieur à 1,12 milliard et une perte nette de 34 millions d’euros, il n’est pas parvenu à rassurer les analystes. 2023 et 2024 s’annoncent plus positives.

C’était le jeudi 26 février 2015, mais tout le monde l’a oublié. Comme tous les ans, SES avait calé à la fois la conversation avec ses investisseurs, les analystes puis le rendez-vous avec la presse, pour la publication de ses résultats annuels. La pépite luxembourgeoise avait passé le cap des 2 milliards d’euros de revenus pour la première fois de son histoire, en grande partie grâce à la vidéo qui représentait encore les deux tiers de ses revenus.

Huit ans plus tard, il s’en est fallu d’un cheveu, 56 millions d’euros exactement, pour que le leader mondial des opérateurs de satellites ne renoue avec cette barre fatidique des deux milliards de revenus entrés dans l’imaginaire collectif de ses investisseurs les plus fidèles… mais dans une configuration complètement différente: la vidéo est tout juste restée au-dessus du milliard (1,02). Près de 300 millions d’euros de recette ont disparu depuis le dernier résultat supérieur à 2 milliards d’euros en 2018.

Aujourd’hui, le segment Networks, «réseaux» en français, s’impose comme la locomotive de besoins de connectivité grandissants. Et si la composante «fixed» est relativement stable sur cinq ans, les parties «mobilité» et «government» s’envolent à 260 millions et 498 millions d’euros sur la même période. Mais sur l’année, seule la première est en augmentation de 13,4%, qui témoignent combien les avions et les bateaux veulent pouvoir fournir de la connectivité à des clients qui ne supportent plus d’en être privés.

Perte nette de 34 millions d’euros

Sur la partie gouvernementale, le retrait d’Afghanistan à l’automne 2021 a mis fin à un certain nombre de contrats, ce qui explique une baisse sur un an de 4,6%, mais le meilleur est à venir. L’intégration de DRS GES, achetée 443 millions de dollars à Leonardo, permettra au groupe luxembourgeois d’enregistrer environ 50% de ses revenus Networks de la partie gouvernementale.

Les analystes préfèrent retenir qu’ils avaient anticipé un excédent brut d’exploitation ajusté (Ebitda) à 1,12 milliard et que ce chiffre est resté à 1,105 milliard d’euros, un peu au-dessus de la fourchette comprise entre 1,03 milliard et 1,07 milliard d’euros ciblée par SES elle-même. D’autant que SES a enregistré une perte nette de 34 millions d’euros contre un bénéfice de 453 millions d’euros l’année précédente, avec un bénéfice net ajusté de 189 millions d’euros.

«J’ai été ravi de me joindre au ministre luxembourgeois de la Défense pour l’annonce du programme MEO Global Services qui, après approbation parlementaire, devrait engager jusqu’à 195 millions d’euros (sur dix ans, ndlr) pour les services O3b mPOWER afin de soutenir le Luxembourg et ses partenaires», a aussi commenté le CEO de SES, . «Cela souligne les solides références d’O3b mPOWER pour fournir des solutions satellitaires fiables, souveraines et sécurisées, notant l’approbation d’Iris2 par le Parlement européen et nous nous réjouissons de poursuivre un engagement productif avec la Commission.»

D’O3b mPower à Iris 2 et Eagle-1, SES dans tous les coups

Quand le premier contrat sera signé, avec les autorités luxembourgeoises, dans le cadre d’un plan de l’Otan, cela ouvrira la voie à un deuxième contrat, avec les États-Unis, d’un montant substantiellement plus important, avaient indiqué (déi Gréng) et l’ambassadeur des États-Unis au Luxembourg, , à l’automne dernier. Et l’espoir encore peu formulé est qu’ensuite, d’autres États membres de l’Otan qui n’ont pas de solution achètent eux aussi des capacités sur O3b mPower via l’Agence logistique de l’Alliance. Six nouveaux satellites de nouvelle génération seront encore lancés cette année et les trois autres l’an prochain.

«Iris2», pour «Infrastructure for Resilience, Interconnectivity and Security by Satellite», est le nom de la constellation européenne «souveraine», qui devrait être opérationnelle en 2027 et à laquelle les Européens entendent consacrer 6 milliards d’euros, dont 2,4 milliards d’euros provenant du budget de l’UE, auxquels doivent s’ajouter 750 millions d’euros de l’Agence spatiale européenne, le reste devant être apporté par le secteur privé. SES est engagée dans ce projet et dirige même Eagle-1, le premier système européen de distribution de clés quantiques à basse orbite, un élément ultrasensible pour assurer la sécurité des communications.

3 milliards de dollars de clearing en fin d’année

Premier satellite à ultra-haut débit, SES17 est devenu pleinement opérationnel depuis juin et avec la constellation O3b mPower, ces satellites les plus puissants et les plus agiles du marché ont déjà enregistré plus d’un milliard d’euros de commandes. Au total, le groupe indique avoir sécurisé 2,2 milliards d’euros de backlog sur la partie «Network» et 2,6 sur la partie «Video» sur les années à venir.

2022 a aussi été marquée par les lancements de SES20, SES21 et SES22, qui devraient permettre de finaliser le clearing de la bande C américaine (utilisée pour la 5G américaine), ce qui devrait se traduire par la récupération des 3 milliards de dollars en fin d’année.

Enfin, le groupe a proposé un dividende de 0,50 euro. Encore loin du 1,30 euro de 2015, mais SES est entrée dans une nouvelle ère.