C’est un rapport qui sonne comme un avertissement: «Dans les cinq prochaines années, on assistera à l’amazonisation des services financiers européens, c’est-à-dire le transfert du pouvoir vers le consommateur via des phénomènes de plate-forme.»
Ce rapport, c’est Luxembourg for Finance (LFF) qui l’a commandé à PwC Luxembourg pour cerner le paysage de la finance européenne à cinq ans.
Le document, dont les résultats ont été communiqués en primeur à Paperjam, pointe trois grandes tendances dominantes pour les acteurs de la finance en Europe pour les cinq prochaines années: l’amazonisation, l’intégration et le développement de la finance durable et la multipolarisation des centres financiers européens.
«Nous voyons ce rapport comme un constat et un appel à la fois vers les acteurs du secteur financier et les autorités», commente , CEO de LFF. «Si l’Europe veut jouer un rôle de premier plan à l’avenir, les autorités vont devoir agir dans ce sens.»
1. Amazonisation de la finance
Le rapport observe que les nouvelles plates-formes en ligne deviendront l’interface client dominante pour le secteur des services financiers en Europe. Comme sur la plate-forme géante de vente en ligne, les clients pourront bientôt s’informer, comparer et choisir les produits financiers qui correspondent le mieux à leurs besoins sur de véritables places de marchés qui rassembleront le plus grand nombre de produits possibles.
«Cette évolution est liée à l’apparition de néobanques, de nouvelles formes de fournitures de services, mais aussi de réglementations européennes qui poussent à plus de transparence», observe Nicolas Mackel.
L’étude note dès lors que les banques européennes devront rapidement évoluer vers des fournisseurs de solutions complètes et des guichets uniques répondant aux besoins financiers spécifiques de leurs clients. Ils devront aussi accepter de proposer des produits de leurs concurrents à côté des leurs pour capter le client.
2. Développement de la finance durable
La tendance verte est montée en puissance à l’agenda des décideurs du secteur financier européen depuis la conférence de Paris sur le climat, fin 2015. L’étude y voit un enjeu avant tout pour les acteurs de la gestion d’actifs et de la gestion de patrimoine, qui devront tenir compte des nouvelles exigences de leurs clients, notamment les jeunes générations, pour des investissements correspondant aux critères ESG (environnement, social et gouvernance).
«C’est un message qui vise à nouveau l’ensemble des acteurs européens et pas seulement le Luxembourg», poursuit le CEO de LFF. «On voit que ces préoccupations, qui doivent assurer notre avenir, sont de plus en plus prises en compte dans le raisonnement. Mais cela ne s’est pas encore suffisamment traduit en actions. Il faut accélérer.»
3. Multipolarisation des centres financiers européens
Une fois le Brexit entériné, la Place de Londres perdra de son importance. Elle restera évidemment une grande place financière, mais plus «la» Place mondiale autour de laquelle tournent d’autres Places régionales ou nationales européennes. «Des Places comme Paris, Francfort, Milan, Luxembourg ou Amsterdam vont prendre de plus en plus d’importance pour créer un paysage multipolaire de la finance», explique Nicolas Mackel.