Le président du conseil d’administration, Serge Allegrezza, livrait ce mardi sa dernière analyse des comptes de Group Post. (Photo: Maison Moderne)

Le président du conseil d’administration, Serge Allegrezza, livrait ce mardi sa dernière analyse des comptes de Group Post. (Photo: Maison Moderne)

Serge Allegrezza a bouclé sa dernière année en qualité de président du conseil d’administration de Group Post avec de très corrects résultats dans un marché très compliqué: un chiffre d’affaires à 978 millions d’euros (+1%) pour un résultat opérationnel en baisse de 10%, mais un bénéfice à 50 millions d’euros.

«Post va devoir se battre beaucoup plus qu’avant.» Ce mardi matin, Serge Allegrezza a quitté son magnifique bureau au cinquième étage d’Helix pour rejoindre, dix mètres plus loin, la très confidentielle salle du conseil… où il n’a pas pu prendre sa place habituelle pour livrer à la presse les résultats du groupe en 2024 avant de céder son fauteuil de président du conseil d’administration. «Ces 22 années sont passées si vite», reconnaît celui qui a toujours su préserver sa liberté de ton. «Post a beaucoup évolué et l’avenir sera plus challenging. Surtout que les gens qui travaillent chez nous ont la sécurité de l’emploi et sont soit reclassés soit à nouveau formés au fur et à mesure des changements. Ce sont des coûts que d’autres entreprises n’ont pas à supporter. Face aux énormes défis, l’entreprise a de nombreuses qualités à faire valoir, une expérience client et l’innovation. Je souhaite à mon successeur et à l’équipe en place tous les succès.»

Nul doute que , qui va lui succéder, aura saisi le message.

Une heure plus tôt, le futur ex-président du CA avait surtout insisté sur la nouvelle période d’incertitude qui s’ouvre, en pointant particulièrement . De quoi offrir des solutions de souveraineté à un continent qui va forcément en chercher de plus en plus au fur et à mesure que les incertitudes géopolitiques menacent, que les cyberattaques se multiplient, que la place financière, la santé et la défense se digitalisent.

1% de hausse des revenus

Post n’atteindra pas le milliard d’euros de chiffre d’affaires cette année: avec une hausse de 1%, il passe à 978 millions d’euros, principalement soutenu par les résultats de Post Telecom (518 millions d’euros, +1,7%) dans une année marquée par le regroupement de quatre entités (EBRC, Elgon, Digora et le B2B de Post Telecom) derrière la nouvelle marque Deep, dotée de 750 des 4.518 employés du groupe.

Si le résultat opérationnel baisse de 10% à 170 millions d’euros, le bénéfice net reste à 50 millions d’euros (contre 57 millions l’an dernier), «tout à fait considérable et qui nous donne assez de cash pour continuer à autofinancer nos investissements à 131 millions d’euros tout en payant un dividende de 15 millions d’euros», dit encore M. Allegrezza.

Post Finance, portée par des taux d’intérêt élevés, a vu son chiffre d’affaires augmenter de 15,7% à 76 millions d’euros, avec 9.493 nouveaux clients particuliers en B2C – sans que l’entreprise puisse déterminer vraiment le nombre de clients venant d’ING dans un pays multibancarisé – et 413 nouveaux clients en B2B. Après l’amende de 150.000 euros par la CSSF au premier trimestre 2024, Post a mené un certain nombre d’efforts en matière de conformité réglementaire, avec la mise à jour des dossiers de plus de 140.000 clients. Le rapport annuel dit aussi qu’un nouveau poste de head of compliance a été créé, ainsi qu’un département «Onboarding and KYC».

Le PackUp Home trouve sa clientèle

Côté postal, si le volume des lettres continue de diminuer à 93 millions (contre 97 il y a un an) et celui de l’activité logistique a chuté de 22 à 12 millions d’euros, le volume des colis qui sont distribués par l’entreprise luxembourgeoise atteint un nouveau record à 8,4 millions. La nouvelle offre «PackUp Home», qui permet à un client de donner un autre point de livraison de ses colis, a trouvé sa clientèle, puisque 105.000 clients sont enregistrés… ce qui a réduit le pourcentage de colis avisés (à aller chercher chez Post) de 9,5% en 2022 à 2,9% l’an dernier.

«La dynamique pour 2025 est plus incertaine avec un taux directeur en baisse, un ralentissement de l’activité économique et une pression accrue sur les coûts», a conclu le directeur général de Post Luxembourg, Claude Strasser. Mais l’entreprise continue de se réinventer: un nouveau projet de livraison par drone avec les Hôpitaux Robert Schuman et les Laboratoires réunis devrait être présenté cet été et un autre projet autour de la voiture autonome devrait aussi voir le jour. Pour la 6G, «c’est trop tôt! Nous avons une veille réglementaire qui s’intéresse à la manière dont tout cela va être paramétré», a-t-il dit.

À l’inverse, presque indifférente à la procession dansante de la Commission européenne autour des obligations de reporting, Group Post présente déjà depuis deux ans un rapport CSRD comme il pourrait lui être demandé. Près de 90 pages qui auscultent l’opérateur historique sous toutes les coutures: 94% des déchets sont déjà valorisés; 151.234 tonnes de CO2 équivalents des scopes 1, 2 et 3 ont été émis l’an dernier; 75% de l’effectif est couvert par une convention collective; deux tiers des collaborateurs sont allés en formation, en moyenne 26 heures par personne et, contrairement à ce qu’on aurait pu imaginer à l’ère de l’intelligence artificielle, la consommation électrique – couverte par des certificats verts ou par de l’énergie renouvelable – a reculé de 2% à 127GWh.