Il y a environ cinq ans a germé l’idée de faire construire une serre sur le toit de l’IFSB. Un projet innovateur auquel , le directeur de l’IFSB, tenait beaucoup. Il a trouvé sa concrétisation dans la construction de Fresh, une serre d’environ 400m², sur deux étages, pour un volume d’environ 2.700m³, qui est actuellement en cours de finalisation. Ce projet est cofinancé par le ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable (via le Fonds Climat et Énergie), ainsi que par le programme Interreg North-West Europe (NWE). Il bénéficie aussi du partenariat d’ArcelorMittal Luxembourg pour la partie technologique sur la structure en acier, doublé d’une approche “low carbone” importante à la fois dans le projet et chère à ArcelorMittal. D’autres partenaires, tels que Gembloux Agro-Bio Tech – Université de Liège, Groupe One, Deforche Construct, Betic Ingénieurs-Conseils, Steinmetzdemeyer architectes urbanistes, Ney & Partners, Neobuild et COCERT, sont aussi impliqués.
«Fresh a une vocation à la fois démonstrative et pédagogique», explique Bruno Renders. «C’est aussi le plus grand projet du , qui vise à démontrer qu’il est possible de mener une activité maraîchère hors-sol tout en réduisant les émissions en CO2 d’un bâtiment.» Un projet qui entre également dans la aussi bien que dans celle de l’économie circulaire.
Une construction hautement technologique
Plus qu’un simple tunnel en plastique sous lequel poussent des légumes, Fresh est une véritable construction dont la conception architecturale a été confiée à Steinmetzdemeyer. C’est aussi un concentré de technologie qui permet de mesurer de nombreux paramètres et d’interagir avec le bâtiment sur lequel la serre est posée. «Il y a une réelle cohabitation entre la serre et le bâtiment», explique Bruno Renders. «Les deux interagissent avec un apport mutuel, dans une économie collaborative. Cette serre, c’est un peu d’agriculture et beaucoup de technologie!» Car en plus de permettre une activité maraîchère hors-sol, la serre capte grâce aux végétaux le CO2 émis par le bâtiment. Il y a aussi un échange au niveau de l’énergie solaire et avec le système de ventilation du bâtiment. L’eau de pluie est récupérée, tout comme les déchets organiques, qui servent à la production d’énergie.
«À l’avenir, il existera très certainement des taxations sur les émissions de carbone des bâtiments. Avec Fresh, nous anticipons cette problématique et faisons dès maintenant la démonstration qu’il est possible de réduire ces émissions et, par conséquent, la facture, grâce à une serre de toit. Une telle installation devrait permettre d’économiser 45 tonnes de CO2 par an. C’est peu, me direz-vous, mais un tel projet fonctionne par son effet multiplicateur», précise le directeur de l’IFSB.
Un modèle durable
La construction de la serre, dont la structure est en acier, a été finalisée courant juin et les premières plantations vont avoir lieu pendant l’été. Au cours de son exploitation, la serre fera aussi l’objet de nombreuses mesures et études. «L’objectif est de montrer que la serre fonctionne techniquement, mais aussi qu’elle répond à un business model durable. Car si des subsides existent pour la construction, il n’y en a pas par la suite pour l’exploitation. Il faut donc que la serre soit rentable pour qu’elle soit durable», affirme Bruno Renders.
La serre reste évolutive aussi bien au niveau de sa technicité que de la technologie ou de son usage. Dans un premier temps, des légumes à feuilles et des fruits (tomates, poivrons, légumes oubliés) et des herbes aromatiques seront cultivés en hydroponie et exploités par un professionnel (Les Paniers de Sandrine). Mais les cultures peuvent évoluer dans le temps et avec l’expérience. Dans le cas de Fresh, les légumes seront utilisés par le restaurant d’entreprise situé juste en dessous de la serre et destinés à la vente en circuit court. Mais il serait possible d’y faire pousser autre chose, notamment des végétaux fonctionnels comme des algues ou des végétaux pour la construction.
Encore des obstacles à lever
Si, au premier abord, tout semble concorder pour que cette proposition soit la réponse optimale à l’utilisation d’un espace perdu qu’est normalement une toiture, au niveau législatif, Bruno Renders reconnaît que «tout n’est pas encore à 100% prêt, mais cela avance». «Il faut dire aussi qu’implanter la serre dans une zone d’activité économique est moins contraignant qu’en centre-ville, ce qui nous a facilité la tâche. Pour autant, nous avons essayé de pousser au maximum les paradigmes pour l’exemple, comme en permettant de faire un black-out pour limiter la pollution lumineuse.»
Ce projet est pour le moment expérimental, mais son activation à l’échelle 1 va permettre de faire les ajustements nécessaires ouvrant par la suite la voie à une multiplication de l’expérience. Après avoir été innovant il y a 20 ans avec un bâtiment bas carbone, l’IFSB poursuit son rôle de pionnier avec ce projet de serre.